Soigner, protéger, relâcher : au cœur du centre de soins avec Elise

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Illustrations © AdèleVanAertryck

 

Élise est chargée du centre de soins LPO de l'Île Grande à Plemeur-Bodou depuis six ans. Passionnée par la faune sauvage, son engagement a commencé par un service civique au centre Volée de Piafs, après avoir suivi une formation à l'école des soigneurs animaliers en parc animalier de Carquefou. Après plusieurs années de bénévolat et un poste au centre de soins de l’école vétérinaire de Nantes appelé le CVFSE, elle a rejoint l'Île Grande, où l’on soigne plusieurs centaines d'animaux en détresse chaque année.

Une prise en charge minutieuse

Dès qu'un animal arrive au centre de soins, une procédure stricte est mise en place. "On commence toujours par le mettre au calme, dans une pièce adaptée, loin du stress", explique Élise. Ensuite, elle ou son équipe échange avec le découvreur ou le rapatrieur pour obtenir un maximum d'informations : où et comment l'animal a été trouvé, les étapes du trajet, et depuis combien de temps il est en difficulté.

Après cela, un examen médical complet est effectué pour évaluer la gravité de son état. "Certains cas sont soignables, et on fait tout notre possible pour qu'ils puissent retrouver la liberté. Mais parfois, l'état de santé de l’animal est trop détérioré, ses blessures, ses maladies sont insoignables." Dans ces situations, les soigneurs sollicitent l’avis de vétérinaires. Ces derniers peuvent pratiquer l’euthanasie de l’animal s’ils confirment qu’aucun soin ne lui permettra d’être relâché. Certaines espèces peuvent survivre avec un handicap mais ce n’est pas le cas de toutes.

Un centre en constante activité

Chaque année, plus de 1 000 animaux sont accueillis à l'Île Grande, avec un pic d'activité au printemps et en été. " L’été, nous pouvons accueillir jusqu’à 15 animaux en une journée", raconte Élise. Si l'hiver est plus calme, il reste marqué par l'accueil d'oiseaux mazoutés, conséquence favorisée par les tempêtes. "Dès que le temps s'éclaircit après un épisode venteux, que les promeneurs reprennent leur balade sur l’estran, on sait qu'on va recevoir des signalements."

Depuis quelques années, le Hérisson d’Europe est l’espèce la plus prise en charge au centre. "Leur population est en déclin pour diverses raisons de cause ,anthropiques. En parallèle, ils vivent proche de l'homme. Beaucoup de gens les ramassent pensant bien faire, alors qu'ils n'ont pas toujours besoin d'être secourus ! Leur capital sympathie leur fait parfois plus de mal que de bien c’est pourquoi il est important de contacter « SOS faune sauvage Bretagne » pour adopter les bons gestes"

Des difficultés persistantes

Malgré leur engagement, le centre de soins doit faire face à de nombreux obstacles : "Le manque de financement est un problème majeur. De plus, la taille de la structure limite notre capacité d'accueil et le manque de moyens humains alourdit notre charge de travail." Le centre repose également sur l'aide des bénévoles, dont la présence n'est pas toujours assurée. "Sans eux, ce serait très difficile de fonctionner."

Certaines interventions demandent également des compétences spécifiques. "Les oiseaux mazoutés nécessitent un protocole long et délicat : stabilisation, lavage, baignades progressives pour restaurer l'étanchéité de leurs plumes... Plus on agit vite, plus leurs chances de survie augmentent."

La satisfaction du relâcher

Malgré les difficultés, le plus beau moment pour Élise reste toujours le même : "Voir un animal guéri retrouver la liberté, c'est incomparable." Certains sauvetages l'ont particulièrement marquée, comme celui de macareux moines couverts de mazout, finalement remis en mer après des semaines de soins. "Ce sont des victoires immenses."

L'existence de la plateforme SOS Faune Sauvage Bretagne a aussi révolutionné leur travail : "Elle nous permet de consacrer plus de temps aux soins, sans être submergés par les appels d'urgence. On ne pourrait plus s'en passer !"

Un appel aux bénévoles

Face à l'afflux d'animaux en été, le centre de soins LPO de l’Île Grande cherche activement des bénévoles pour juillet, août et septembre. "Aucune compétence particulière n'est requise, juste de la motivation et de la bonne humeur !" La plupart des missions concernent le nettoyage, la réalisation et la distribution des rations et la contention des animaux durant leurs soins.

Pour Élise, ce métier est une aventure quotidienne. "On apprend tous les jours, que ce soit sur la biologie, l’éthologie ou l’écologie des espèces. C'est un travail exigeant, mais passionnant. Et surtout, on rencontre des gens formidables, unis par la même envie d'aider la faune sauvage. C'est ça qui me motive chaque matin."