Milan royal

Conseil Biodiversité

Milan royal © Bruno Berthémy

Petite histoire

Jusqu’aux XVIe et XVIIe siècles, le milan royal faisait la voirie dans des villes comme Paris ou Londres. Louis XIII chassait en vol le milan royal à l’aide de faucons gerfauts dans la plaine Saint-Denis et relâchait ses prises par la fenêtre depuis le Louvre après avoir coupé les deux rectrices centrales (premier exemple de marquage !). D’où son nom de milan royal, parce que son vol était réservé à l’équipage royal. Ce devait être un oiseau extrêmement abondant avant l’invention du fusil !

Description

« Merveilleux voilier d’exploration, le milan royal cherche tout autre chose que la vitesse. Il flâne, plane et louvoie au dessus des terrains découverts, le gouvernail de la queue sans cesse en action ; les gauchissements souples des ailes, au besoin quelques battements légers et nonchalants, guident ses évolutions. » Paul Géroudet

Milan royal en vol © Christian Aussaguel

Milan royal © Romain Riols

Envergure : 145 à 165 cm.

Longueur : 59 à 66 cm.

Poids : 800 g à 1 050 g pour le mâle et 950 g à 1 300 g pour la femelle.

Dimorphisme sexuel : Il existe un léger dimorphisme de taille chez les adultes, les ailes du mâle mesurent 475 à 500 mm tandis que celles de la femelle sont plus grandes, de 475 à 530 mm.

Voix : Plutôt silencieux, il peut faire entendre des sortes de miaulements et des cris aigus « hi hi hi ».Cliquer ici pour entendre son cri d’appel.son extrait des CD "Tous les oiseaux d'Europe" avec l’aimable autorisation de Sittelle.

Durée de vie : Record de 26 ans pour une femelle.

Habitat : Le milan royal se rencontre dans les milieux ouverts, souvent agricoles.

Reproduction : 2 à 3 œufs en moyenne, pondus en mars-avril, vont être couvés pendant 35 à 40 jours. Les jeunes, élevés pendant deux mois, attendront environ l’âge de 3 ans avant de commencer à se reproduire à leur tour.

Mue : Elle commence en avril-mai par les rémiges primaires pour se terminer en septembre par les pennes de la queue juste avant le départ en migration. Les juvéniles commencent à muer avec les plumes du corps dès leur premier automne mais le remplacement des plumes de vol ne débute pas avant le printemps suivant.

Alimentation : C’est un rapace particulièrement opportuniste et très charognard.

Identification : Le milan royal est un rapace très facile à identifier, entre autres grâce à sa longue queue rousse triangulaire, profondément échancrée, typique de l’espèce. La tête est blanchâtre et le plumage brun rouge dessus et roux rayé de brun dessous. Les ailes sont tricolores dessus et on peut observer au-dessous deux fenêtres blanches, situées au niveau des poignets, également caractéristiques du milan royal. Les jeunes oiseaux sont faciles à reconnaître dans les premiers mois suivant leur envol : l’ensemble du plumage est nettement plus pâle, les couvertures sus-alaires sont terminées par une petite frange blanche et l’iris est sombre.

Distinction milan royal/milan noir

En vol, il est assez facile de distinguer les deux espèces qui diffèrent par la couleur du plumage (notez les tâches blanches au niveau des poignets chez le milan royal) et la forme de la queue (très échancrée chez le milan royal).

De gauche à droite : Milan royal et milan noir © Romain Riols

 Détermination de l'âge chez le milan royal

Afin de distinguer un milan royal juvénile d'un milan royal adulte, voici quelques critères clés à connaître.

A gauche : milan royal adulte ; à droite : jeune milan royal © Christian Aussaguel

A gauche : milan royal adulte ; à droite : jeune milan royal © Christian Aussaguel

Biologie et écologie

Habitat

Le milan royal est typiquement une espèce des zones agricoles ouvertes associant l'élevage extensif et la polyculture. Les surfaces en herbage (pâtures, prairies) sont généralement majoritaires. Il n'habite pas les paysages très boisés dont les massifs forestiers trop proches les uns des autres ne correspondent pas du tout à son mode de chasse et d'alimentation. De même, la proximité des zones humides seules ne suffit pas à l'établissement de couples nicheurs. En France, les paysages vallonnés qui constituent le piémont des massifs montagneux lui conviennent parfaitement. Le milan royal niche des plaines jusqu’aux étages collinéen et montagnard (jusqu’à 1 400 mètres). Toutefois il franchit régulièrement cette limite pour chercher sa nourriture.

Milieu typique de nidification © Romain Riols

Reproduction

L’installation

Construction du nid

Dès son arrivée, entre quelques manifestations territoriales, le couple s’affaire à la construction du nid. Ceci tend à prouver que le couple arrive déjà formé sur le site de nidification. Les couples qui ne reprennent pas le nid de l’année précédente en construisent un nouveau en utilisant la base d’un vieux nid de corneille noire ou de buse variable. Le nid, constitué de branches et brindilles, est bien souvent garni de papiers, plastiques et chiffons. Peu de temps avant la ponte, de la laine de mouton est déposée dans le nid et forme une petite cuvette destinée à recevoir les œufs. C’est essentiellement le mâle qui va chercher les matériaux dans un rayon de 70 à 100 mètres autour du nid. Des matériaux peuvent encore être apportés au cours de l’incubation et de l’élevage des jeunes.

L’aire

Support et emplacement du nid

Le nid est habituellement construit dans la fourche principale ou secondaire d’un grand arbre. Localement, dans certaines îles méditerranéennes (Baléares, Cap Vert), les oiseaux nichent dans les rochers ou falaises. Ce fait n'a pas été noté en Corse. Le nid doit être facile d’accès, aussi la majorité des nids se situe à moins de 100 mètres de la lisière et bien souvent les nids sont situés à flanc de coteau. Le milan niche également dans les haies avec de gros arbres et, dans certains cas, sur des arbres isolés. Enfin, il convient d'ajouter que l'espèce peut s'habituer à une certaine fréquentation humaine à proximité du nid et il lui arrive de nicher près des habitations, chemins ou routes.

Nid de Milans royaux © Romain Riols

La ponte

La femelle pond 2 à 3 œufs, rarement 1 ou 4. Les pontes de 3 œufs dominent légèrement. Les œufs ovales sont blancs, très rarement bleuâtres, parsemés de petites et grosses tâches rouges à marron sombre. La période de ponte s’étend de fin mars à avril.

L’incubation

Il faut compter 31 à 32 jours d’incubation par œuf, soit 38 jours pour une ponte de 3 œufs. La femelle incube dès la ponte du premier œuf et en assure la quasi-totalité, le mâle ne la relayant que sur de très courtes périodes. Celui-ci s'occupe de nourrir la femelle durant toute la phase d'incubation. C'est également son rôle principal durant les 15 premiers jours qui suivent l'éclosion, période pendant laquelle la femelle nourrit et veille sur les poussins. Par la suite, mâle et femelle protègent la nichée et chassent pour les jeunes.

L’élevage des jeunes

La plupart des couples de milans produisent 1 à 3 jeunes à l'envol, rarement 4. Les poussins restent au moins 40 jours au nid, parfois jusqu'à 60 jours, la durée varie en fonction de la taille de la nichée et de la disponibilité alimentaire. A cet âge, ils quittent le nid pour voleter de branches en branches car ils ne volent réellement qu'à l'âge de 48-50 jours. Par la suite, la famille reste unie et continue d’exploiter le territoire de reproduction jusqu’à ce que les jeunes deviennent indépendants, généralement au bout de 3 à 4 semaines.

Cycle annuel du milan royal

Maturité sexuelle

Le milan royal se reproduit généralement pour la première fois à l’âge de trois ans (exceptionnellement à l’âge d’un an seulement).

Poussin de Milan royal au nid

Poussin de Milan royal © Romain Riols

Régime alimentaire

Le milan royal est une espèce très opportuniste. Son régime alimentaire est très varié et dépend des conditions locales. Si les micromammifères (campagnol des champs, campagnol terrestre et taupe) constituent la base de son alimentation, le milan royal se nourrit également d’oiseaux (passereaux et jeunes corvidés essentiellement). Les invertébrés (lombrics, insectes terrestres et aériens) représentent une part importante de son alimentation. Mais le milan royal est également charognard : les restes d’animaux domestiques, récupérés à l’état de déchets sur les décharges, aux abords des élevages et de fermes ainsi que l’avifaune et les mammifères victimes du trafic routier, représentent aussi probablement une part importante de son alimentation. Contrairement au milan noir, le milan royal n’est pas inféodé aux milieux d’étangs, mais il ne dédaigne pas de s’alimenter de poisson ou même de parasiter d’autres espèces de rapaces. A la différence du milan noir qui fouille à l’intérieur des décharges, le milan royal préfère parasiter les milans noirs ou les corvidés pour leur subtiliser leur butin.

De gauche à droite : Milans royaux sur la décharge de Saint-Flour (Cantal) ; Prairie et taupinières de campagnol terrestre, un milieu apprécié par le milan royal

De gauche à droite : Milans royaux sur la décharge de Saint-Flour (Cantal) ; Prairie et taupinières de campagnol terrestre, un milieu apprécié par le milan royal © Romain Riols

Milans à la recherche de lombrics © Romain Riols ; Milan sur une carcasse © Yann Toutain

Migration et hivernage

Migration

Le milan royal est un migrateur partiel. Les populations les plus nordiques et les plus continentales traversent l’Europe, du nord-est au sud-ouest, pour aller hiverner en Espagne, en France et plus rarement en Afrique du Nord. Les populations les plus méridionales sont majoritairement sédentaires. Pour ce planeur, les heures chaudes de fin de matinée et début d'après-midi sont prépondérantes pour la migration. Il migre plutôt en solitaire ou en petit groupe.

Migration d’automne : en route pour les quartiers d’hiver

La migration postnuptiale du milan royal commence dès le début du mois d'août et se prolonge jusqu'en novembre. Le pic du passage est enregistré au mois d'octobre.

Migration de printemps : les nicheurs s’installent

Les populations migratrices du milan royal quittent très tôt leurs quartiers d’hiver. La migration prénuptiale s’étend de janvier à mai, le plus gros du passage s’effectuant en février-mars. Les couples nicheurs les plus précoces sont généralement de retour sur leur site de nidification en février-mars. Certains couples passent tout ou partie de l’hiver sur leur site de nidification, ils peuvent alors y être notés à partir de fin décembre, comme c’est le cas en Corse.

Hivernage

En dehors de la saison de reproduction, il s’agit d’une espèce grégaire qui forme des dortoirs regroupant plusieurs dizaines voire centaines d’individus. Ces dortoirs sont le plus fréquemment dans de petits boisements, bosquets ou alignements d’arbres. Ils sont aussi très souvent situés à proximité de fermes ou de petits hameaux isolés. Cette proximité avec des sites habités leur assure probablement une sécurité appréciable. L’emplacement d’un dortoir peut varier d’une année à l’autre et même d’un jour à l’autre.

De gauche à droite : envol de milans royaux vers le dortoir ; prédortoir ; dortoir de milans royaux

De gauche à droite : envol de milans royaux vers le dortoir ; prédortoir ; dortoir de milans royaux © Romain Riols

Distribution et effectifs

Distribution

Le milan royal est une espèce dont la distribution mondiale est européenne (espèce endémique). On le rencontre dans une étroite bande reliant l’Espagne à la Biélorussie, l’Ukraine constituant sa limite orientale de répartition. Plus à l’ouest, une petite population récemment établie occupe une partie de l’Angleterre. Au total, cinq pays (Allemagne, France, Espagne, Suisse et Suède) abritent près de 90 % de la population mondiale.

Carte mondiale de répartition du milan royal

Carte fournie avec l’aimable autorisation de Lynx Edicions (extraite del Hoyo, J., Elliott, A. & Sargatal, J. eds. (1994). Handbook of the Birds of the World. Vol. 2. New World Vultures to Guineafowl. Lynx Edicions, Barcelona). en jaune : zone de nidification ; en vert : zone de nidification et zone d'hivernage.

Répartition en Europe

Répartition du milan royal en Europe en 2018 (A. Aebischer)

Distribution en France (2000-2002)

En France, la répartition du milan royal est hétérogène et se décompose en cinq foyers principaux que sont l’ensemble du piémont pyrénéen, le Massif central, la chaîne jurassienne, les plaines et régions collinéennes du nord-est et la Corse.

Carte extraite de Rapaces nicheurs de France, Jean-Marc Thiollay et Vincent Bretagnolle chez Delachaux et Niestlé.

Carte extraite de Rapaces nicheurs de France, Jean-Marc Thiollay et Vincent Bretagnolle chez Delachaux et Niestlé.

Effectifs

Europe :

Cinq pays abritent près de 90 % de la population nicheuse mondiale du milan royal : l’Allemagne (13 380-16 110 couples), la France (2 340-3 020 couples), l’Espagne (2 310-2 350 couples), la Suède (2 100 couples) et la Suisse (2 500 couples). Si l'on ajoute le Royaume-Uni (1 600 couples), la Pologne (1 000-1 500 couples), et l'Italie (425-515 couples), on obtient la quasi-totalité de cette population mondiale, estimée entre 26 500 et 30 700 couples (Aebischer).

France :

En France, la population nicheuse est estimée entre 2 340 et 3 020 couples (Enquête LPO/CNRS, 2008) soit près de 12 % de la population mondiale ! Plus de 10 000 individus hivernent également sur notre territoire, principalement dans les Pyrénées et le Massif central. Notre pays est survolé par les importantes populations continentales et nordiques lors des migrations printanière et automnale.

Évolution des effectifs :

Apparemment abondant dans presque toute son aire de distribution au 16e et 17e siècle, le milan royal connaît une régression de ses effectifs dramatique à partir du milieu du 19e siècle. Cette régression est freinée en France puis la tendance est même inversée à partir du début des années 1970, en grande partie grâce aux mesures de protection instaurée (protection légale de tous les rapaces en 1972). L’aire de répartition s’est considérablement accrue et ce jusqu’à la fin des années 80. Le début des années 90 marque l’amorce d’une diminution malgré les efforts entrepris par le réseau « milan royal » dans le cadre du plan national de restauration. L’enquête lancée en 2008 révèle en effet un déclin de plus de 20 % des effectifs entre 2008 et 2002. Le Massif central et le nord-est de la France enregistrent des déclins statistiquement significatifs.
Depuis, la population nicheuse française semble 'hui avoir retrouvé une certaine stabilité.

Le suivi des migrateurs sur les cols pyrénéens (Pays basque) a mis également en évidence le déclin important et régulier des effectifs de milans royaux jusqu’au début des années 2000, période à partir de laquelle la tendance s’est inversée radicalement, à tel point que depuis 2012, un record de migrateurs est enregistré chaque année. Ainsi, plus de 19 000 milans royaux ont été recensés à l’automne 2017 quand à peine 5 000 étaient comptés en 2000.
 Evolution interannuelle des effectifs de milans royaux sur les 3 sites de migration du Pays basque (Organbidexka, Lindux et Lizarrieta)

Effectifs migrateurs sur les cols basques © LPO

Menaces et statuts

Menaces

Il y a encore vingt ans, le milan royal était un rapace commun. Aujourd’hui, c’est une espèce gravement menacée. Ses effectifs ont chuté et son aire de répartition a considérablement diminué. Les causes de son déclin sont multiples : la progression des surfaces cultivées, les modes de cultures plus intensifs associés aux traitements phytosanitaires contribuent à dégrader son habitat et à réduire les populations de proies.
A cela s’ajoutent les empoisonnements accidentels lors de régulations des populations de campagnols (bromadiolone) et volontaires (faits en toute illégalité), la fermeture des décharges, le tir, les lignes électriques, les collisions avec les véhicules et les éoliennes.

Diminution et dégradation de l'habitat

Depuis la fin des années 1980, les types de cultures ont beaucoup changé dans les zones où s'exerçait traditionnellement l'élevage bovin. On note la progression des surfaces en maïs aux dépens des prairies, pâtures et autres cultures. Ces espaces abritaient de nombreuses proies pour les milans, alors que les champs de maïs sont pauvres en ressources alimentaires. Les superficies de milieux prairiaux (hors prairies artificielles et pelouses) ont diminué en France de 16,4 % entre 1982 et 1997. A l'inverse de l’intensification, la déprise agricole entraînant l'extension des boisements au détriment des paysages ouverts, favorables aux milans, a aussi un effet négatif.

Empoisonnements

Les mœurs de charognard du milan royal le rendent particulièrement sensible aux empoisonnements. Certaines familles de produits actuellement utilisés présentent des risques immédiats, à long terme et indirects (diminution des ressources alimentaires), comme les rodenticides, anticoagulants, les corvicides, molluscicides, des insecticides et quelques herbicides. Les milans royaux peuvent aussi être contaminés par les plombs de chasse (saturnisme). La bromadiolone, puissant anticoagulant, est autorisée par les services de l'Etat pour lutter contre les pullulations cycliques du campagnol terrestre, lesquelles entraînent dans les champs et les prairies des dégâts considérables, responsables de graves pertes d'exploitation pour les éleveurs. Le milan royal, situé en bout de chaîne alimentaire, subit le phénomène de concentration des substances nocives. Il souffre du traitement chimique des cultures touchant les petits invertébrés (lombrics…) directement au contact des polluants.Les milans subissent également toujours les persécutions des chasseurs et agriculteurs qui l'accusent de s'attaquer au petit gibier. Les milans peuvent éventuellement s’attaquer à des poules dans les basses-cours, fait rare, mais qui contribue à lui donner mauvaise réputation. Ces persécutions étaient importantes surtout jusqu’aux années 1970. Aujourd’hui, ce sont les empoisonnements non ciblés qui affectent le milan royal. L’empoisonnement par des appâts destinés aux carnivores sauvages et aux corvidés est en effet l’une des principales causes de mortalité en France et en Espagne. C’est aussi une des causes principales de la raréfaction du milan dans certaines îles : Sardaigne, Sicile, Majorque etc.

Milan royal, buses et corvidés victimes d’un empoisonnement

Milan royal, buses et corvidés victimes d’un empoisonnement © Romain Riols

Collision avec des éoliennes

Peu de cas de collisions de milans royaux avec des éoliennes sont recensés en France et pour cause, peu de parcs éoliens sont actuellement implantés au sein de son aire de répartition. Les cas sont néanmoins en augmentation ces dernières années. Aussi, les retours d'expérience dans les pays voisins ainsi que la politique française en matière de transition énergétique amènent à considérer les éoliennes comme un risque à prendre en compte pour l'espèce.

Collision mortelle d’un milan royal avec une éolienne en Champagne crayeuse – photo : Cédric Bazin © ; les parcs éoliens constituent très souvent des zones de chasse favorables pour les milans royaux

Collision mortelle d’un milan royal avec une éolienne en Champagne crayeuse – photo : Cédric Bazin © ; les parcs éoliens constituent très souvent des zones de chasse favorables pour les milans royaux © Romain Riols

Percussion avec des lignes électriques et électrocution

Les lignes électriques sont responsables de la mort de nombreux grands rapaces. Faute de prospections systématiques et compte tenu de la disparition rapide des cadavres, consommés par les prédateurs, l'électrocution et les collisions avec le réseau électrique sont considérées, pour le milan royal, comme une menace a priori faible ou mal évaluée.

Tirs

Passant de longues heures à voler lentement à basse altitude, au-dessus des prairies, près des hameaux, le milan royal est peu farouche et très visible. Il est de ce fait une cible facile. Le tir est d'ailleurs la première cause d'accueil des milans royaux dans les centres de soins.

Collision avec des véhicules

Si les routes sont meurtrières pour de nombreuses espèces, elles le sont particulièrement pour le milan royal. En cause, son mode de prospection alimentaire et son intérêt pour les cadavres d'animaux tués sur les routes ou en bordure. Par ailleurs, les individus affaiblis et à la vigilance réduite du fait d'une intoxication sont également plus à même d'être percutés par des véhicules.

Dérangements en période de nidification

L’exploitation forestière, les travaux agricoles ou bien encore le passage répété d'engins motorisés ou de promeneurs à proximité des aires de nidification sont les prinicpales sources de dérangement susceptibles de provoquer un échec de reproduction. Si les parents prennent peur et quittent l’aire, la réussite de la nidification est menacée. L’absence prolongée des parents peut en effet être lourde de conséquences. Elle peut entraîner le refroidissement des œufs et la mort de l’embryon ou prive les jeunes de nourriture. Le nid n’est plus protégé et est exposé aux prédateurs naturels, tels que les corvidés qui en profitent pour gober les œufs ou dévorer les poussins. Pendant la période de cantonnement, la chasse peut aussi être facteur de dérangement.

Fermeture des décharges

Le milan royal fréquente volontiers les décharges à ciel ouvert, dans lesquelles il trouve facilement de la nourriture, en particulier en hiver. La fermeture progressive de ces sites pourrait avoir des conséquences importantes sur la survie de l'espèce. D'un autre côté, la nourriture qu'il y trouce est assez souvent contaminée et il y absorbe aussi des éléments potentiellement dangereux (plastiques, etc.).

Statuts

Le milan royal, comme toutes les espèces de rapaces, est protégé en France selon la loi du 10 juillet 1976 (arrêté d’application du 17 avril 1981) relative à la protection de la nature.

De plus, il figure en annexe I de la Directive "Oiseaux" (n° 79/409 du 6 avril 1979). Cette directive européenne s'applique à tous les Etats membres de la Communauté depuis le 6 avril 1981. Elle vise à assurer la protection de toutes les espèces d'oiseaux désignées en annexe I de la dite Directive et elle permet la désignation de Zones de protection spéciales qui sont destinées à renforcer le réseau Natura 2000.

Il figure également en annexe II de la Convention de Berne qui a pour objet d'assurer la conservation, au niveau européen, de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats naturels, notamment des espèces et des habitats dont la conservation nécessite la coopération de plusieurs Etats.

De plus, en tant qu’espèce migratrice, la Convention de Bonn (82/461/CEE du Conseil, du 24 juin 1982) lui accorde un statut de protection à l'échelle mondiale. Comme l’ensemble des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, il est protégé par la CITES ou encore Convention de Washington. Cette "Convention sur le Commerce International des Espèces" est un accord international entre Etats qui a pour but de veiller à ce que le commerce international des spécimens d'animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent.

Jusqu'en 2019, le milan royal était classé dans la catégorie "Quasi-menacée" en raison du déclin modérément rapide de sa population, dû principalement à l'empoisonnement par les pesticides, à la persécution et aux changements dans l'utilisation des terres, entre autres menaces. En 2020, ses statuts mondial et européen ont été révisés. L'espèce figure désormais dans la catégorie "Préoccupation mineure" de la liste rouge IUCN (source : BirdLife International, 2020).

En France, l'UICN classe le milan royal comme une espèce menacée dans la catégorie "Vulnérable" aussi bien pour les populations nicheuses qu'hivernantes.

En savoir plus

Un PNA en faveur du Milan royal