L'avifaune francilienne
L'avifaune francilienne
De 2002 à 2010, les observateurs de l'Oroc ont identifié 98 040 oiseaux de 155 espèces différentes, soit 88 % des espèces nicheuses d'Île-de-France. Le Pigeon ramier (1 277 individus dénombrés en 2010), la Mésange charbonnière, le Merle noir et la Corneille noire sont omniprésents dans l'Oroc : ces espèces ont été observées dans tous les carrés prospectés en Île-de-France.
À l'inverse, certains observateurs ont eu la chance d'observer l'Engoulevent d'Europe, le Pic cendré, la Guifette noire ou encore le Blongios nain pendant leurs suivis Oroc.
En Île-de-France, la densité des oiseaux au sein d'un carré diminue lorsque l'on s'éloigne de Paris. À l'inverse, la richesse et la diversité spécifique augmentent avec la hausse de la distance à Paris. En d'autres termes, plus l'on s'éloigne de Paris, plus la diversité avienne semble importante. La richesse et la diversité augmentent lorsque la proportion des milieux bâtis diminue au sein des carrés (la proportion des milieux bâtis dans les carrés se réduit assez logiquement en s'éloignant de Paris). De même, plus la diversité des habitats des carrés est importante, plus la diversité des oiseaux paraît forte. Cette situation illustre la présence en Île-de-France d'un axe d'urbanisation impactant sur les espèces et globalement dirigé vers Paris.
Évolution des espèces
Depuis plusieurs années, les données récoltées dans le cadre de l'Oroc permettent d'évaluer l'évolution dans la région de certaines espèces. Entre 2002 et 2010, l'analyse a porté sur les 76 espèces qui comptabilisaient au moins 50 contacts sur plus de 25 points d'écoute Oroc.
Entre 2002 et 2010, 40 ou 53 % des espèces peuvent être considérées comme stables dans la région. Dix espèces paraissent en progression en Île-de-France. La hausse des effectifs de la Corneille noire, du Faisan de Colchide, de la Fauvette grisette, du Martinet noir, du Pigeon ramier correspond aux tendances observées en Île-de-France en 2009 et en France ou en Europe pour ces espèces.
La Mouette rieuse et le Pouillot siffleur montrent de fortes variations inter-annuelles. Il est donc difficile de conclure sur l'augmentation des effectifs de ces espèces en Île-de-France. De la même manière, c'est la première année que les effectifs de la Perruche à collier et du Cygne tuberculé sont suffisants pour analyser leur évolution. Leurs augmentations devront donc être confirmées à plus long terme, même si elles correspondent au ressenti des observateurs.
Les effectifs de 26 espèces montrent une régression significative dans la région, entre 2002 et 2010. Quatorze espèces présentent une forte diminution d'abondance. Parmi elles, le Moineau friquet (-88 %), l'Hirondelle de fenêtre (-70 %), la Tourterelle des bois (-68 %), le Serin cini (-68 %), le Bouvreuil pivoine (-67 %), la Linotte mélodieuse (-59 %), le Bruant proyer (-57 %), le Bruant jaune (-53 %), le Pouillot fitis (-50 %) sont également en diminution en France et en Europe.
Les effectifs de l'Alouette des champs, de l'Accenteur mouchet, de la Grive draine, de la Grive musicienne, de l'Hirondelle rustique, du Moineau domestique et du Pipit des arbres semblent diminuer de manière moins importante que les espèces précédentes. Mais leurs évolutions franciliennes correspondent aux tendances observées sur le territoire national ou/et européen. L'évolution de ces espèces, comme des précédentes est particulièrement inquiétante.
L'Étourneau sansonnet et le Goéland argenté paraissent aussi en forte régression dans la région entre 2002 et 2010. Toutefois, leur caractère grégaire pourrait entraîner un biais important dans les résultats obtenus. Leurs régressions restent donc à confirmer.
Voir les tendances régionales des 76 espèces étudiées
Évolution des indicateurs "habitat"
À partir des analyses de l'évolution des espèces, des indicateurs, regroupant plusieurs espèces aux caractéristiques communes, peuvent être construits. Ainsi, des indicateurs « habitat » (où les espèces sont classées en fonction de leurs spécialisations à l'habitat) sont régulièrement établis dans le cadre de l'Oroc.
À l'échelle d'une région, le nombre de carrés suivis et les effectifs contactés ne sont pas toujours suffisants. Par conséquent, le Muséum a établi en 2009 une méthode pour mieux prendre en compte le caractère grégaire et les faibles effectifs de certaines espèces. Des listes d'espèces, spécialistes d'un milieu ou généralistes, ont ensuite été constituées par grande zone biogéographique. Dans chaque région administrative, les listes utilisées pour les indicateurs habitats sont plus ou moins complètes en fonction des effectifs contactés.
Entre 2001 et 2009, les indicateurs établis dans la région par le Muséum montrent que les espèces spécialistes des milieux bâtis sont celles qui progressent le plus en Île-de-France suivis par les espèces généralistes. Les espèces forestières semblent en déclin dans la région. En comparaison, sur la même période et sur l'ensemble du territoire national, ce sont surtout les espèces généralistes qui progressent et ce sont les espèces agricoles qui semblent le plus en difficulté.
Des indicateurs peuvent également être établis à l'échelle départementale lorsque les données sont suffisantes. En Île-de-France, les situations varient entre les départements.
Télécharger le Rapport d'activité 2010
Les autres études liées à l'Oroc sont consultables aux locaux du Corif.
Quelques espèces à la loupe
L'Alouette des champs
L'Alouette des champs est une espèce emblématique des milieux agricoles. Son chant volubile est typique. Mais il ne permet pas toujours de repérer le chanteur, visuellement discret et haut dans le ciel.
Elle vit dans les champs, les prairies, les friches, les zones maraîchères, les landes ou encore les tourbières. Elle est majoritairement insectivore, pendant la saison de reproduction, et se nourrit surtout de végétaux en automne et en hiver.
Ses effectifs accusent un lent mais régulier déclin en France et en Europe depuis 1989. L'Alouette des champs, comme beaucoup d'espèces du milieu agricole, semble touchée par l'intensification des pratiques agricoles, qui entraîne la diminution des sites de nidification potentiels et la réduction de ses ressources alimentaires. De même, le broyage précoce des bords de routes et de chemins, ou la chasse, pourrait participer à son déclin. La densité des effectifs peut être considérée comme un indicateur de qualité du milieu agricole.
En Île-de-France, l'Alouette des champs est aussi en régression : ses effectifs auraient chuté de 29 % entre 2002 et 2010 d'après les données de l'Oroc.
Elle est surtout présente à l'ouest de la Seine-et-Marne et au sud de l'Essonne, mais évite logiquement Paris, les départements de la petite couronne francilienne et les grands massifs forestiers de Fontainebleau et de Rambouillet.
Le Bruant jaune
Le Bruant jaune est, comme l'Alouette des champs, une espèce spécialiste du milieu agricole. Ce granivore vit dans des milieux ouverts accompagnés d'arbres ou de buissons : cultures, friches, prairies, chemins enherbés, lisières, clairières ou, enfin, coupes forestières. Il apprécie particulièrement les paysages en mosaïque comme les bocages.
L'espèce est en régression en France et en Europe. Outre l'intensification des pratiques agricoles, le Bruant jaune pourrait être victime du réchauffement climatique. D'après les données de l'Oroc, ses effectifs paraissent avoir très fortement diminué dans la région entre 2002 et 2005, puis les populations semblent s'être relativement stabilisées. Il est actuellement surtout présent dans le nord-est de la Seine-et-Marne.
L'Hirondelle de fenêtre
L'Hirondelle de fenêtre est une espèce grégaire qui niche en colonie, généralement, à l'extérieur des constructions humaines. Les nids sont souvent installés sous le surplomb d'un balcon, d'une fenêtre, d'avant-toit ou encore d'un rocher.
Malgré les variations inter-annuelles et le caractère grégaire de l'espèce (qui compliquent les analyses), l'Hirondelle de fenêtre semble en déclin en Europe, en France et en Île-de-France. Elle est dépendante de la diminution de ses ressources alimentaires provoquées par l'intensification agricole et l'aseptisation des villes. De nombreux nids sont aussi détruits lors de ravalements de façades. Enfin, le milieu urbain favorise la prolifération des parasites dans les nids ce qui diminue le succès reproducteur des hirondelles. Les Hirondelles de fenêtre sont aussi sensibles à la canicule. En 2006, les fortes chaleurs de juin avaient entraîné une baisse importante des effectifs parisiens.
La Perruche à collier
La Perruche à collier est une espèce grégaire, exotique, échappée de captivité, qui est régulièrement observée en Île-de-France depuis le début des années 90. Naturellement, elle vit dans les savanes arborées et dans les zones cultivées d'Afrique et d'Asie tropicales. Mais en Europe, elle est surtout observée en ville, dans les parcs et les jardins. La Perruche à collier niche dans les cavités arboricoles. Elle peut donc entrer en compétition avec des espèces cavicoles indigènes comme les pics ou l'Écureuil roux.
En Île-de-France, l'espèce semble en forte progression, notamment depuis 2005. Elle est surtout présente au sein de l'agglomération parisienne, en particulier au nord de l'Essonne et en Val-d'Oise/Seine-Saint-Denis, à proximité des aéroports d'Orly et Charles-De-Gaulle.