Nature au jardin : le mieux à faire, c'est de ne rien faire !

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La LPO invite les Français à ne pas déranger la faune et la flore sauvages qui s’installent dans les jardins pendant la période de reproduction, en suspendant notamment les travaux d’entretien des arbres et des haies de mi-mars à fin août.

Jardin sauvage © Evelyne Haber / LPO

Jardin sauvage © Evelyne Haber / LPO

C’est le retour du printemps : les oiseaux migrateurs comme les hirondelles et la huppe fasciée sont revenus se reproduire dans notre pays. Alors que l’Aurore, ce petit papillon blanc au bout des ailes orange volète inlassablement au-dessus de la pelouse, la végétation est en pleine émergence. C’est l’apparition des fleurs, des bourgeons, des herbes sauvages...

Observation de la nature au printemps / iStock photo

Observation de la nature au printemps / iStock photo

Le beau temps nous incite enfin à profiter de nos jardins : contempler, observer, admirer... Au printemps et en été, pour le bien de la biodiversité, le mieux à faire est de ne rien y faire d’autre !

Je ne taille pas mes arbres ni mes haies et je réduis les tontes

L’hiver est fini, la dormance de la végétation aussi. Arbres et arbustes connaissent le phénomène de montée de sève qui permet la croissance et le début du cycle de reproduction végétatif. Les oiseaux comme le Merle noir, le Verdier d’Europe et le Pinson des arbres repèrent des enfourchures de branches, des feuillages denses et des cavités propices à la construction de nids discrets, où ils élèveront leurs oisillons jusqu’à la fin de l’été.

La belle saison n’est donc pas appropriée pour élaguer les arbres, ni tailler les arbustes et les haies, actions à effectuer en hiver. Le risque de déranger la petite faune sauvage y est très important et ces interventions tardives ne respectent pas le cycle naturel des végétaux.

Mésange charbonnière (Parus major) dans des branchages / Pixabay

Mésange charbonnière (Parus major) dans des branchages / Pixabay

Il n’est pas non plus conseillé de tondre les pelouses à ras, loin de là. Les îlots d’herbes hautes et les fleurs sauvages contribuent à maintenir le sol en bonne santé et préservent l’humidité. Dès le mois de mars, de nombreux insectes pollinisateurs tels que le grand bombyle, la piéride du chou ou encore les abeilles charpentières, commencent à butiner les fleurs. Les invertébrés comme la pisaure admirable, une araignée inféodée aux herbes basses, évoluent et se reproduisent dans le fouillis des herbes. Des espèces florales magnifiques se développent naturellement : grandes marguerites, centaurées, lotiers corniculés, pâquerettes, ficaires fausse-renoncule... et attireront papillons, criquets, sauterelles et coléoptères.

La LPO préconise donc de cesser l’entretien des jardins à partir de mi-mars jusque fin août. En dehors des aires de jeux, des allées et de la table de jardin, laissez s’épanouir la flore sauvage et spontanée.

Pour en savoir plus, voir notre article : Les oiseaux font leur nid : ne taillez pas les haies, n’élaguez pas les arbres

Aurore (Anthocaris cardamines) mâle / Pixabay

Aurore (Anthocaris cardamines) mâle / Pixabay

Je n'arrache pas les plantes dites "indésirables"

Un jardin “propre” est trop souvent un jardin sans vie ! La flore sauvage joue un rôle essentiel dans le bon fonctionnement d’un écosystème. Elle sert d’abri et de nourriture pour de nombreuses espèces.

Si vous préférez une pelouse “soignée”, réservez toujours une zone non tondue où pousseront des graminées comme la fétuque ou le millet qui produiront des graines et abriteront des insectes. Laissez-y s’installer les herbes dites “mauvaises” pourtant indispensables à la petite faune : le serin cini se nourrit des bourgeons du pissenlit, le chardon, la cardère, le cerfeuil et le trèfle, une fois montés en graines, attireront les chardonnerets élégants et les verdiers d’Europe. Plus d’une dizaine d’espèces de papillons, tels le vulcain et le paon du jour, pondent leurs œufs sur les orties, l’une des plantes hôtes les plus prisées par les lépidoptères. Par ailleurs, certaines de ces plantes mal-aimées sont dotées de propriétés pharmaceutiques (c’est le cas du plantain) et certaines autres, comme l’ortie, l’amarante ou l’oxalis corniculé sont comestibles ! Raisons de plus pour ne pas s’en débarrasser !

Pour en savoir plus, voir notre article : Pour faire de son jardin un éden sauvage,  Jardiner avec la nature.

Pâquerettes (Bellis perennis) sur une pelouse / Pixabay

Pâquerettes (Bellis perennis) sur une pelouse / Pixabay

 

Je ne retourne pas la terre du sol

Le sol est un milieu vivant, peu connu et pourtant tellement riche. Les 15 premiers centimètres abritent environ 90% de la vie souterraine. Des millions de bactéries, champignons, acariens, arthropodes, vers de terre, mollusques et autres cloportes dépendent de cet habitat. Ces décomposeurs de matière organique participent à la fertilité des sols en formant l’humus. Retourner la terre perturbe tous ces êtres vivants et le fonctionnement de l’écosystème.

Pour en savoir plus, voir notre article : Je limite mon emprise sur le sol vivant.

Lombric

Les lombrics jouent un rôle majeur en aérant les sols © Pixabay

 

J'arrête de nourrir les oiseaux

Au printemps, la plupart des oiseaux granivores passent à un régime alimentaire insectivore. Leurs oisillons ont en effet besoin de protéines animales pour leur développement et les adultes leur apportent des chenilles, des mouches, des larves, etc. La LPO recommande d’arrêter de leur proposer de la nourriture dès le mois de mars. En revanche, mettez de l'eau à leur disposition, elle sera utile aux oiseaux comme à leurs proies, surtout en cas de fortes chaleurs !

Pour assurer une alimentation naturelle suffisante toute l'année aux oiseaux des jardins, augmentez plutôt les ressources naturelles grâce à une gestion écologique ! Diversifiez les strates et les espèces végétales, favorisez les végétaux indigènes à fruits, baies et graines, et laissez-les évoluer librement.

Pour en savoir plus, voir notre article : Nourrissage et maladies des oiseaux.

A la fin de l'hiver, le nettoyage des mangeoires est de mise © LPO France

A la fin de l'hiver, le nettoyage des mangeoires est de mise © LPO France

 

Je ne recueille pas les animaux

Il est fréquent de trouver aux mois de mai et juin de jeunes oiseaux tombés au sol et encore incapables de voler. Ils ne sont pas en détresse. Ces jeunes explorent leur environnement et ce comportement est normal. Les parents restent le plus souvent à proximité et continuent de les nourrir. En cas de danger immédiat (Ex : chats, route), placez-les simplement en lieu sûr ou remettez les dans le nid si ce dernier est accessible.

Si vous rencontrez un hérisson actif en pleine nuit dans votre jardin, dans un espace public ou en bord de route, il est très certainement en bonne santé ! Laissez-le poursuivre son chemin et prenez le temps de l'observer à distance. Ramasser un hérisson sans qu'il ne soit en détresse peut avoir des conséquences graves, notamment s'il s'agit d'une femelle allaitante : vous pourriez condamner la portée ! Ne tentez pas non plus de les nourrir, ce qui peut rendre ces animaux sauvages dépendants de l'Homme et donc inaptes à rechercher eux-mêmes leur pitance. En outre le lait et le pain leur donnent des diarrhées mortelles et les croquettes pour chat entrainent des carences alimentaires.

Hérisson d'Europe (Erinaceus europaeus) / Pixabay

Hérisson d'Europe (Erinaceus europaeus) / Pixabay

Si et seulement si l’animal est blessé, il aura besoin de soins prodigués par un professionnel. Avec beaucoup de précautions, vous pouvez alors l’attraper et le mettre délicatement dans un carton tapissé de papier journal et aéré de quelques trous avant de le placer dans un endroit calme et isolé, sans le nourrir. Appelez ensuite le centre de soins le plus proche de chez vous pour recevoir des conseils ou pour organiser le transfert vers une structure habilitée.

Pour en savoir plus, voir notre article : Secourir un animal sauvage.

Je contemple !

Différentes études démontrent que le déclin de la biodiversité est particulièrement marqué en zones urbaines et périurbaines. Le suivi temporel des oiseaux communs (STOC) coordonné par la LPO a ainsi mis en évidence une diminution des populations de près de 30% dans ce type d’habitat sur le territoire français entre 1989 et 2019.

Dans un tel contexte d’effondrement du vivant, les jardins publics et privés jouent un rôle de plus en plus essentiel dans la préservation de la faune et la flore sauvages, ainsi que dans la résilience face au réchauffement du climat grâce à la captation du carbone, l’absorption de l’eau et la création d’îlots de fraicheur.

Au printemps et en été, passez donc à l’inaction afin de laisser la nature s’épanouir au jardin. Munissez-vous plutôt d’une loupe, d’une paire de jumelles ou d’un appareil photo pour de belles observations naturalistes !

Et pour poursuivre votre engagement en faveur de la biodiversité, rejoignez les Refuges LPO, premier réseau de jardins écologiques en France avec plus de 52 000 membres.

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