Sainte-Soline : nos associations portent plainte pour destruction d'habitat d'espèce protégée

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Mâle d'outarde canepetière © Johan Tillet

En accord avec l’avis du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN), nous portons plainte pour destruction de 17 hectares d’habitat d’une espèce protégée du fait des travaux exécutés sur la méga-bassine de Sainte-Soline en l’absence de dérogation espèce protégée.

Depuis 2018, nos associations sont engagées dans des recours administratifs contre le projet des 16 réserves de substitution sur la Sèvre Niortaise. Si nous dénonçons des impacts en termes de gestion de l’eau, nous signalons également des atteintes à la biodiversité. La localisation de certains ouvrages est en effet problématique au regard de la préservation d’espèces protégées.

Tel est le cas de la méga-bassine de Sainte-Soline, dite « SEV15 ». D’une surface de 160 894 m², cet ouvrage se situe sur un habitat sensible abritant des espèces protégées (Outarde canepetière, Busard cendré, Courlis cendré, Œdicnème criard …).

À ce titre, conformément au code de l’environnement, nos associations soulignent depuis des années la nécessité pour le porteur de projet de déposer une demande de « dérogation espèce protégée » conformément à l’article L.411-2 du code de l’environnement. Le respect de cette procédure n’aurait pas porté atteinte à l’existence de la bassine mais aurait permis de mettre en place des mesures compensatoires adéquates pour compenser la perte d’habitat du fait de la construction de la bassine de Sainte-Soline.

Le porteur de projet, la Société Coopérative Anonyme de l'Eau des Deux-Sèvres, a toujours refusé de déposer une telle demande. Les Préfectures ne l’ont pas non plus imposé.

Or, après s’être auto-saisi du dossier, le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) a rendu un avis le 22 novembre 2023 sur les enjeux biodiversité entourant la méga-bassine de Sainte-Soline (voir l'avis du CNPN en bas de page).

Dans cet avis, les experts du CNPN ont démontré que les impacts directs et indirects sur l’Outarde canepetière étaient bien réels. Le CNPN en a déduit, d’une part, qu’il aurait dû être sollicité par le porteur de projet et, d’autre part, qu’une dérogation espèce protégée aurait dû être déposée et obtenue avant tout travaux.

Sur la base de cet avis du CNPN, le 3 janvier 2024, nos associations ont déposé plainte pour destruction de 17 hectares d’habitat protégé auprès du Procureur de la République du Tribunal Judiciaire de Niort du fait des travaux exécutés sur la méga-bassine de Sainte-Soline en l’absence de dérogation espèce protégée. Il s’agit d’un délit prévu à l’article L.415-3 du code de l’environnement.

  • Les signataires :

L’Association agréée de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique des pêches sportives Saint-Maixentaises,
L’Association de Protection, d’Information, d’Etude de l’Eau et son Environnement (APIEEE),
La Fédération Poitou-Charentes Nature (PCN),
La Fédération de Charente-Maritime pour la pêche et la protection du milieu Aquatique,
La Fédération des Deux-Sèvres des Associations Agréées pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (AAPPMA),
Le Groupe Ornithologique des Deux-Sèvres (GODS),
La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO),
Nature Environnement 17 (NE17),
SOS Rivières et Environnement,
Vienne Nature.
[1] https://www.cnrs.fr/fr/presse/lintensification-de-lagriculture-est-lorigine-de-la-disparition-des-oiseaux-en-europe

Documents à télécharger

Avis CNPN Sainte-Soline nov 2023
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