FAQ grippe aviaire

En raison des crises de grippe aviaire à répétition et des abattages massifs d’oiseaux d’élevage, tout oiseau sauvage trouvé mort est aujourd’hui suspecté d’être porteur du virus responsable.
Afin de renseigner au mieux le public, la LPO répond ci-dessous aux questions les plus fréquemment posées (FAQ) sur cette maladie des oiseaux.

FAQ grippe aviaire

En raison des crises de grippe aviaire à répétition et des abattages massifs d’oiseaux d’élevage, tout oiseau sauvage trouvé mort est aujourd’hui suspecté d’être porteur du virus responsable.
Afin de renseigner au mieux le public, la LPO répond ci-dessous aux questions les plus fréquemment posées (FAQ) sur cette maladie des oiseaux.

Qu’est-ce que la grippe aviaire ?

La grippe aviaire, ou grippe du poulet, est une infection due à un ensemble de virus de la famille des Orthomyxoviridae, propres aux oiseaux, qui comprend plusieurs genres dont Influenzavirus A, lui-même divisé en nombreux sous-types combinant deux protéines propres à l’enveloppe du virus, l’hémagglutinine (16 formes connues, notées H1 à H16) et la neuraminidase (9 formes connues, notées N1 à N9). Cette infection peut toucher presque toutes les espèces d’oiseaux, sauvages ou domestiques. Elle peut être fortement contagieuse, notamment chez les poulets et les dindes, espèces pour lesquelles la mortalité (morts/population) et la létalité (morts/malades) sont susceptibles d’être très élevées. Les Influenzavirus peuvent éventuellement infecter d’autres espèces animales comme le porc ou divers autres mammifères, dont l’espèce humaine. Chez les humains la grippe saisonnière est la conséquence d’une adaptation ancienne d’un Influenzavirus d’oiseau à Homo sapiens. La grippe humaine se propage indépendamment de la circulation des virus aviaires. Il existe un vaccin pour l’espèce humaine et d’autres pour les oiseaux d’élevage (commerciaux ou collections zoologiques).

La grippe aviaire a été décrite pour la première fois il y a plus d’un siècle en Italie, en 1878, d’où le nom « influenza » (influenza di freddo (« influence du froid »)) donné au virus. Des épizooties dévastatrices chez les volailles ont suivi la première guerre mondiale avec le développement de poulaillers de plus en plus grands dans de nombreux pays, y compris les USA et l’ouest de l’Europe. Des épizooties ont ensuite été régulièrement recensées dans le monde, sans passage aux humains, jusqu’à l’apparition en 1997 d’une souche du virus H5N1 en Asie. Pour la première fois, quelques passages directs des oiseaux aux humains ont été documentés. De 1997 à 2005, le H5N1 n'a pratiquement infecté que des oiseaux (volailles essentiellement) en restant confiné à l'Asie du Sud-Est, mais ensuite il s’est propagé en Europe et en Afrique à partir de 2005-2006. Des centaines de millions de volailles ont été abattues de manière préventive dans le monde, où moins de 200 cas humains ont alors été constatés, mais avec un taux de létalité supérieur à 60%, ce qui est exceptionnel. Le virus circule toujours et le bilan cumulé de 2003 à 2020 est aujourd’hui de 861 cas humains dont 455 décès.

Après la première vague de 2005-2006, quelques nouveaux passages de grippe aviaire ont été détectés en France associés à divers influenzavirus. Par exemple H5N1 et H5N2 dans des élevages en Dordogne en novembre 2015, H5N8 sur des oiseaux appelants captifs issus d’élevage dans le Pas-de-Calais en 2017. Les virus ont dû être apportés par des oiseaux sauvages porteurs.

Avant l’hiver 2021/2022, le dernier épisode épizootique européen datait de 2017-2018, lié aux virus H5N6 et H5N8 et concernait à 88,9 % des oiseaux domestiques. En multipliant massivement les virus, les grands élevages peuvent contaminer leur environnement proche mais aussi créer des conditions favorables à l’émergence de nouvelles souches, possiblement capables d’infecter des mammifères, dont les humains ou de passer vers les oiseaux sauvages.

 

Quels sont aujourd’hui les risques d’épidémies en France et dans les pays frontaliers et les outils de gestion ?

Après l’apparition de foyers en Russie et au Kazakhstan l’été 2021, l’épizootie a ensuite progressé vers l’ouest (Pologne, Allemagne, France, Hongrie, Roumanie, Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni, Irlande, Danemark, Suède), touchant majoritairement des élevages. Les souches concernées sont H5N8, H5N1, et H5N5.

Les autorités sanitaires (ministère chargé de l’agriculture) ont alors pris des mesures pour protéger les élevages en s’appuyant sur les textes réglementaires de référence pour la grippe aviaire. Comme une nouvelle vague épizootique est arrivée à l’automne 2021, avec une souche H5N1, il a fallu les remettre à jour. En ce qui concerne la surveillance des oiseaux sauvages, il existe une nouvelle instruction technique DGAl/SDSBEA/2021-855 datée du 12 novembre 2021 dont voici un résumé.

Résumé : Cette note présente les modalités de surveillance de l'influenza aviaire sur le territoire national, pour tous les niveaux de risque. L’Office français de la biodiversité (OFB) coordonne la surveillance nationale des oiseaux sauvages vis-à-vis de l’influenza aviaire via le réseau SAGIR. Le financement des analyses virologiques est assuré par l’OFB en application d’une convention avec la DGAL. Les directions départementales et régionales peuvent prendre connaissance des résultats via le tableau transmis par l’OFB au rythme défini en fonction du niveau de risque et mis à disposition sur l’intranet de la DGAl. Les résultats positifs en IAHP font l’objet d’une communication directe du LNR à la DGAL qui, après en avoir pris connaissance, informe l’OFB, la DDecPP, ainsi que le laboratoire agréé ayant réalisé l’analyse de criblage.

En cas de foyers diagnostiqués, les préfets des départements concernés prennent des mesures ciblées géographiquement et en accord avec ces textes.

La stratégie recommandée en cas d’influenza aviaire hautement pathogène consiste à éviter toute exposition au virus et à éradiquer le ou les foyers. En l’absence de transmission interhumaine avérée, ces stratégies de lutte reposent, chez l’homme, essentiellement sur le diagnostic, l’hygiène, l’éducation et la quarantaine et chez les animaux, sur les mesures d’abattage massif. Aucun marqueur génétique indiquant une adaptation aux mammifères n'a été identifié chez les virus analysés à ce jour, et aucune infection humaine due aux virus de la grippe aviaire n'a été détectée lors des récentes flambées

 

Faut-il avoir peur des oiseaux sauvages ?

Les oiseaux sauvages sont les hôtes naturels des virus grippaux, mais ils jouent un rôle encore mal cerné et probablement variable dans les mécanismes de propagation de ces virus, selon les espèces aviaires concernées et selon les souches virales en présence. Les ansériformes (canards, oies, bernaches, cygnes) et les charadriiformes (limicoles) pourraient être réservoir de nombreuses souches et migrer avec elles. En cas de souches très pathogènes, leurs capacités de déplacement pourraient néanmoins être affectées. Les espèces des autres ordres aviaires seraient nettement plus sensibles et jouent souvent le rôle de sentinelles, révélant la présence du virus mais sans rôle épidémiologique majeur dans son cycle. Ce seraient donc de mauvais vecteurs dans le mécanisme de propagation des influenza aviaires entre élevages, moins efficaces que les flux de marchandises (poulets congelés par exemple) et de personnes.

De fait, et jusqu’à la vague 2021-2022, les souches de grippe aviaire étaient le plus souvent relativement bénignes chez de nombreux oiseaux sauvages, alors qu’en revanche, elles pouvaient devenir beaucoup plus pathogènes chez les oiseaux domestiques élevés dans des conditions stressantes. Présents dans des populations élevées en forte densité, comme dans les unités d’élevages industriels, souvent eux-mêmes concentrés géographiquement dans des bassins de production, les virus ont la capacité de se multiplier et donc d’évoluer plus rapidement vers des formes hautement pathogènes.

Malheureusement la souche H5N1 qui circule depuis l’automne 2021, toujours présente en été 2022, ce qui est très inhabituel, fait aussi de gros dégâts dans de nombreuses colonies reproductrices d’oiseaux aquatiques, en particulier chez les oiseaux marins de l’Atlantique Nord (fous, laridés, alcidés). La visite de nombreuses colonies a été interdite pour protéger les oiseaux.

 

Que dois-je faire si je trouve un ou des oiseau(x) mort(s) ?

Dans tous les cas, ne touchez pas les cadavres.

Si plus de 3 oiseaux morts sont trouvés au même moment et au même endroit : contactez un agent de l'Office Français de la Biodiversité de votre département (https://ofb.gouv.fr/) qui vous indiquera la marche à suivre et relayera l'information à un correspondant du réseau SAGIR (Réseau national de surveillance sanitaire de la faune sauvage).

En situation à risque épidémiologique élevé, le seuil passe à 1 individu pour certaines familles d’oiseaux : les anatidés (canards, oies), rallidés (poules d’eau, foulques) et laridés (mouettes, goélands).

Pour le Cygne tuberculé, un seul cadavre est, partout et en tout temps, considéré suspect, du moins lorsqu’une cause évidente de mortalité n’est pas identifiée.

 

Peut-on continuer à récupérer les oiseaux vivants en détresse pour les amener en centre de soins ?

La LPO n’a pas eu de recommandations récentes, transmises par le ministère chargé de l’agriculture, concernant la prise en charge d’oiseaux en détresse. Celle-ci peut se poursuivre dans certaines conditions et avec des précautions particulières. Le tout afin de ne pas exposer au virus d’autres animaux en soins, dans les centres de sauvegarde de la Faune sauvage de France métropolitaine.

Attention néanmoins : actuellement, en raison de cas avérés détectés en centres de soins et suite à des décisions administratives, certains centres habilités ne sont pas en mesure d’accueillir des animaux en détresse ou certaines espèces comme les fous de Bassan, goélands et mouettes. Aussi, avant d'intervenir, nous vous conseillons de contacter le centre de soins le plus proche de chez vous : https://www.reseau-soins-faune-sauvage.com/ 

En cas de suspicion, nous recommandons à minima de ne pas toucher ni ramasser ces oiseaux. Prenez toujours conseils auprès d’un centres de soins et n'amenez donc pas ces derniers dans des centres de soins sous peine de risquer de contaminer les animaux en cours de soins.

Les mortalités constatées chez ces espèces doivent être signalées prioritairement à l’OFB, qui assure la surveillance épidémiologique, et aux services techniques de votre commune qui est chargé de la collecte des cadavres.

 

Peut-on continuer à nourrir les oiseaux en hiver ?

Les passereaux ne semblent pas concernés et sans recommandation particulière de l’administration, le nourrissage à la mangeoire reste autorisé, aux périodes préconisées par la LPO, avec toutes les précautions habituelles d’entretien de ses mangeoires et abreuvoirs.

 

L’élevage et le transport d’animaux posent-ils un risque ?

Les élevages d'animaux domestiques, les animaleries, les oiselleries et le trafic illégal d'oiseaux domestiques ou sauvages constituent des menaces de propagation de virus aviaires importantes. Un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) dans une animalerie de Haute-Corse nous l'a rappelé en 2020. En effet, deux autres foyers, en lien épidémiologique avec le premier, ont été confirmés dans des animaleries situées dans les Yvelines et en Corse du Sud.

Près de 20 millions d'oiseaux (perdrix, faisans, cailles et de nombreux canards) issus d'élevage de gibiers sont relâchés chaque année dans la nature. La LPO demande, à ce que soit renforcé le contrôle sanitaire des oiseaux d'élevage ou en captivité.

 

Les appelants utilisés pour la chasse posent-ils un risque?

Les appelants sont des oiseaux, pour l'essentiel des canards, élevés par des chasseurs et utilisés pour attirer leurs congénères sauvages. Ces élevages ne sont soumis à aucune déclaration ni aucun contrôle sanitaire sous un seuil déterminé par arrêté préfectoral ou en fonction du niveau de risque. Actuellement, les derniers arrêtés précisant les Zones de Contrôle temporaire font état d’un seuil de 30 oiseaux. Or, il s'agit là d'une pratique à risque puisque ces oiseaux sont régulièrement manipulés et en contact avec les oiseaux sauvages, facilitant ainsi la circulation potentielle de virus entre le cheptel domestique, l'avifaune sauvage et la population humaine, placés alternativement au contact d’oiseaux sauvages et en élevage. La LPO, a d'ailleurs demandé à ce que les élevages d’appelants soient recensés et intégrés aux réseaux de surveillance.

C’est ainsi que lorsque la France est classée en niveau de risque « élevé » au regard de l’influenza aviaire, il serait logique que la chasse au gibier d'eau avec appelants soit proscrite. Certains canards sauvages peuvent être porteurs sains.

 

Quelles sont les précautions à prendre si on élève des volailles chez soi ?

Dans les départements placés en risque élevé, au même titre que pour les élevages de professionnels, le ministère chargé de l’agriculture demande aux propriétaires de volailles d’appliquer, à minima, deux mesures afin d’éviter le contact des oiseaux d’élevages avec l’avifaune sauvage :

  • Confiner les volailles ou mettre en place des filets de protection sur votre basse-cour ;
  • Exercer une surveillance quotidienne de vos animaux.

 

Quelles sont les précautions à prendre si vous avez été en contact avec un oiseau mort ou vivant suspecté ou avéré ?

Ce sont les règles de biosécurité habituelles notamment pour limiter les risques potentiels si vous possédez des oiseaux domestiques ou de basse-cour :

  • Pas de visite du poulailler ni dans un élevage pendant 48h. Vos animaux personnels doivent être nourris par vos proches qui n’ont pas été en contact avec des oiseaux suspects/à risques ;
  • Se laver et changer de chaussures et de vêtements avant d’être en contact avec vos animaux domestiques.
dernière mise à jour : 9 janvier 2023