La Bécassine sourde est un oiseau limicole typique des milieux marécageux, reconnaissable à son plumage brun mimétique et son long bec droit. Son nom ne trahit pas des problèmes d’ouïe mais sa propension à se déplacer en silence. L’espèce se reproduit exclusivement dans les taïgas russe et scandinave, avant que de nombreux individus rejoignent la France dès l’automne afin d’y passer l’hiver au chaud. Ces réfugiés climatiques retrouvent alors leur grande cousine : la Bécassine des marais, qui est la seule à nicher dans l’Hexagone, où ses effectifs reproducteurs ont chuté de plus de 75% depuis les années 1970. A peine une soixantaine de couples sont aujourd’hui recensés sur le territoire, dont près de la moitié dans le bassin du Drugeon (Doubs).
Si la disparition des zones humides est la cause principale d’un tel effondrement, la chasse y contribue également. Cette dernière est autorisée de début août jusqu’à la fin janvier, lors de l'arrivée des migrateurs fuyant les grands froids du nord et de l’est de l’Europe. Environ 200 000 bécassines sont ainsi tuées chaque année dans notre pays.
Saisi en référé par la LPO, le tribunal administratif de Besançon a suspendu le 29 août 2025 les arrêtés préfectoraux autorisant la chasse à la Bécassine des marais dans le Doubs et le Jura, considérant qu’elle faisait courir un risque existentiel aux derniers reproducteurs français. Jugée trop difficile à différencier en situation de tir, la Bécassine sourde est également épargnée dans les deux départements !