Restauration hydraulique et pastorale des prairies humides de marais

Actualité

Grâce au soutien financier de la Mission nature de l’Office Française de la Biodiversité (Loto de la biodiversité de la FDJ) ainsi que de l’Agence de l’eau Adour Garonne, un projet de restauration écologique de zones humides propriétés foncières de la LPO en Marais de Rochefort, permet la poursuite de la gestion biologique commencée il y a 25 ans sur ce site riche en biodiversité. 

Vue aérienne du marais de voutron © LPO

Dans les années 90/2000 la LPO a acquis 270 ha de marais répartis en 3 sites au sein du marais de Rochefort pour préserver ces prairies naturelles de marais alors menacées par l’assèchement et la mise en culture, . 

Les marais côtiers sont des milieux naturels entièrement façonnés par l’homme, dont l’aspect dépend principalement des activités agricoles. Les niveaux de l’eau dans les fossés sont maitrisés collectivement par des écluses et la végétation est très majoritairement constituée de prairies naturelles du fait du pâturage ou de la fauche réalisés chaque année. La gestion qui y est menée a avant tout un objectif agricole et ne prend pas toujours en compte la faune ou la flore présente.

Vue aérienne du marais de voutron

Vue aérienne du marais de voutron © LPO

Sur ces parcelles acquises, LPO a souhaité appliquer une gestion la plus favorable possible à la faune et à la flore des marais. Il faut pour cela maitriser les niveaux d’eau tout au long de l’année ainsi que les modalités de pâturage. Jouer sur ces 2 facteurs permet d'obtenir une plus grande diversité de milieux naturels (prairies humides, roselières, mégaphorbiaies, boisement humides, …)  et d'augmenter ainsi à la fois la richesse biologique (c’est-à-dire la présence d’espèce rares) et la biodiversité (le nombre d’espèces différentes présentes). C’est la raison pour laquelle la LPO a réalisé à la fin des années 90 des aménagements sur ses parcelles pour créer des unités hydrauliques où le niveau d’eau est maitrisé et pour créer des infrastructures pastorales pour permettre un pâturage adapté à chaque milieu naturel. Le pâturage est réalisé par des bovins appartenant des éleveurs locaux dans le cadre de baux ruraux à clauses environnementales.

La gestion réalisée à la suite de ces travaux maitrisant les niveaux d’eau et les modes de pâturages a rapidement porté ses fruits : de nombreuses espèces patrimoniales aussi bien floristique que faunistique ont été recensées sur les sites propriétés de la LPO. Parmi les espèces végétales remarquables peuvent être citées l’Iris maritime, l’Orchis palustris, la salicaire à trois bractées et la renoncule à feuille d’ophioglosse.

De nombreuses espèces d’oiseaux d’eau nichent désormais sur ces sites : Vanneau huppé, Chevalier gambette, Sarcelle d’été, ainsi que la Guifette noire dont les propriétés LPO du marais de Rochefort accueillent chaque année 15 couples, soit environ 15% de la population française. Le très rare Butor étoilé hiverne également sur ces sites. Ces espaces naturels accueillent également une forte densité de Loutre d’Europe mais surtout la plus importante population française de Vison d’Europe, le mammifère le plus menacé en Europe.

Après 25 années de gestion et malgré un entretien annuel régulier, beaucoup de ces infrastructures hydrauliques et pastorales (vannes, diguettes, batardeaux en terre, …) sont aujourd'hui dégradées du fait du batillage, du piétinement du bétail, ou du creusement de terriers par des espèces exotiques envahissantes. Les unités hydrauliques ont perdu leur étanchéité et la gestion de l’eau ne peut donc plus être totalement maitrisée. Les passages au sein ou entre les parcelles se sont érodés, ils ne permettent plus l’accès des bovins ainsi que des engins agricoles aux différentes parcelles et donc une gestion optimale du pâturage.

Curage de fossé (marais de voutron)

Curage de fossé (marais de voutron) © LPO

 

Au cours de l’automne 2025 (période où la sensibilité de la nature est la moins forte vis-à-vis des activités humaines), une entreprise spécialisée dans les travaux d’entretien des marais côtiers est intervenue sur les 3 sites. Les travaux ont été réalisés à l’aide de pelleteuses mécaniques spécialement adaptées. Ils ont principalement consisté à restaurer des diguettes, des vannes et des batardeaux en terre,  à restaurer des berges de fossés érodées par reprofilage ou par protection à l’aide de pieux, à restaurer des passages à l’intérieur ou entre les parcelles pour les bovins et les engins agricoles, à créer de nouveaux passages entre les parcelles, à conforter et restaurer des  ponts, à curer de fossés très envasés indispensable pour le pâturage, ou à créer des clôtures en fils barbelés lorsque le curage du fossé n’est pas souhaitable d’un point de vue biologique. Au total, 248 ha ont fait l’objet d’une restauration hydraulique et pastorale complète.

Toutes ces réalisations doivent être désormais protégées des causes de dégradation au cours du premier hiver (pâturage, batillage, espèces envahissantes, …) avant la reprise de la végétation au cours du printemps 2026. Elles font l’objet d’une surveillance renforcée par l’équipe de gestion LPO des propriétés de la LPO en Charente maritime.

Ce projet met en évidence le fait que, dans des milieux naturels façonnés par l’homme, le maintien d’une activité agricole d’élevage extensif est indispensable pour la préservation globale des habitats des marais côtier, mais que pour améliorer biodiversité et richesse biologique, les exigences écologiques des différentes espèces patrimoniales doivent être prises en compte dans les plans de gestion agricole, hydraulique et pastorale. 

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