Alors que l’Alouette des champs a perdu près du quart de sa population française au cours des 20 dernières années, l’espèce demeure chassable en France où environ 200000 individus sont tirés chaque année au fusil. Pire, un arrêté ministériel publié ce 2 septembre 2025 vient d'autoriser le piégeage traditionnel de près de 100 000 individus supplémentaires entre le 1er octobre et le 20 novembre 2025 à l’aide de pantes, des filets horizontaux tendus au sol, dans les départements du Lot-et-Garonne, des Landes, de la Gironde et des Pyrénées-Atlantiques. Comment expliquer qu’un tel effondrement démographique puisse s’accommoder d’une mortalité additionnelle causée par la chasse ?
Depuis un arrêt de la Cour de justice européenne en février 2021, le Conseil d’État a pourtant annulé tous les arrêtés ayant autorisé ce type de piégeage traditionnel d’oiseaux sauvages en France (glu, tenderie, pantes, matoles), jugé non conformes avec la Directive Oiseaux, notamment parce qu’il ne démontrait pas son caractère sélectif.
C’était sans compter sur la complaisance du gouvernement qui a lancé en 2023 et 2024 une série d’expérimentations sur la sélectivité du piégeage traditionnel, réalisées sous la responsabilité des chasseurs.
Saisi en référé par la LPO et One Voice, le Tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a suspendu dès novembre 2023 l’arrêté préfectoral autorisant la tenderie "expérimentale" de 500 vanneaux huppés et de 15 pluviers dorés dans les Ardennes. En parallèle, le Tribunal administratif de Bordeaux suspendait les arrêtés préfectoraux autorisant la capture "expérimentale" de 6 000 alouettes des champs à l’aide de pantes (filets horizontaux) ou de matoles (cages tombantes) en Gironde et dans le Lot-et-Garonne, pendant qu’inexplicablement le tribunal administratif de Pau l’autorisait dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques.
Si les tests ont recalé les matoles, responsables de captures collatérales d'espèces protégées, ils ont conclu que les pantes capturaient bien uniquement des alouettes des champs. Les jugements au fond n’ayant pas encore été rendus, le gouvernement s’engouffre dans la brèche et utilise ces résultats partiaux pour fixer de nouveaux quotas de capture de 1 230 alouettes pour le Lot-et-Garonne, 56 672 pour les Landes, 38 600 pour la Gironde, et 2 200 pour les Pyrénées-Atlantiques, soit 98 702 individus sacrifiés.
La LPO dénonce une décision dictée uniquement par la complaisance envers un lobby minoritaire et son loisir mortifère, qui constitue une régression intolérable pour la protection de la biodiversité.