Lagopède alpin : victoire juridique amère

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Le tribunal administratif de Grenoble a rétrospectivement annulé les arrêtés autorisant la chasse du lagopède alpin pour la saison 2019 en Isère, Savoie et Haute-Savoie. Malheureusement, les oiseaux ont depuis été tués. 

Lagopède alpin (Lagopus muta)

Lagopède alpin (Lagopus muta) © David Allemand

Après les décisions en référé qui ont suspendu mi-octobre la chasse du lagopède alpin en Isère et en Savoie pour l'année 2020, la justice a une fois de plus donné raison à la LPO en annulant sur le fond les arrêtés préfectoraux ouvrant la chasse de cette espèce menacée dans ces 2 départements, ainsi qu'en Haute-Savoie, pour 2019. Suite à un recours de la LPO Auvergne-Rhône-Alpes, le tribunal administratif de Grenoble a notamment reconnu que les indices de reproduction collectés n'étaient pas statistiquement représentatifs et ne pouvaient donc permettre de légitimer la chasse de cet oiseau montagnard de la famille des galliformes.

Hélas, si ces annulations constituent une victoire sur plan juridique, elles interviennent a posteriori et les oiseaux tués l'an dernier ne seront pas ramenés à la vie. Contrairement à ceux de 2020, les recours en référé demandant une suspension en urgence avait été l'an dernier déboutés par le Tribunal Administratif. 

Depuis de nombreuses années, la LPO conteste avec succès les arrêtés préfectoraux fixant le nombre de galliformes de montagnes (Lagopède alpin, Tétras lyre, Gélinotte des bois, Perdrix bartavelle, Grand-tétras) pouvant être chassés dans plusieurs départements français. Ces décisions viennent ainsi conforter d'autres annulations ou suspensions ordonnées précédemment par les tribunaux comme dans les Hautes-Alpes, l’Ariège et les Hautes-Pyrénées.

Pourtant, beaucoup de Préfets reprennent année après année des arrêtés identiques, ne pouvant ignorer qu’ils sont dans leur tort mais laissant ainsi le temps de la procédure juridique aux chasseurs pour faire des victimes en toute légalité. 

Pour Marie-Paule De Thiersant, présidente de la LPO AURA: " Aucun Français ne pourrait récidiver d'une telle manière sans voir ses peines aggravées. L’Etat doit donner l’exemple et respecter les décisions de justice. Les galliformes de montagne sont des espèces fragiles dont les populations sont en déclin. Le Président de la République s’est lui-même engagé, lorsqu’il était candidat, à retirer les oiseaux en mauvais état de conservation de la liste des espèces chassables. Il lui reste 16 mois pour tenir parole ».