Menaces

Menaces

Les principales menaces

Les spécialistes constatent une baisse des effectifs du Vautour percnoptère amorcée depuis le XXème siècle dans le Paléarctique occidental. Si, en France, les populations de Vautours percnoptères restent stables depuis environ 1970, des menaces demeurent.

La régression du vautour percnoptère, comme de nombreuses espèces, ne dépend pas d’un seul phénomène, il s’agit d’une conjonction d’évènements et de facteurs :

  • L’appauvrissement et la destruction de ses habitats de prédilection, provoqués par l’abandon des activités pastorales mais également par la mutation des sols.
  • Le changement des pratiques pastorales (ovins, caprins) entraîne une baisse de la disponibilité des carcasses d’animaux domestiques. L’arrêt de la transhumance des ovins et des caprins en Provence vers les massifs alpins et vers le Massif central est probablement en grande partie responsable du recul des populations provençales de Vautour percnoptère de 200 km vers le sud et de 130 km vers l’ouest.
  • L’apparition de produits toxiques destinés à éliminer les animaux dits « nuisibles » pour les cultures ou susceptibles de rentrer en concurrence avec les activités humaines (rongeurs, petits et grands carnassiers) et les traitements appliqués aux troupeaux (lutte contre les parasites externes ou internes avec des produits toxiques non-biodégradables). Ces produits occasionnent l’empoisonnement et la mort des jeunes vautours mais également des adultes.
  • La destruction directes des œufs, des jeunes et des adultes (à des fins de collection, chasse, poison, etc.). Chaque année, des Vautours percnoptères sont ainsi tués dans une grande partie de leur aire de distribution.
  • L’appauvrissement des réseaux alimentaires occasionne une baisse des ressources en nourriture pour les vautours percnoptères.
  • La mortalité liée aux infrastructures linéaires et aux réseaux d’éoliennes (collisions ou électrocutions).
Menaces pour le vautour percnoptère dans chaque sous-région de son aire de répartition

Menaces pour le vautour percnoptère dans chaque sous-région de son aire de répartition © MULTI-SPECIES ACTION PLAN TO CONSERVE AFRICAN-EURASIAN VULTURES (VULTURE MSAP)

 

Menaces et Mémorandum des constats de mort non naturelle

  • Un Vautour percnoptère, bagué en Ossau en 2007, a été électrocuté le 12 mai 2010 sur la commune de Sauvelade dans le département des Pyrénées-Atlantiques. L'oiseau en percutant les fils est mort électrocuté.
    Le cadavre, ainsi recueilli, présentait des brûlures profondes sous les ailes. La LPO s'est rapprochée d'ERDF afin d'obtenir la neutralisation de la ligne jugée dangereuse. En novembre 2010, les travaux de neutralisation par ERDF n'ont toujours pas été réalisés...
  • L’année 2009 a été également marquée, dans l’Aude, par la disparition des 3 couples historiques du département avec en particulier, mi mai, la disparition inexpliquée d’un couple en cours de couvaison ; puis la disparition d’un autre couple sur un autre secteur (Les parents disparaissaient alors que le jeune n'avait que 60 jours, ce dernier a ensuite été nourri, par la LPO Aude, à l'aire jusqu'à son envol) ; et fin juillet la mort d’un jeune au nid suite à la disparition de ses parents sur un troisième site. Des investigations sur le terrain ont permis de découvrir les cadavres de 4 Vautours fauves, d’1 Vautour percnoptère, d’1 Milan noir, de 2 Renards et d’1 Chat non loin d’une même aire. Des analyses toxicologiques ont permis de mettre en évidence des empoisonnements au carbofuran ( : Vautour fauve: carbofuran = 77 mg/kg dans le gésier ; Vautour Percnoptère: carbofuran = 108 mg/kg dans le gésier ; Renard : carbofuran = 180 mg/kg dans l'estomac).   
  • Un Vautour percnoptère adulte retrouvé mort, par Nature Midi-Pyrénées le 14 avril 2011, sous une ligne électrique en Haute-Garonne. L'autopsie réalisée a confirmé l'électrocution de l'oiseau. En Haute-Garonne, il s'agit du deuxième oiseau retrouvé depuis 2004. Dans les Pyrénées, ce dernier cas porte à trois le nombre d'oiseaux électrocutés depuis la mise en œuvre du plan national d'actions en faveur de cette espèce.
Vautour percnoptère retrouvé mort, par un exploitant agricole, sur la commune d'Arthez-d'Asson

Vautour percnoptère retrouvé mort, par un exploitant agricole, sur la commune d'Arthez-d'Asson © LPO

 

Neutralisation du réseau électrique

Après plusieurs années de négociation avec EDF et RTE, un groupe de travail intitulé Comité National Avifaune (CNA) a été constitué. Il comprend EDF (Electricité de France), RTE (Réseau de Transport d’Electricité), FNE (France Nature Environnement dont le CORA) et la LPO.

Une convention signée le 04 février 2004, a prononcé la constitution du comité CNA. Cette convention formalise l’engagement des parties contractantes de coopérer ensemble pour réduire les impacts du réseau électrique sur l’avifaune (cf. annexes électroniques). Elle définit les motivations d’EDF et de RTE de s’engager dans cette démarche, le rôle du Comité National Avifaune, son champ d’investigation, les thèmes de travail proposés et le fonctionnement du comité.
Le 05 février 2004, avec le CNA, la LPO a organisé un colloque à Valence, sur le thème « Avifaune et lignes électriques » à l’occasion duquel 80 participants étaient présents. Ce colloque rassemblait les acteurs du sud de la France, concernés par la problématique d’électrocution des oiseaux (réseau des techniciens EDF et RTE et, d’autre part, les naturalistes de FNE et de la LPO). Il a été l’occasion pour l’ensemble des acteurs d’établir des premiers contacts indispensables afin de convenir de la sécurisation des installations électriques dangereuses, en faveur des oiseaux et en particulier des rapaces.
Le CNA a travaillé sur la définition de plans d’actions locaux spécifiques pour les sites du Vautour percnoptère et d’autres espèces particulièrement vulnérables comme le Vautour moine, l’Aigle de Bonelli, etc.
Des études cartographiques d’inventaire et d’identification des réseaux électriques dangereux ont été communiquées au réseau EDF. Ces inventaires détaillés des équipements, sur la plupart des sites du programme LIFE N° LIFE03NAT/F/000103 (cf. « Autres programmes ») recensaient 911 pylônes/poteaux jugés dangereux et 447 pylônes/poteaux considérés très dangereux. » (seuls ~60 équipements ont été sécurisés (tronçons et pylônes) durant ce programme - période septembre 2003- avril 2008).

Ces inventaires prennent toute leurs importances quant on considère, qu’à l’instar des autres rapaces, les Vautours percnoptères encourent des risquent d’électrocution en exploitant les lignes soit comme poste d’affût et/ou de reposoir soit, lors de leurs différents déplacements, par collision avec le réseau à Très Haute Tension. Ces inventaires ont été suivis d’interventions de sécurisation ou à défaut de planification et d’accords pour assurer l’innocuité du réseau électrique. Malgré ces accords obtenus au niveau national, les planifications se heurtent souvent à des difficultés et des inerties opérationnelles du distributeur et concessionnaire EDF. Ces contraintes opérationnelles et administratives du groupe EDF pouvaient être, un certain temps, imputées à son statut initial d’Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial (EPIC). Ce statut initial d’EPIC du groupe EDF ne permettait pas toujours à l’entreprise de disposer non seulement de la réactivité nécessaire mais également des moyens indispensables pour mettre en œuvre ses engagements. Avec le changement de statut (loi du 9 août 2004) de l’entreprise, qui désormais constitue une Société Anonyme, des améliorations sont attendues. Cette nouvelle forme juridique devrait permettre désormais à EDF de se libérer de certaines contraintes. Ainsi, le 1er janvier 2008, EDF a créé Electricité Réseau Distribution France (ERDF) qui est une société anonyme à conseil de surveillance et directoire. Filiale à 100% du groupe EDF, elle exploite le réseau de distribution d’électricité (1,2 million de km de ligne haute et basse tension).

Dans ce cadre, les investissements consacrés au réseau ont été augmentés et les enjeux de réduction des impacts sur l’environnement ont été clairement intégrés dans la politique d’ERDF. Cette évolution permet désormais à l’entreprise de disposer de lignes budgétaires et donc de moyens pour limiter les impacts de leurs ouvrages sur l'avifaune (risque d'électrocution ou risque de collision). Ainsi, chaque année en fonction de ses gains de productivité, ERDF prévoit des budgets pour assurer l’innocuité de son réseau. Dans ce contexte de progrès, le 1er juin 2007 la LPO a conclu avec ERDF une Charte qui prévoit la sécurisation du réseau HTA pour l’Avifaune remarquable des régions Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte-D’azur. Cette charte et les accords qui y sont associés doivent permettre d’assurer, à moyen terme, plus efficacement la neutralisation du réseau électrique jugé dangereux pour le Vautour percnoptère. A suivre…

Pour en savoir plus : le site internet du CNA

Vautour percnoptère prêt à s'envoler

© LPO

 

Vigilance poison

Prévention des risque et études des causes de mortalité des rapaces nécrophages en France

Généralement, une exposition à un produit toxique peut affaiblir le système immunitaire d’un oiseau et provoquer des troubles nerveux qui contribuent à sa mort (cas du saturnisme) même si apparemment la cause de la mort est autre. Pour détecter une exposition ou une intoxication, une recherche toxicologique s’impose. Dans les Pyrénées et le Sud-est de la France, le risque d’empoisonnement est surveillé attentivement.
Une opération de surveillance des risques de contamination et d’empoisonnement des rapaces nécrophages a été développée. Elle repose sur le réseau d’observateurs qui signale et collecte les cadavres des Milans royaux, Gypaètes barbus, Vautours percnoptères et Vautours fauves, Vautours moines, etc., afin d’étudier leurs causes de mortalité et leur niveau de contamination. Quatre parmi ces dernières espèces font l’objet de Plans Nationaux d’Actions spécifiques en raison de leur situation en France et en Europe : le Gypaète barbu, Vautour percnoptère, le Vautour moine et le Milan royal.
Un comité de spécialistes (vétérinaires, toxicologues et ornithologues) analyse les résultats obtenus par les autopsies effectuées et les analyses toxicologiques systématiques réalisées par des laboratoires spécialisés A moyen terme, cette opération devrait permettre d’établir une cartographie des cas et des causes de mortalité dans le sud de la France et de disposer d’une expertise sur la qualité des habitats de ces rapaces et des risques pour leur survie, et donc d’orienter les mesures de protection de façon adaptée.

Découvrez les 4 fiches techniques Vigilance Poison

 

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dernière mise à jour : 1 septembre 2022