La Grande Aigrette, de la rareté à l’abondance

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Certaines espèces peuvent nous sembler d’observation si régulière qu’on en viendrait presque à oublier qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Même si cela peut sembler difficile à croire maintenant qu’elle est visible toute l’année, c’est pourtant le cas de la Grande Aigrette.

Réveil frisquet pour les Grandes Aigrettes, les pattes prises dans la glace

Réveil frisquet pour les Grandes Aigrettes, les pattes prises dans la glace © C. König

Il n’y a pas si longtemps, ce magnifique héron au plumage immaculé était très occasionnel en France, seulement présent l’hiver en provenance d’Europe de l’Est. Il faut dire que l’espèce revenait de loin après avoir failli disparaître au début du 20ème siècle. N’oublions pas qu’à cette époque, il était de bon goût pour les femmes de la bonne société d’orner leur chapeau avec ses plumes ! Avec pour résultat des centaines de milliers d’oiseaux tués en quelques décennies !

Ainsi, sa première observation connue chez nos voisins charentais maritimes ne remonte qu’à 1960 (un oiseau tué à la chasse dans les marais de Marsilly). Et en Vendée, il faut attendre la fin des années soixante-dix pour que le premier oiseau fasse son apparition à Champagné les Marais. Il paraît que bon nombre d’ornithologues locaux s’étaient alors déplacés pour l’observer. Autant dire que depuis, malgré sa grâce restée inchangée, le plus grand des hérons européens attire un peu moins les foules…

Car à partir des années quatre-vingt-dix, l’hivernage se développe un peu partout. Et en 1994, l’espèce se reproduit pour la première fois en France sur le lac de Grand-Lieu en Loire-Atlantique. Elle apparaît d’ailleurs à cette époque sur la réserve et y devient régulière au début des années 2000. Avec la découverte d’un dortoir hivernal en 2005, ses effectifs sont ensuite suivis plus précisément. Ils augmentent alors régulièrement, passant de 3 individus à l’origine pour atteindre un maximum de 115 le mois dernier !

Pour autant, la Grande Aigrette reste l’un des hérons les plus rares d’Europe. Si des milliers d’hivernants sont comptés chaque année en France, le nombre de couples nicheurs reste lui très modeste (seulement 300 à 400 en 2012). Mais vu sa fulgurante expansion, il est probable que l’espèce s’implante partout où les conditions lui seront favorables. Devenue alors sans doute un peu plus « banale », elle n’en restera pas moins l’un des grands échassiers les plus élégants d’Europe.

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