Grippe aviaire : alerte sur la mortalité des oiseaux sauvages

Actualité

La France n’est pas épargnée par l’épidémie d’influenza aviaire hautement pathogène qui sévit actuellement à l’échelle européenne, notamment chez les grues cendrées.

Depuis la parution de l’arrêté ministériel du 17 octobre 2025, le niveau de risque en matière d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) en France métropolitaine est passé de « modéré » à « élevé ». Cette décision a été prise à la suite de la détection de nouveaux cas de grippe aviaire sur des oiseaux sauvages en France, essentiellement des individus en migration, ainsi qu'après confirmation de plusieurs foyers dans des élevages de volailles et des basses-cours, précise l’arrêté.

Presque tous les cas déclarés en Europe depuis le commencement de la saison épidémique au début du mois d’août sont liés à la souche H5N1 (cf bulletin hebdomadaire ESA). Ce virus circule depuis plusieurs années et ne frappe pas toujours les mêmes espèces. En 2022, l’unique colonie française de fous de Bassan dans la réserve naturelle nationale des Sept-Îles (Côte d’Armor) avait été décimée. L’an dernier, les goélands et les cygnes figuraient parmi les principales victimes. Cette année, ce sont pour le moment les grues cendrées qui sont principalement affectées avec des centaines de cas signalés sur leurs sites d’hivernage en Champagne-Ardenne et en Aquitaine, ainsi que dans le Nord de l’Allemagne. Des milliers de grues cendrées avaient déjà été tuées par le virus fin 2021 en Israël.

Que faire face à un oiseau mort ou malade ?

Gestionnaire d’espaces naturels protégés et de centres de soins pour la faune sauvage, la LPO est en première ligne face à ce nouvel épisode épidémique et participe activement à la veille sanitaire. Une FAQ est également accessible en ligne pour informer et conseiller le public. Toute personne découvrant un oiseau mort ou agonisant ne doit en aucun cas le toucher et contacter un agent de l'Office Français de la Biodiversité (OFB) de son département, qui lui indiquera la marche à suivre et relayera l'information au réseau SAGIR, dédié à la surveillance sanitaire de la faune sauvage.

Repenser l’élevage

La succession d’épisodes pandémiques de grippe aviaire depuis une vingtaine d’années interroge également sur l’impact des pratiques industrielles d’élevage intensif sur la faune sauvage. Redoutables incubateurs de virus, les fortes concentrations de volailles favorisent en effet l’émergence de nouveaux variants potentiellement plus agressifs, susceptibles de menacer l’ensemble du vivant, humains compris.

Il est urgent de repenser nos modes de production et de consommation carnées, en privilégiant la décroissance, le bien-être animal, les circuits courts et les installations de taille réduite. La loi Duplomb a récemment montré que la France avançait hélas à contre-sens, en allégeant les contraintes par le relèvement des seuils à partir desquels les élevages intensifs de volailles sont soumis à autorisation environnementale.

Allain Bougrain Dubourg

Président de la LPO