Quinze des 22 espèces d’albatros répertoriées dans le monde sont actuellement classées comme Vulnérable, En danger ou En danger critique sur la Liste rouge de l’UICN, alerte l’Accord sur la conservation des albatros et des pétrels (ACAP), initiative intergouvernementale créée en 2004 pour faire face aux menaces pesant sur les populations de ces oiseaux parmi les plus menacés sur Terre.
Réputés pour leurs incroyables capacités de vol, les majestueux albatros sont des sentinelles de l’état de santé de nos océans : s’ils souffrent, c’est que l’ensemble de l'écosystème marin est en détresse. Leur déclin démographique reflète souvent des changements dans les stocks halieutiques ou des perturbations environnementales plus larges : pollution, changement climatique… La pandémie actuelle de grippe aviaire hautement pathogène rapproche désormais certaines espèces de l’extinction. Des milliers d’adultes et plus de 10 000 poussins d’Albatros à sourcils noirs sont ainsi morts de la maladie l’an dernier aux Îles Malouines. Le virus s’est ensuite propagé jusqu’aux régions subantarctiques, affectant des colonies d’Albatros hurleur, plus grand volatile de la planète avec son envergure pouvant atteindre 3,5 mètres.
Avec 8 espèces nichant dans les TAAF, la France est en première ligne dans leur protection. Mises en place dans les années 2000, des mesures (systèmes d’effarouchement, lestage des lignes, limitation des activités diurnes, contrôleurs embarqués) ont déjà permis de réduire considérablement les captures accidentelles par les bateaux de pêche à la palangre autorisés à opérer dans la zone économique exclusive de Crozet et Kerguelen.
Mais les risques persistent, comme la pêche illégale ou l’incendie qui a ravagé plus de la moitié de l’île d’Amsterdam début 2025 et miraculeusement épargné les sites de nidification de l’endémique Albatros d’Amsterdam, et de l’Albatros à bec jaune.
La LPO appelle l’État français à assumer pleinement ses responsabilités. Le pays de Baudelaire, qui consacra un de ses plus célèbres poèmes à ce voyageur ailé, ne saurait laisser disparaitre une telle merveille de la nature. Cela implique le renforcement des moyens dédiés à la biosécurité et l’interdiction stricte des pratiques de pêche non sélective dans les TAAF, ainsi qu’un engagement ferme dans les instances internationales de conservation de l’océan.