Le Ministre délégué chargé de la transition écologique en mission pour sauver les chasses traditionnelles

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En visite dans les Landes à l’invitation de la Fédération départementale des chasseurs, Mathieu Lefevre a répété sa détermination à défendre le piégeage des oiseaux sauvages face à la justice française et la réglementation européenne.

Pour son premier déplacement officiel sur les enjeux de protection de la nature, le nouveau ministre délégué en charge de la transition écologique Mathieu Lefevre a choisi de déjeuner dans une palombière près de Mont-de-Marsan ce 15 novembre afin d'apporter son soutien aux modes de chasse traditionnelle d'oiseaux sauvages, localement pratiqués dans certaines régions françaises à l’aide de filets ou de bâtons enduits de glu.

Auditionné le 24 octobre dernier par la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, le ministre s'était déjà dit « mobilisé pour que cet art de vivre (sic) soit préservé dans nos campagnes ». Samedi, il a dévoilé son intention de demander au Conseil d’Etat de poser une question préjudicielle à la Cour de Justice de l’UE, par ailleurs déjà saisie par la Commission européenne en février dernier dans le cadre d’une procédure d’infraction contre la France concernant la chasse au filet des palombes dans cinq départements (Gers, Lot-et-Garonne, Gironde, Pyrénées-Atlantiques et Landes).

L’enjeu ? : le respect de la directive Oiseaux, règlement européen sur la conservation des oiseaux sauvages datant de 1979 et pilier essentiel de la protection juridique de l'avifaune européenne. Son article 9 prévoit bien des dérogations pour chasser certaines espèces en bon état de conservation, mais son annexe IV, dont le ministre conteste l’interprétation, proscrit l’utilisation des filets et des gluaux, jugés trop peu sélectifs par rapport à d’autres “solutions satisfaisantes”, comme l’élevage en captivité ou le tir au fusil.

Pendant des années, devant les tribunaux, la LPO s’est appuyée sur la directive Oiseaux pour faire interdire ces techniques de capture archaïques partout où elles perduraient dans l’Hexagone. Après qu’un arrêt historique de la Cour de justice européenne a considéré en février 2021 que leur caractère traditionnel ne pouvait constituer un motif dérogatoire suffisant, le Conseil d’État a ainsi annulé tous les arrêtés les ayant autorisées en France.

Sous la pression des lobbies cynégétiques, le Gouvernement a alors lancé en 2023 et 2024 une série de tests, réalisés directement par les chasseurs, visant à démontrer le faible impact du piégeage au filet sur les espèces protégées, et ainsi contourner la directive Oiseaux. Las, les tribunaux administratifs de Pau, Châlons-en-Champagne et Bordeaux ont tour à tour confirmé que ces prétendues expérimentations étaient illégales. Le 24 septembre dernier, le Conseil d’Etat a donc suspendu in extremis l’arrêté ministériel du 28 août 2025 qui s’était promptement basé sur leurs résultats partiaux afin d'autoriser la capture de 98 702 alouettes à l’aide de pantes (filets horizontaux) dans les départements de la Gironde, des Landes, du Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques à partir du 1er octobre 2025.

Alors que l'Alouette des champs a perdu près du quart de sa population française en à peine 20 ans, environ 200000 individus sont encore tirés au fusil chaque année dans notre pays. La révision de la directive Oiseaux qui s’impose aujourd’hui est plutôt de renforcer le statut de protection de cette espèce en déclin, en cessant complétement sa chasse et en restaurant ses habitats naturels empoisonnés par les pesticides ou détruits par l’artificialisation des sols.

Pendant qu’à quelques kilomètres, des cadavres de grues cendrées, victimes de la grippe aviaire, pourrissent sans être ramassés ; que des espèces menacées de disparition continuent d’être chassées, le ministre supposé être en charge de la biodiversité roucoule dans une palombière pour satisfaire le loisir mortifère d’une poignée d'irréductibles. C'est un terrible affront à la nature, au droit, à la science et à l’immense majorité de nos concitoyens opposés à ces pratiques moyenâgeuses.

Allain Bougrain Dubourg

Président de la LPO