Enjeux

Enjeux

Des espèces tributaires du maintien des cavités sur les bâtiments

De nombreuses espèces nichent, se reproduisent et s’abritent sur ou dans les constructions. Elles utilisent les anfractuosités des murs, comme les fissures, les joints non bouchés, les cavités telles que les trous de boulins, les coffres de volets, les espaces sous les tuiles, ou encore les greniers et les combles lorsqu’elles dénichent un accès.

Parmi ces espèces, de nombreux oiseaux comme le Moineau domestique, l’Hirondelle de fenêtre ou encore le Martinet noir, mais aussi des chauves-souris telles que la Pipistrelle commune ou la Sérotine commune. Par ailleurs, des reptiles (Lézard des murailles, Tarente de Maurétanie) et des insectes vivent à l’abord des bâtiments et font partie intégrante de cet écosystème urbain.

Martinet noir - entrée Cavité à Orgères (35)

Martinet noir entrant dans une cavité © Quentin Vallerie

 

Déclin des espèces inféodées au bâti : un constat alarmant

D’après le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC), les populations d’oiseaux spécialisés des milieux bâti sont en chute libre.

L’étude réalisée révèle en effet une baisse d’un tiers des effectifs en trente ans ! Plus spécifiquement de 23,3 % pour l’Hirondelle de fenêtre et de 46,2 % pour le Martinet noir entre 2001 et 2019. Le Moineau domestique est également fortement impacté, notamment en Ile-de-France où 73 % de ces oiseaux ont disparu entre 2003 et 2016 (source : étude LPO et MNHN).

Graphique SPOC

 

Côté chiroptères, le constat est identique. Sur 6 espèces étudiées par le programme Vigie-Chiro (CESCO et MNHN), 4 sont en déclin. La population de Sérotine commune, qui utilise des gîtes principalement sous les toitures, est notamment en baisse de 30 % sur la période 2006-2019.

Pipistrelle commune

Pipistrelle commune © Philippe Jourde

 

En cause : des pressions anthropiques amenées à se densifier

La principale raison du déclin de ces espèces est la perte de leur habitat. Les travaux de rénovation énergétique, notamment l’isolation par l’extérieur qui bouche les cavités, les ravalements de façade ou encore le changement des coffres de volets en sont les premières causes. La destruction du bâti ancien entraîne aussi une perte d’habitats conséquente.  De même, les nouvelles constructions aux façades lisses réalisées dans le cadre de renouvellement urbain ne permettent pas aux oiseaux d’y fixer leur nid.

Le manque de ressources alimentaires, causé notamment par l’absence d’espaces végétalisés après les travaux, joue également un rôle prépondérant.

Ces espèces protégées, par la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature codifiée dans le code de l’environnement (articles L.411-1 et suivants), sont malheureusement peu prises en compte dans le cadre de travaux de rénovation. Pourtant, cette protection s’étend aux individus, aux œufs et aux sites de reproduction, quelle que soit la période de l’année. Les habitats sont donc protégés.

La France s’est lancé de nombreux objectifs dans le but de lutter contre les changements climatiques, ce qui va entraîner une massification des opérations de rénovation énergétique et de renouvellement urbain. Bien que ces opérations soient nécessaires, elles ne doivent pas se faire au détriment de la biodiversité. Il est donc impératif d’agir !

C’est pourquoi la LPO a lancé le projet Rénovation du bâti et biodiversité.

dernière mise à jour : 20 mars 2024