Quatre espèces de vautours se reproduisent aujourd’hui en France métropolitaine : le Vautour fauve (env. 3000 couples), le Vautour moine (env. 60 couples), le Percnoptère d’Égypte (env. 90 couples) et le Gypaète barbu (env. 80 couples). Autrefois présents dans la plupart des massifs montagneux du pourtour méditerranéen, ces rapaces nécrophages avaient presque disparu de l’Hexagone, victimes de leur mauvaise réputation et de la raréfaction du pastoralisme extensif. Leur retour progressif dans nos cieux est le fruit de programmes de conservation exemplaires, portés depuis plus de quarante ans par des naturalistes passionnés, et constitue l’une des rares réussites en matière de restauration de la biodiversité.
Ces charognards jouent un rôle primordial d’équarrisseurs naturels, en limitant la propagation des maladies véhiculées par les cadavres. De nombreux éleveurs font d’ailleurs appel à ce service gratuit et écologique pour éliminer les carcasses de leurs animaux morts, une collaboration séculaire désormais encadrée par l’État dans le cadre du Plan national d’actions « Vautour fauve et activités d’élevage » 2017-2026, auquel participe la LPO. Les économies ainsi réalisées sont évaluées à plus de 2 millions d’euros par an.
Moins puissants que ceux des aigles, le bec et les serres des vautours ne leur permettent pas d’attaquer ni de tuer. Par suite d’inquiétudes provenant d'une partie de la profession agricole au sujet d’interactions avec des animaux d’élevage encore vivants, des expertises vétérinaires ont été déployées depuis plusieurs années afin d'apporter des éléments factuels et en déterminer les circonstances. Dans la quasi-totalité des cas signalés chaque année en France, les enquêtes démontrent que ces interactions concernent des bêtes malades ou en détresse, dont le pronostic vital était engagé et qui sans intervention humaine étaient condamnées.
Pourquoi tant de haine ?
Malgré ces faits établis, la défiance persiste localement. Dans l’Aveyron, le syndicat agricole Coordination rurale a posté le 29 août 2025 sur sa page Facebook un appel à tuer les loups et les vautours pour sauver l’élevage de montagne, soit une incitation délibérée à enfreindre la loi !
Aucune preuve scientifique n’est apportée pour justifier ces réactions disproportionnées et contre-productives, basées principalement sur des cas isolés et non représentatifs, qui fragilisent inutilement une espèce protégée et alimentent les tensions au lieu de les apaiser. La LPO appelle à la raison et au dialogue afin de renouer avec une cohabitation sereine, éprouvée depuis des siècles, entre pastoralisme et vautours.
Ce 13 septembre à Millau (Aveyron), la LPO et le CPIE de Rouergues organisent ainsi « Dans l’œil du Gypaète » une journée festive consacrée aux vautours, et en particulier au Gypaète barbu, dans le cadre du programme européen LIFE Gyp'ACT. Diverses animations gratuites en présence de spécialistes permettront de mieux connaître ces fascinants oiseaux et d’en apprendre davantage sur leur biologie et leur comportement.
Les vautours nous rappellent que la peur et les superstitions ne doivent pas dicter notre rapport au vivant. Accuser ces charognards d’attaquer le bétail est un contre-sens biologique. Les stigmatiser à nouveau, c’est oublier leur rôle sanitaire indispensable et compromettre un fragile équilibre patiemment reconquis.