Je n’utilise pas de produits chimiques nocifs pour la faune et la flore

Je n’utilise pas de produits chimiques nocifs pour la faune et la flore

Les produits chimiques sont aujourd’hui omniprésents dans l’environnement. On les trouve dans le sol, les nappes phréatiques, les rivières, les océans et jusque dans l’atmosphère. Ils affectent les réseaux trophiques1, des plus petits organismes (microorganismes du sol, plancton des océans) aux plus gros comme les oiseaux et les mammifères qui se situent en fin de chaîne. Les produits chimiques entraînent des perturbations endocriniennes, l’antibio-résistance, la bioaccumulation2 dans les réseaux trophiques, des cancers... Ils perturbent le fonctionnement des écosystèmes en menaçant l’ensemble de la biodiversité, l’Homme y compris.

Piéride du chou

Piéride du chou © Nicolas Macaire

Produits chimiques : de quoi parle-t-on ?

Largement utilisés en agriculture, 5 % des produits chimiques phytosanitaires consommés sont destinés à l’entretien des jardins et des espaces verts, routes, voies ferrées... Devant leur dangerosité, la loi Labbé3 a interdit l’usage des pesticides tout d’abord aux collectivités le 1er janvier 2017, puis chez les particuliers depuis le 1er janvier 2019.
Sont particulièrement concernés les produits chimiques de synthèse, formés de molécules chimiques complexes à partir de corps simples. Il s’agit principalement de produits destinés à « traiter » les plantes : herbicides, insecticides, fongicides, acaricides… Ces molécules ont un impact fort sur l’environnement. Le glyphosate, herbicide total foliaire systémique, c’est-à-dire non sélectif, en fait partie. Il est distribué sous la marque Roundup® et se révèle être dangereux pour l’environnement et l’Homme.

Le Roundup dont l’agent actif est le glyphosate est produit par la firme Monsanto

Des produits chimiques aux molécules simples sont encore utilisés par les jardiniers amateurs et en agriculture, y compris en agriculture bio. Il s’agit par exemple du soufre (S), du sulfate de cuivre (CuSO4) qui ont des propriétés fongicides ou de la chaux vive (CaO) utilisée contre les lichens, les larves d’insectes, les bactéries, champignons et mousses.
Les produits chimiques incluent également les hydrocarbures (pétrole, essence, gaz), les résidus médicamenteux (médicaments humains ou vétérinaires rejetés dans la nature), les produits ménagers, les métaux lourds (mercure (Hg), plombs (Pb)), les acides utilisés dans l’industrie et divers autres micropolluants4 : plastifiants, retardateurs de flamme, matière plastique, colle…

Impact des produits chimiques sur le milieu

Les pesticides, désherbants et engrais chimiques apportent, entre autres, un excès de nitrates et de phosphates dans le sol. Le ruissellement des eaux de pluie emmène ces produits jusqu’à l’océan, phénomène bien connu en Bretagne avec la prolifération des algues vertes sur le littoral.

Les nitrates et phosphates entraînent l’eutrophisation des eaux de surface. En effet, ces fertilisants apportent un excès de nutriments dans l’eau conduisant à la croissance excessive des plantes et d’algues vertes filamenteuses. L’eau devient trouble, verte et sa teneur en oxygène est réduite. Les nitrates et phosphates se déversent dans les fossés, les mares, les étangs. Ces petits biotopes aquatiques, proches des habitations, sont très fragiles et voient leur faune disparaître (larves de libellules, tritons, grenouilles). Les mares sont par ailleurs souvent comblées et font fréquemment l’objet de déversements volontaires de produits toxiques (solvants, vernis, peintures, essence, divers produits chimiques…).

Grenouille verte

Grenouille verte (Pelophylax kl. sp.) dans une mare de jardin dont l’eau est fortement eutrophisée par la présence d’algues vertes © Pixabay

Pour respecter l’environnement, sa faune et sa flore, l’idée est de proscrire l’introduction de produit étranger, chez soi ou dans la nature, et de ne pas laisser des objets ou matériaux que la petite faune pourrait ingérer ou qui pourraient la piéger.

Réduire les risques au jardin

Afin de limiter les risques de pollution et de toxicité au jardin, voici quelques conseils. Tout d’abord, ne pas utiliser de pesticides, herbicides et/ou d’engrais chimiques chez vous. S’il vous reste des fonds de boîtes, ne jamais les vider dans l’évier, à l’égout ou dans la nature (décharge sauvage). Vous pouvez les apporter dans un point de collecte ou une déchetterie traitant ces produits.

De même, éviter d’introduire ou de rejeter dans l’herbe, les massifs, les fossés, les points d’eau ou les caniveaux, les produits d’entretien de la maison non biodégradables : liquide vaisselle, dégraissant, détartrant, eau de javel, lessive, parfum d’ambiance, nettoyeur de four, assouplissant, produits corrosifs (acides) et solvants (white spirit, essence…).
Privilégier les produits ménagers biodégradables à base de savon noir, savon de Marseille, vinaigre blanc, citron, marc de café, cendres, argiles, bicarbonate de soude…

Au jardin, d’autres alternatives aux produits chimiques existent comme les purins, macérations, décoctions et infusions de plantes (d’orties, de prêles, de fougères, de consoudes par exemple). Ces recettes de grand-mère présentent aussi différentes propriétés comme phyto-stimulants, anti parasites ou répulsifs.

Ecoulement de produits chimiques sur un terrain

Ecoulement de produits chimiques sur un terrain © Pixabay

Pour conclure

Les produits chimiques sont de différentes natures. Ils polluent l’environnement, sa faune et sa flore. Les pesticides et les engrais ont largement été utilisés par les jardiniers amateurs. Le programme Refuges LPO s’est intéressé à cette problématique dès les années 90 intégrant leur interdiction dans la Charte Refuges. C’est pourquoi la LPO oriente ses membres vers le jardinage biologique, en associant les plantes entre elles et en utilisant des amendements naturels (compost, méthode de la permaculture).

La loi Labbé a proscrit l’utilisation des produits chimiques de synthèse au jardin. Mais d’autres polluants chimiques sont toujours largement utilisés par les particuliers, au service de l’entretien de la maison, de l’aménagement du bâti ou de nos modes de consommation courante. Il convient donc d’être vigilant à ne pas les mettre en contact avec le milieu naturel afin qu’ils n’intoxiquent pas à leur tour la faune et flore sauvages.

Pour en savoir plus

1 Réseau trophique : un réseau trophique est un ensemble de chaînes alimentaires reliées entre elles au sein d’un écosystème et par lesquelles l’énergie et la biomasse circulent. Le terme trophique se rapporte à tout ce qui est relatif à la nutrition d’un tissu vivant ou d’un organe.

2 Bioaccumulation : absorption de substances chimiques présentes dans l’environnement, et leur concentration dans certains tissus par les organismes. Exemple : le hérisson d’Europe accumule dans son organisme et concentre les pesticides contenus dans sa nourriture (limaces, escargots…).

3 Loi Labbé : La loi n° 2014-110, dite loi Labbé du 6 février 2014, encadre l’utilisation des pesticides sur l’ensemble du territoire national. Cette interdiction vise l’entretien des espaces verts, les voiries, les promenades et les forêts, ouverts au public. La loi Labbé interdit, depuis le 1er janvier 2017, l’emploi des pesticides aux collectivités territoriales et a étendu cette interdiction le 1er janvier 2019 aux particuliers en interdisant des pesticides par les jardiniers amateurs dans les jardins.

4 Micropolluants : substances qui ne sont pas naturellement présentes dans les milieux, mais proviennent des activités humaines et susceptibles d’avoir un impact sur la santé ou l’environnement - seules ou combinées à d’autres micropolluants- même à des concentrations très faibles.

dernière mise à jour : 6 février 2024