La Ligue pour la Protection des Oiseaux en Provence-Alpes-Côte d'Azur, en charge du suivi ornithologique et des conseils de gestion en faveur de l’avifaune sur les salins d’Hyères, l’installation du Goéland railleur était attendue, fait qui se concrétisa en 2009 puis s’est régulièrement étoffé au fil des années. Aujourd’hui la population montre une vitalité remarquable qui a abouti en cette fin de mois de juin à une opération de baguage des poussins, qui permettra de conforter les connaissances sur la biologie de cette espèce fragile et menacée.
L’événement a réuni plus d’une quarantaine de personnes, dont neuf bagueurs professionnels ou bénévoles en provenance de la LPO PACA, la Tour du Valat, du Parc National de Port-Cros et de la métropole Toulon Provence Méditerranée. Cette mobilisation parfaitement fluide, témoigne de l’engagement des acteurs locaux, scientifiques et citoyens, autour de la biodiversité méditerranéenne.
Espèce migratrice étroitement liée aux milieux lagunaires et saumâtres, le Goéland railleur se nourrit principalement d’invertébrés aquatiques et de petits poissons. Il niche sporadiquement autour du bassin méditerranéen, avec des colonies installées sur des îlots sableux dépourvus de végétation. Le nid, sommairement constitué de brindilles et de plumes, abrite généralement deux à quatre œufs pondus au mois de mai.
Classé « Vulnérable » sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de France, le Goéland railleur bénéficie toutefois d’une tendance démographique globalement favorable depuis plus d’une vingtaine d’années. En France, en 2022, la population nicheuse était estimée entre 1847 et 2002 couples. Ces effectifs restent cependant fragiles et soumis à de nombreuses pressions, notamment la prédation, les dérangements humains et la réduction des habitats favorables.
En région PACA, et plus particulièrement en Camargue, l’espèce est un nicheur régulier depuis 1973. Toutefois, les effectifs y sont très fluctuants : 850 couples en 1995, seulement 196 en 2006, puis une remontée à 968 couples en 2016.
L’installation de 62 couples nicheurs sur le salin des Pesquiers en 2009 représentait une première historique pour le site et pour le département du Var. En 2015, la colonie atteignait 354 couples, mais fut décimée par la prédation d’un renard, entraînant l’abandon du site. En réponse, des dispositifs anti-intrusion ont été mis en place. Néanmoins, les années suivantes ont montré l’impact de cet épisode : seuls 4 puis 17 couples nicheurs ont été observés. Ce n’est qu’en 2018 que la dynamique s’est relancée avec l’installation de plus de 450 couples. Une opération similaire à celle de cette année avait alors permis de baguer environ 700 poussins, soit près d’un quart de la population nicheuse française de l’époque. Après plusieurs années d’échecs ou l’installation de quelques dizaines de couples, la colonie a atteint en 2025 un niveau record avec 614 couples répartis sur les deux salins, dont 532 rien qu’aux salins des Pesquiers !
Cette année, sur les 578 poussins observés au salin des Pesquiers, 403 ont pu être capturés, bagués et relâchés avec une grande efficacité. Nous remercions l’ensemble des bénévoles ou des salariés des différentes structures pour le bon déroulement de cette opération délicate !
Depuis 2009, sous la coordination de la Tour du Valat, le baguage des poussins de Goéland railleur vise à mieux comprendre leur dispersion post-juvénile et leurs zones d’hivernage. Les lectures de bagues effectuées au fil des années montrent que 79 % des individus bagués à Hyères reviennent nicher sur leur site de naissance. Une fois volants, les jeunes quittent souvent les salins d’Hyères pour rejoindre temporairement la Camargue, avant de migrer en Méditerranée centrale et orientale, via l’Italie, la Sicile ou la Sardaigne, jusqu’aux côtes tunisiennes et libyennes. Le baguage réalisé cette année apportera de nouvelles données sur les routes migratoires empruntées, données qui seront recueillies par la Tour du Valat grâce au réseau international d’observateurs.
Qu'est-ce que le baguage?
Baguer consiste à poser sur le tarse ou le tibia des oiseaux une bague métallique numérotée. Pour le Goéland railleur, en plus de cette bague métallique inoxydable, une bague plastique lisible à distance est posée. Le baguage, lorsqu’il est assuré par des personnes qualifiées, n’altère en rien le comportement des oiseaux. Le fait de baguer un oiseau ne sert à rien en soi, si sa bague n’est pas recontrôlée ultérieurement. Il est donc primordial de s’attacher à suivre au mieux les oiseaux bagués que l’on peut rencontrer. Sur les salins, les contrôles de bague sont effectués régulièrement et envoyés chaque année au responsable du programme à la Tour du Valat.
Pour en savoir plus sur le Goéland railleur consultez notre article paru dans la rubrique "Zoom sur une espèce".