L’État et RTE, gestionnaire du réseau national de transport d'électricité, envisagent la construction d’une ligne aérienne à très haute tension (400 000 volts), afin d’alimenter en électricité le site industriel de Fos-sur-Mer et ainsi contribuer à sa décarbonation. Dans le cadre de l’élaboration du dossier de demande d’autorisation environnementale, la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de la région Occitanie (DREAL Occitanie) a été sollicitée pour évaluer l’impact écologique potentiel de ce projet, qui prévoit notamment l’installation d’un linéaire THT de 65 kilomètres sur 180 pylônes bordant le Rhône et traversant l’ouest de la plaine de la Crau.
Révélé par presse ce 24 novembre, l’avis de la DREAL alerte sur le tracé envisagé, qui traverse des sites naturels d’une valeur écologique exceptionnelle : Parc naturel régional de Camargue, Réserve naturelle nationale des Coussouls de Crau, ainsi que plusieurs zones Natura 2000. En outre, le projet de ligne électrique recoupe le domaine vital de cinq espèces d'oiseaux en danger faisant l’objet d’un Plan national d’actions : Aigle de Bonelli, Faucon crécerellette, Outarde canepetière, Ganga cata et Alouette calandre, avec des menaces directes sur leur survie ignorées par le maître d’ouvrage : fragmentation des habitats, risque de collision, dérangement, etc. Le service de l’État pointe même le « risque d’extinction qu’il ferait peser sur l’unique population nicheuse de Ganga cata en France ».
Attention, ligne rouge !
Le rapport de la DREAL conclut : « en l’état, le projet ne paraît pas réunir les conditions légales » permettant de déroger à la protection des espèces menacées édictée par le Code de l’environnement.
Un avis partagé par la LPO et les nombreuses associations locales de protection de la nature réunies au sein du collectif STOP THT 13/30, qui réclament depuis près de 2 ans l’abandon du tracé aérien actuel et l’élaboration d’alternatives respectueuses des obligations légales en matière de protection de l’environnement, comme notamment l’enfouissement total ou partiel des lignes. A noter que plusieurs collectivités locales ainsi que les syndicats agricoles majoritaires (FNSEA, Coordination rurale) y sont également opposés, en raison du gel de 1 300 hectares de terres agricoles dans le delta du Rhône.
A la suite du compte-rendu des débats publics organisés du 2 avril au 13 juillet 2025 par la CNDP, une réponse de l’État est attendue sur le principe et les conditions de la poursuite du projet avant le 13 décembre 2025.
La nécessaire transition énergétique de notre société et de nos industries ne peut pas se faire au détriment de la biodiversité. J’appelle l’État et RTE à revoir leur copie, afin que cette ligne électrique ne se construise pas sur les ruines du vivant, car il n’y a pas de progrès sans avenir.