Dans un arrêt rendu ce 21 mai 2025, la Cour d’appel de Grenoble a réévalué les condamnations civiles à la charge du braconnier isérois reconnu coupable d’avoir abattu Morzine, une jeune femelle Pygargue à queue blanche relâchée en septembre 2023 dans le cadre d’un programme de réintroduction de l’espèce piloté par le parc animalier « Les aigles du Léman ». Le montant total des réparations s’élève désormais à 116 200 euros, dont le préjudice écologique reconnu à hauteur de 81 000 euros.
Les juges ont basé explicitement leur évaluation sur la méthodologie présentée par la LPO, adaptée des travaux de la DEAL de La Réunion. Cette base rigoureuse, transmise au dossier sous forme d’une pièce jointe technique, a été suivie quasi intégralement par la Cour qui a presque triplé le montant alloué en première instance. Cette reconnaissance judiciaire renforce la crédibilité des outils développés scientifiquement pour faire valoir, devant les tribunaux, la valeur intrinsèque de la biodiversité et des services écosystémiques qu’elle apporte.
Le Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) est le rapace nicheur le plus rare de France avec à peine une trentaine d’individus pour 7 couples reproducteurs. Officiellement disparue du territoire en 1959, l’espèce ne s’y reproduit à nouveau que depuis 2011 et bénéficie d’un Plan national d’action animé par la LPO et coordonné par la DREAL Centre-Val de Loire, qui prévoit la réintroduction de 85 pygargues dans les Alpes d’ici 2030. Quatre des 14 oiseaux relâchés depuis 2022 ont déjà été tués à la suite de destructions volontaires par tir ou empoisonnement.
C'est une grande victoire car les juges ont écouté les scientifiques pour la prise en compte du préjudice écologique. Seules de lourdes sanctions peuvent dissuader de tels actes de cruauté gratuite, qui mettent en péril des années d’efforts de conservation.