Créé à l’origine par la fédération Patrimoine Aurhalpin, « Le Printemps des cimetières » rencontre un succès grandissant avec la participation de près de 200 communes au niveau national. La 10e édition du Printemps des cimetières se déroulera les 16, 17 et 18 mai 2025 et le thème de cette année est “Faune, flore et biodiversité dans les cimetières”
L’occasion de vous parler de ces cimetières, partout en France, qui ont décidé de s’engager dans la démarche Refuges LPO. Et de vous en dire un peu plus sur les remarquables zones de protection de la nature que peuvent être ces lieux. Car depuis 2022, les cimetières, comme le reste des espaces publics, ne peuvent plus être désherbés avec des pesticides, ce qui a conduit certaines communes à entamer une réflexion de fond sur la place à accorder à la nature dans les cimetières communaux.
Ajoutés à cette absence de pollution chimique, signalons, que fermés le soir, exempts de présence humaine, de pollution sonore ou lumineuse, ces espaces sont des zones de calme pour la biodiversité !
Prolifération des surfaces imperméables, fragmentation et destruction d’habitat naturel, homogénéisation des espèces ou encore densité de population : dans l’état actuel les villes sont considérées comme des milieux pauvres et hostiles à la biodiversité ! Pourtant, les cimetières occupent parfois une surface conséquente : ainsi, à Paris, les cimetières intra-muros occupent 99 hectares, soit un peu moins d’un cinquième de la surface occupée par les parcs et jardins intra-muros. De nombreuses espèces y trouvent ainsi un lieu d’épanouissement idéal, et leur contemplation amène un apaisement aux personnes qui les côtoient.
Des espèces nombreuses :
A Lyon, au cimetière de la Guilloitère engagé dans la démarche Refuges LPO depuis 2021, l’inventaire réalisé en 2020 a révélé une grande richesse en termes de biodiversité avec son cortège de 28 espèces d’oiseaux dont 15 nicheuses, à l’instar du Chardonneret élégant, du Moineau domestique, du Rougequeue noir, de l’Etourneau sansonnet, de la Pie bavarde, le Verdier d’Europe, de la Fauvette à tête noire ou du Geai des chênes. Un Hérisson d’Europe, une Grenouille verte, le Lézard des murailles ont également été identifiés.
Citons également le cimetière paysager de La Roche Sur Yon : à l’occasion du centenaire de la LPO en 2012, une convention Refuge a été signée entre la ville de La Roche-sur-Yon et la LPO dans l’objectif d’engager le cimetière paysager dans une démarche de gestion écologique. D’abord, plusieurs inventaires ont été réalisés par la LPO : oiseaux, amphibiens, libellules, recensement de haies... Des préconisations de gestion écologique ont ensuite été proposées : réorganisation des allées, gestion par pâturage, plantation d’arbustes locaux ou restauration de haies, … autant d’actions visant à valoriser le vivant au cœur de ce cimetière.
Au cimetière de Saint Eloi, à La Rochelle, la LPO organise régulièrement des sorties naturalistes à la découverte des oiseaux le peuplant. Un inventaire a d’ailleurs été réalisé récemment, par le service de valorisation des espaces funéraires de la ville de La Rochelle, recensant une grande diversité d’espèces animales ou végétales et par exemple : Pie bavarde, Merle noir, Mésange bleue, Mésange charbonnière, Corneille noire, Verdier d’Europe, Effraie des clochers, Pinson des arbres, Syrphe, Pic vert, Ecureuil roux... Cymbalaire des murs, Ophrys abeille, Laitue vireuse, Pariétaire des murs, Molène faux-phlomis.
La nature apaise
Les cimetières sont des espaces accueillant le chagrin des familles endeuillées, parfois les promeneurs... Ils sont aussi des lieux de recueillement, de contemplation de méditation : écouter la nature apaise. Il est essentiel, dans ces démarches, de prendre en compte l’usage des zones du cimetière, les besoins de circulation, les lieux de repos. Réaliser ces projets d’accueil de la nature au cimetière doit se faire avec les usagers, les communes, les entreprises du funéraire, pour que le Vivant soit le bienvenu !
Étude "Cimetières vivants"
Une étude réalisée par l'ARB IDF (Agence régionale de la biodiversité en île-de-France) sur 45 cimetières franciliens de 2020 à 2022 avait pour objectif d’améliorer la connaissance de la faune et la flore présentes dans ces espaces. Un inventaire de la biodiversité réalisé lors de cette étude a permis de recenser :
- 513 espèces de plantes vasculaires : les cimetières constituent des espaces refuges pour des plantes rares de climat sec et méditerranéen.
- 238 espèces d'insectes pollinisateurs : ils sont moins nombreux dans les cimetières que dans les jardins mitoyens.
- 16 espèces de chauves-souris (chiroptères) : les cimetières sont des lieux de chasse pour les chiroptères.
- 6 espèces de petits mammifères : ils sont moins nombreux dans les cimetières comparé aux autres milieux.
- 74 espèces d'oiseaux : en milieu urbain, les oiseaux semblent trouver refuge dans les cimetières, mais ce n'est pas le cas en milieu rural.
Pour aller plus loin
- L’étude Cimetières vivants, de l’ARB Ile-de-France.
- Le podcast de l’émission d’RCF Radio : Les cimetières paysagers, nouveaux havres de nature. Dans cet épisode de Commune Planète, Clémence Lerondeau, responsable des programmes d'action citoyenne à la LPO France revient sur le rôle de la LPO dans l’évolution des cimetières vers des espaces riches en biodiversité, ouverts à la contemplation et au vivant.
- Merci à Abel Dufour, stagiaire du service de valorisation des espaces funéraires de la ville de La Rochelle qui a transmis son inventaire des sites de la Ville.
- Le site internet du Printemps des cimetières : https://printempsdescimetieres.org/
- Le compte Instagram de Benoit Gallot, Conservateur du cimetière du Père Lachaise à Paris, qui publie des photos naturalistes des espèces croisées.