Nourrissage hivernal : comment prévenir les maladies aviaires chez les oiseaux des jardins ?

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Voici le mois de novembre et beaucoup d’entre vous préparent les mangeoires pour l’hiver. La LPO préconise d’apporter une aide hivernale pour aider les passereaux à contrer le manque de nourriture et le froid et ce, dès novembre, en fonction de l’évolution des températures. Cependant, les postes de nourrissage sont des lieux de promiscuité où les oiseaux se transmettent des maladies aviaires.

Mésanges bleues (Cyanistes caeruleus) à la mangeoire © Pixabay

Mésanges bleues (Cyanistes caeruleus) à la mangeoire © Pixabay

La LPO vous invite à la plus grande vigilance face à l’épisode de grippe aviaire H5N1 particulièrement virulent cette année, et insiste sur l’importance d’une hygiène parfaite aux mangeoires.

Pourquoi apporter de la nourriture en hiver aux oiseaux des jardins ?

En automne, les oiseaux trouvent suffisamment de nourriture dans la nature : des baies, des fruits, des graines et de nombreux insectes sont encore présents, notamment quand les températures d’arrière-saison sont douces comme nous l’avons connu en septembre et octobre 2022. Lorsque l’hiver arrive, les ressources alimentaires s’amoindrissent alors que les oiseaux requièrent davantage de calories pour résister aux basses températures. Au cœur de l’hiver, les épisodes de gel et de neige prolongés sont risqués pour les oiseaux qui n’ont plus accès aux fruits et aux graines.

C’est pourquoi la LPO préconise une supplémentation en nourriture en période hivernale uniquement, typiquement dès les premières gelées (fin octobre – mi-novembre) et jusqu’à des températures plus clémentes (mars). Il est déconseillé de nourrir les oiseaux en période de reproduction, au printemps et en été, saison où la nourriture est abondante (chenilles, insectes volants, graines…) et où les oiseaux s’alimentent sans difficulté dans leur milieu naturel (voir le geste « Le régime alimentaire des oiseaux des jardins »).

Merle noir (Turdus merula) se nourrissant des baies de cotoneaster © Jean-Claude Dupuy

Merle noir (Turdus merula) se nourrissant des baies de cotoneaster © Jean-Claude Dupuy

Quelques conseils sur les aliments à donner

Les oiseaux recherchent des aliments proches de ceux qu’ils peuvent trouver dans la nature (graines, insectes) et particulièrement riches en lipides. Il faut donc s’abstenir de mettre à leur disposition des restes de repas (gras de viande, lard, pain, biscotte, gâteau, riz…), ou encore des aliments cuits ou grillés, qui ne sont généralement pas adaptés à leur régime alimentaire, voire dangereux en raison de la forte teneur en sucres ou en sels. Les oiseaux digèrent mal le pain et le gluten par exemple. Enfin, n’oubliez pas de disposer un point d’eau permanent, été comme hiver, car les oiseaux boivent et se baignent plusieurs fois par jour (voir le geste « Je récupère l’eau et dispose des points d’eau pour la faune »).

Ce que je peux donnerCe que je ne dois pas donner

Cacahuètes fraîches

(non grillées, non salées, non sucrées)

Pâtes, riz, blé (crus ou cuits)
Graines de tournesol, de préférence noiresToutes les graines salées
Maïs concasséPain, biscotte, biscuit et gâteau
Graines de milletSalades, carottes
Fruits de saison (poire,pomme)Lentilles (crues et cuites)
Mélanges de graines adaptéPois (crus et cuits)
Noisettes fraîchesPomme de terre cuite
Noix fraîchesFromage
Boules de graisse sans huile de palmeLard salé, gras de viande
Flocons d'avoine, sans sucre et sans selInsectes

 

Les mangeoires, foyers d'infection potentiels pour les oiseaux

En se rassemblant, les oiseaux (passereaux) contractent plus facilement des maladies aviaires qu’elles soient virales, bactériennes ou parasitaires. Ces maladies se transmettent par les fientes, par contacts directs ou par de la nourriture contaminée.

Les espèces d’oiseaux grégaires sont plus particulièrement touchées comme celles de la famille des fringillidés (verdiers d’Europe, pinsons des arbres et pinsons du nord, tarins des aulnes…), ainsi que la famille des passéridés (moineaux domestiques et friquets) qui peuvent contracter la salmonellose des oiseaux, la trichomonose, la galle des pattes ou encore la poxvirose. Une hygiène parfaite des mangeoires et donc nécessaire (voir ci-dessous le paragraphe « comment bien nettoyer vos mangeoires »).

Cas du virus Influenza Aviaire Hautement Pathogène (IAHP)

Cette année est particulière car nous sommes en pleine épidémie de grippe aviaire en France et en Europe du nord. La souche H5N1 qui circule depuis l’automne 2021 est restée présente au printemps et en été 2022, sans ralentissement saisonnier de la maladie, ce qui est très inhabituel.

La grippe aviaire a fait de gros dégâts dans de nombreuses colonies reproductrices d’oiseaux aquatiques, en particulier chez les oiseaux marins de l’Atlantique Nord (fous de Bassan, laridés (mouettes et goélands), sternidés, alcidés (guillemots, macareux et pingouin torda)). Cette épidémie est mondiale : après avoir touché les colonies d’oiseaux de mer d’Ecosse, d’Angleterre, des Pays-Bas, mais aussi au Canada, le virus est « descendu en France ». La colonie de fous de Bassan de la Réserve naturelle nationale des Sept-Iles a été fortement impactée cette année. Les canards et les oies sont également porteurs du virus H5N1 mais semblent avoir acquis une certaine forme d’immunité aujourd’hui. Ils peuvent néanmoins être porteurs asymptomatiques et transmettre le virus de la grippe aviaire à d’autres espèces d’oiseaux. Les scientifiques estiment que les limicoles (petits échassiers) pourraient être le prochain groupe d’oiseaux touché par le virus.

Mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus), un oiseau de la famille des Laridés touché par le virus Influenza Aviaire © Nicolas Macaire

Mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus), un oiseau de la famille des Laridés touché par le virus Influenza Aviaire © Nicolas Macaire

Pour le moment, et en l'état actuel des connaissances, les oiseaux des jardins (les passereaux ou encore les columbidés) sont peu sensibles au virus. Mais il convient d'éviter tout contact avec les oiseaux qui seraient retrouvés morts près de vos mangeoires.

Mesure d'hygiène : comment bien nettoyer vos mangeoires ?

Afin de prévenir toutes formes de maladies aux mangeoires, la LPO appelle à la plus grande vigilance et à respecter de bonnes mesures d’hygiène. Voici quelques conseils :

  • Evitez les rassemblements et concentration d'oiseaux : évitez d’utiliser une mangeoire de type « plateau » où les oiseaux se rassemblent mais préférez les distributeurs de graines type « silo ». De même, ne disposez jamais les graines sur le sol (lieu de contamination par les souillures (fientes), lieu où les oiseaux rentrent en contact).
  • Appliquez des mesures d'hygiène rigoureuses : nettoyez et désinfectez les mangeoires régulièrement (chaque semaine) pour éviter les contaminations par les fientes ou les restes d'aliments. Il faut aussi éviter l'accumulation de nourriture non consommée dans les mangeoires. Pour un nettoyage efficace et naturel, utilisez une brosse, de l’eau et du savon de Marseille ou noir puis désinfectez à l'eau de javel dissoute dans de l'eau froide. Il est important de porter des gants lors de ces opérations et de se laver les mains après ! De même, n’effectuez jamais le nettoyage dans votre cuisine mais préférez un évier de garage ou à l’extérieur avec une bassine.

Il sera nécessaire d'arrêter immédiatement le nourrissage d'aide hivernale en cas de mortalité constatée.

Que faire en cas de découverte d'oiseaux morts ?

Dans tous les cas, ne touchez pas les cadavres ! Si plus de 3 oiseaux morts sont trouvés au même moment et au même endroit : contactez un agent de l'OFB : Office Français de la Biodiversité de votre département qui vous indiquera la marche à suivre et relayera l'information à un correspondant du réseau SAGIR (Réseau national de surveillance sanitaire de la faune sauvage).

 

La situation évolue et les équipes LPO suivent de près notamment l’évolution du virus IAHP, des mises à jour seront faites dans la FAQ Grippe Aviaire, n'hésitez pas à la consulter régulièrement !

 

Moineau domestique (Passer domesticus) mort des suites de l'Influenza Aviaire © IStock photo

Moineau domestique (Passer domesticus) mort des suites de l'Influenza Aviaire © IStock photo

Pour conclure

La LPO invite les particuliers et les membres des Refuges LPO à respecter les bonnes pratiques de nourrissage hivernal décrites auparavant pour prévenir d’éventuels risques de maladies. L’hygiène aux mangeoires est plus que jamais importante cet hiver et un nettoyage d’une fois par semaine est conseillé. Profitez de l’émerveillement que nous apporte leur observation dans nos jardins tout en restant très vigilants.

A lire pour compléter : « Nourrissage et maladies des oiseaux ».

Retrouvez également notre vidéo "Colocataires sauvages" : Nourrir au jardin, attention aux mauvaises pratiques !