Boisements urbains et lisières pour la faune et la flore

Boisements urbains et lisières pour la faune et la flore

La présence de boisements en milieu urbain s’observe au travers des parcs ou des forêts péri-urbaines. Ce sont des écosystèmes spécifiques essentiels, au même titre que les friches et les lisières urbaines. En ville, les arbres jouent des rôles environnementaux, économiques, socio-culturels. Les arbres figurent dans le paysage urbain sous différentes formes : ils peuvent être isolés ou plantés en alignement. Cela peut être des boisements relictuels ou nouvellement plantés. Les arbustes sont également présents dans les friches urbaines. Nous abordons ici l’intérêt de l’arbre en ville et l’importance de préserver les lisières urbaines pour la biodiversité, notamment pour les jardins situés à proximité de forêts.

Renard roux (Vulpes vulpes) un mammifère souvent observé en lisière de forêt © Pixabay

Intérêt de l'arbre en ville

En ville, les arbres rythment les saisons et sont synonymes de bien-être et de nature. Ils assurent diverses fonctions écologiques incontournables et sont une réponse au changement climatique. Les arbres régulent la température locale grâce à l’évapotranspiration et rafraîchissent l’air de la ville en été. Ils assurent la photosynthèse en produisant de l’oxygène et en stockant le carbone de l’air. Ils facilitent l'infiltration des eaux pluviales et font barrière au vent. Ils captent certains polluants. Ils sont le support de vie de nombreux animaux sauvages : insectes, petits mammifères, chauves-souris, oiseaux… La diversité végétale est favorable à celle de la faune (habitat, nourriture, reproduction), plus spécialement quand les essences sont indigènes (voir le geste « Je plante et préserve des variétés locales d’arbres et d’arbustes »).

En ville, les arbres régulent la température grâce à l'évapotranspiration © Tomm L. - Gettyimages

La forêt urbaine, relique de boisements anciens

Les vestiges de forêts naturelles ont toujours existé dans le tissu urbain et ils font aujourd’hui l’objet d’une attention particulière dans les plans d’aménagement(1). Il s’agit bien souvent de boisements anciens créés par des forestiers ou des aménageurs. Ils constituaient du bois de réserve destiné aux charpentes, à la marine… ou de réserves de chasse. Ces « forêts » ont peu à peu été rognées par l’urbanisation. Aujourd’hui, le terme de « forêt urbaine » désigne plutôt des boisements nouvellement plantés, dont l’objectif est de végétaliser la ville avec des méthodes de gestions écologiques (comme la gestion différenciée) afin de constituer une trame verte globale. Aux côtés des plans d’aménagement des villes, les jardins des particuliers ont un rôle à jouer pour préserver les boisements et leur biodiversité. Cela passe par le maintien des formations arbustives composées d’essences indigènes comme ce que nous conseillons dans le réseau des Refuges LPO.

La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), propose une définition de la forêt urbaine : « Réseaux ou systèmes incluant toutes les surfaces boisées, les groupes d’arbres et les arbres individuels se trouvant en zone urbaine et périurbaine, y compris, donc, les forêts, les arbres des rues, les arbres des parcs et des jardins, et les arbres d’endroits abandonnés. Les forêts urbaines sont les piliers des infrastructures vertes, reliant les zones rurales aux zones urbaines et améliorant l’empreinte environnementale des villes. »

Lisière urbaine dans une zone pavillonnaire de Tours où les vieux arbres prédominent © Nicolas Macaire

Qu'est-ce qu'une lisière urbaine ?

Les lisières urbaines se créent à l’interface des milieux urbains et naturels. Il s’agit généralement d’une friche qui peut prendre différentes formes en fonction de la proportion de plantes herbacées, de la proportion d’arbres et de leur âge. La lisière urbaine assure la transition avec une forêt voisine. Sur le plan écologique il s’agit d’un écotone(2), zone majeure de circulation de la faune sauvage et particulièrement riche en espèces.

La lisière urbaine accueille non seulement des espèces propres aux deux écosystèmes frontaliers - la forêt et la ville - mais aussi des espèces qui lui sont propres : le chevreuil sort de la forêt pour venir se nourrir dans la lisière, le renard roux se reproduit dans la lisière et vient se nourrir en zone périurbaine. La lisière urbaine sert de zone de circulation et de chasse aux chauves-souris, au hérisson d’Europe… Par contre certaines espèces d’oiseaux ne se reproduisent que dans la lisière urbaine où le milieu est spécifique : l’hypolaïs polyglotte, la fauvette grisette, le tarier pâtre, le chardonneret élégant…  Elle est, de ce fait, plus riche et la densité des populations animales et végétales y est supérieure. Ce phénomène est nommé « effet de haie » car particulièrement visible pour les jardins disposant d’une haie en bordure d’un champ.

Hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta), une fauvette qui affectionne les formations ligneuses basses et ouvertes, munies ou non d'une strate herbacée © Thérèse Boussemart

Friches de jardins en lisière de forêt

Les jardins se trouvant en lisière de forêts peuvent être aménagés pour favoriser la biodiversité. L’idée est de prolonger les continuités écologiques en préservant une zone de friches en limite du massif boisé. Il s’agit de laisser pousser la flore spontanée dans le jardin sans intervenir. Les jeunes arbres indigènes (chênes, charmes, hêtres…) pourront s’y développer. Les essences nourricières à fruits, baies et graines sont bien sûr les plus favorables (voir le geste Je favorise l’accès aux ressources alimentaires naturelles pour la faune sauvage). Si vous constatez la présence d’arbustes exotiques (robinier faux-acacia, ailanthe), il est conseillé de les couper en laissant une grande diversité d’essences indigènes.

Après quelques années de libre évolution, vous obtiendrez une friche disposant d’un étage herbacé, arbustif et arboré. Ces trois strates sont importantes mais dans votre gestion de la lisière, il vous faudra plutôt favoriser les strates arbustives et herbacées pour conserver le milieu de transition avec la forêt. Il est envisageable d’appliquer une fauche tardive (à la mi-août par exemple) ou un débroussaillage partiel sur certaines parties herbacées afin de ré-ouvrir le milieu.

Les 4 strates végétales

Il s'agit de conserver les zones "ouvertes" (à gauche sur le schéma) sans intervenir, et de couper uniquement les arbustes les plus hauts (plus de 4 mètres) qui auraient poussé sur la zone. Il ne s'agit pas de réaliser une coupe "à blanc"  bien sûr mais de choisir les arbustes et buissons épars qui fermeraient trop la friche. Pour les grandes surfaces (d'au moins 1 hectare), un éco-pâturage(3) à l'aide de moutons, de vaches ou de chevaux est envisageable.

Après plusieurs années, vous aurez créé une lisière urbaine qui sera une véritable petite réserve naturelle où observer la faune et la flore sauvages.

Le tircis (Pararge aegeria), un papillon de jour qui habite les clairières et les lisières, ici dans la strate herbacée de la lisière © Nicolas Macaire

Pour conclure

La lisière urbaine doit être perçue non pas comme une zone laissée à l’abandon mais comme un réservoir de biodiversité en ville. Elle n’est d’ailleurs pas exempte d’intervention car un minimum de gestion écologique s’y applique. Les jardins situés en bordure de forêt ont un rôle à jouer pour préserver la biodiversité et la création de lisières urbaines offre un refuge à la faune et à la flore sauvages.

  1. Les projets de boisements urbains se multiplient notamment suite à l’élaboration de plans arbres par les communes qui souhaitent mettre en œuvre une politique de l'arbre dans les zones urbaines et périurbaines.
  2. Ecotone : zone de transition entre deux écosystèmes (ex. : le passage d’un milieu forestier à une prairie).
  3. Ecopâturage : mode de pâturage extensif à l’aide d’animaux de races locales et/ou anciennes (chevaux, ânes, moutons…), permettant d’entretenir les prairies naturelles et de les préserver de l’enfrichement sans avoir recours au fauchage mécanique. Egalement appelé éco-pastoralisme.
dernière mise à jour : 6 février 2024