Vous disposez peut-être d’un potager dans votre Refuge LPO. Saviez-vous qu’il existe un modèle productif qui respecte les écosystèmes ? Ce modèle fonctionne avec la nature, sans aucune utilisation de pesticide : c’est la permaculture. Il s’agit d’un système autosuffisant qui imite la nature pour qu'elle n'ait plus à s'adapter. Découvrez comment réaliser une butte de permaculture – ou butte permacole - chez vous, un système autonome qui participe à réduire la consommation d’eau, d’engrais et qui respecte la vie du sol, en somme un système durable.

Qu'est-ce que la permaculture ?

La permaculture (signifie = culture permanente), est un concept créé dans les années 1970 en Australie par Bill Mollison et David Holmgren. C’est avant tout une philosophie qui repose sur trois principes éthiques : prendre soin de la Terre, prendre soin de l’Homme et partager équitablement les ressources.

Le jardin en permaculture imite la nature. Il est auto-suffisant et respecte les écosystèmes (biotope + biocénose). Aucun engrais « artificiels » ni pesticides ne sont utilisés en permaculture. Diverses espèces végétales et animales, aussi bien sauvages que domestiques y sont favorisées. L’exposition au soleil, les ressources du sol et en eau y sont optimisées afin d’obtenir un jardin harmonieux, sain, productif et durable.

Butte de permaculture © Nicolas Macaire / LPO

Butte de permaculture © Nicolas Macaire / LPO

La nature comme modèle

La permaculture intègre le fonctionnement des écosystèmes : la terre n’est pas mise à nue, ni labourée. Les plantes et les micro-organismes du sol y permettent la formation de l’humus, le sol devenant auto-fertile. Les engrais chimiques et pesticides n’y sont pas employés, ce qui bénéficie à la faune sauvage et aux auxiliaires des cultures (hérisson d’Europe, coccinelles, syrphes, forficules…).

La permaculture permet de produire des fruits et des légumes, des plantes médicinales et aromatiques, des fleurs mellifères sauvages ou d’ornement, tout comme la production de matière végétale pour l’artisanat. Et bien sûr, la biodiversité y est abondante, attirée par la diversité végétale.

Potirons permaculture / Pixabay

Potirons permaculture / Pixabay

10 conseils avant de démarrer

Avant de créer votre butte de permaculture, prenez le temps de choisir le bon endroit. Notez les plantes indigènes et les animaux présents, la nature du sol, l’orientation du terrain, les vents dominants. Vous devez vous sentir bien sur le site car l’Homme et son bien-être font partie intégrante de ce concept.

  1. Se familiariser avec les plantes indigènes, les insectes auxiliaires, les micro-organismes et petits animaux de votre jardin.
  2. Observer l’orientation de la parcelle à cultiver par rapport au soleil, au vent et à la quantité de lumière reçue.
  3. Sélectionner les plantes et les regrouper en fonction du besoin en lumière, en eau et de la sensibilité aux insectes.
  4. Créer une ou plusieurs petites buttes. Chaque butte est surélevée d’environ 15 à 30 cm au-dessus du niveau du sol. Elle a un impact minimal sur le jardin car elle permet de ne pas directement cultiver le sol, ce qui épuiserait les éléments nutritifs. La butte doit être suffisamment large pour pouvoir planter deux rangées de plantes, mais suffisamment étroite pour pouvoir accéder facilement au centre.
  5. Placer les plus grandes plantes de façon à ce qu’elles fournissent de l’ombre aux plantes plus petites, plus sensibles au soleil et à la sécheresse.
  6. Disposer les plantes qui demandent davantage de soins près de la maison. Choisir l’emplacement des autres plantes en fonction de leurs propriétés, par exemple, celles qui agissent comme insecticide naturel, comme le souci qui empêche les invasions de vers dans les plants de tomates.
  7. Placer les plantes ayant les mêmes besoins en eau dans les mêmes bordures.
  8. Etaler de la paille sur la butte. Le paillis (mulch en anglais), empêche les herbes non désirées de pousser, maintient l’humidité du sol et enrichit la terre. Vous n’aurez plus besoin d’engrais et de désherbants chimiques.
  9. Utiliser la terre de compost pour votre butte.
  10. Arrosez la butte en période de sécheresse à l’aide du récupérateur d’eau. La diversité des plantes, leur feuillage et le paillage réduisent considérablement les besoins en eau.
Construction d'une butte permacole © Nicolas Macaire / LPO

Construction d'une butte permacole © Nicolas Macaire / LPO

 

Les éléments essentiels à considérer

La culture sur butte ne représente pas un modèle parfait, ni un idéal au jardin ! Celle-ci peut même s’avérer contre-productive dans certains cas. Ainsi, dans un contexte de climat à fortes chaleurs, l’évaporation sera plus conséquente sur la butte, et sera donc néfaste à vos cultures, en créant un milieu difficile. De même, dans un secteur particulièrement soumis aux vents, les végétaux rehaussés sur la butte seront particulièrement exposés, limitant leur développement ! Aussi, il s’agit pour le jardinier de bien connaitre et d'observer son terrain avant toute chose. La permaculture est en effet une philosophie qui nous invite à être bienveillant, dans une posture d’observation constante…

La permaculture favorise les associations de plantes / Pixabay

La permaculture favorise les associations de plantes / Pixabay

Conclusion

La butte de permaculture est un espace riche, vivant, productif, équilibré et donc plus résistant aux aléas climatiques.

Les combinaisons végétales y sont favorisées afin de recréer des petits écosystèmes. C’est un mode de culture durable qui repose sur des principes ancestraux comme ce qui existait par exemple il y a des millénaires au Mexique pour la culture du maïs (1).

A l’échelle de votre jardin, une butte de permaculture apportera un nouveau milieu pour la faune et la flore sauvages tout en étant productive, auto-fertile. Alors, si votre terrain s’y prête, tentez l’expérience, abandonnez les rangées de légumes traditionnelles et optez pour la butte de permaculture !   

  1. La Milpa était une technique Maya de culture qui consistait à associer le maïs à la courge et au haricot grimpant sans épuiser le sol. Cette technique est toujours utilisée de nos jours.

Pour en savoir plus : Mon petit jardin en permaculture. Durable, esthétique et productif - Chauffrey Joseph (2017). Édition Terre Vivante.

dernière mise à jour : 14 mars 2024