La France doit cesser de chasser les oiseaux en déclin

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La Commission Européenne a demandé à la France de suspendre ou réduire la chasse de 7 espèces d’oiseaux menacées, au risque de s’exposer à des recours judiciaires.

Au sein de l’UE, la chasse d'une espèce d'oiseau énuméré à l'annexe II de la Directive Oiseaux doit être compatible avec plusieurs exigences, comme respecter une « utilisation raisonnée » et « ne pas compromettre les efforts de conservation dans son aire de distribution ».

La Commission Européenne a donc commandité au groupe d’Experts sur les Directives Nature de l’UE (comité NADEG) une étude sur la soutenabilité de la chasse des oiseaux en mauvais état de conservation. Les scientifiques du Groupe de travail pour la restauration des populations d’oiseaux (TFRB) ont alors identifié 9 espèces en déclin dont la chasse ne serait pas durable dans l’UE et la Commission européenne a demandé en novembre 2024 aux États membres de prendre des dispositions immédiates pour la prochaine saison cynégétique qui débute en septembre 2025.

La France est concernée par la chasse de 7 de ces espèces d’oiseaux dont les populations s’effondrent à l’échelle européenne : des moratoires temporaires sont recommandés pour les Fuligule milouin (- 30% en 16 ans), Canard siffleur (-50% en 12 ans), Caille des blés (- 25% en 10 ans) et Grive mauvis (- 19% en 10 ans) ; ainsi qu’une réduction de moitié des prélèvements pour les Canard pilet(- 34% en 17 ans), Canard souchet (- 19% en 14 ans) et Sarcelle d’hiver (- 21% en 13 ans). A noter que dans le cadre de la gestion adaptative, la TFRB a également indiqué que les conditions étaient à nouveau réunies pour la reprise de la chasse à la Tourterelle des bois, suspendue depuis 2022 à la suite de multiples recours juridiques de la LPO, avec un quota annuel de 10560 individus pour la France.

Convoqué ce 26 juin 2025 pour se prononcer sur la mise en application de ces mesures, le Conseil national de la chasse et de la faune sauvage (CNCFS) n’a pas pu se réunir en raison d’un boycott opportunément décrété par le Président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC). En parallèle, la FNC et ses soutiens politiques multiplient les pressions et les intimidations intolérables envers la Ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher. Un renoncement ouvrirait pourtant la porte à une procédure de contentieux auprès du Conseil d’État afin de contraindre la France à se mettre en conformité avec la Directive Oiseaux.

Face à de tels agissements, la LPO et France Nature Environnement ont tenu à rétablir la vérité en publiant un démenti sur plusieurs affirmations portées par les chasseurs.

Dès qu’elle ne va pas dans leur sens, les chasseurs ne jouent plus le jeu de la gestion adaptative de la faune sauvage qu’ils ont eux-mêmes réclamée. Le candidat Emmanuel Macron s’était engagé en 2017 à retirer de la liste des espèces chassables toutes celles en mauvais état de conservation. Il est encore temps de tenir parole.

Allain Bougrain Dubourg

Président de la LPO