Je t’« haie » prévu une petite place !
haie en bordure d'un champ de maïs

© Sophie Raspail (LPO)

Pour manger, à chacun sa stratégie !

Certaines espèces, notamment les rapaces et les chauves-souris, pratiquent la chasse à l’affût, et se servent de branches hautes en lisière de haies pour se percher, permettant ainsi de réguler naturellement les populations de micromammifères pour les unes, et de moustiques, papillons de nuit et coléoptères pour les autres. L’Épervier d'Europe quant à lui, chasse en vol plané au ras du sol et le long des haies pour attraper ses proies par surprise, souvent d'autres oiseaux (grives, étourneaux, pinsons, merles, geais …).

La Grive musicienne, elle, y trouve ses escargots (petits gris, escargots des bois, des haies) qui affectionnent les haies assez touffues, et sortent la nuit pour manger. Elle attrape et cogne sa proie sur un caillou qui lui sert d’enclume, pour casser la coquille. Pas si bête ! Elle est aussi très friande de vers de terre, limaces, larves et insectes en tout genre.

Un nid ! Où ça ?

Un grand nombre d’oiseaux font leur nid dans les haies pour les rendre moins visibles aux yeux des prédateurs. La Tourterelle des bois, par exemple, affectionne les paysages ouverts, riches en haies, bois, bosquets, buissons, friches buissonnantes. Une étude montre que la hauteur moyenne d’installation des nids des tourterelles des bois est de 2,4 mètres… Mais même si elle a besoin de hauteur, elle se nourrit principalement sur le sol, de graines et de fruits provenant des mauvaises herbes et des céréales. Quelques baies et champignons sont parfois consommés, ainsi que des insectes, des cocons, des vers de terre et des escargots.

Les bruants (Bruant jaune, Bruant zizi) quant à eux nichent dans la partie basse et touffue des haies. Ils utilisent le sommet des arbres pour chanter, c’est d’ailleurs comme ça qu’on les repère. Cela leur permet de mieux se faire entendre pour attirer les femelles.

A chacun sa hauteur, à chacun son menu !

Plus une haie sera diversifiée avec :

  • différentes hauteurs (herbes hautes, arbrisseaux, arbustes, arbres),
  • différentes essences (avec notamment des baies, fruits, lianes, épineux …),
  • quelques arbres vieux et arbres morts pour les trous (qui serviront de gîte, nid, refuge) et le bois en décomposition (nourriture des insectes xylophages)

… plus vous obtiendrez une haie fonctionnelle avec un équilibre subtil d’espèces en tout genre, avec aussi bien des proies que des prédateurs, qui peuvent devenir à leur tour des proies pour des prédateurs plus gros. Chaque espèce, à un moment donné dans la chaine alimentaire, peut jouer un rôle d’auxiliaires de cultures !

On reste en contact ?

Les haies reliées entre elles ou à d’autres éléments du paysage permettent aux animaux de se déplacer en toute sécurité (enfin presque !) mais aussi de se cacher de leurs prédateurs ou de leurs proies. Par exemple, la présence d’une haie entre une mare et un bosquet permet aux amphibiens comme le crapaud commun de se déplacer entre l’endroit où il hiverne et celui où il se reproduit. Sans cela, certaines espèces s’y maintiendront plus difficilement.

Pour la plupart des chauves-souris, les haies sont de véritables territoires de chasse. Certaines espèces suivent la structure et les éléments du paysage pour se déplacer et s’alimenter en chemin, car elles sont grandes consommatrices d’insectes. Ce sont de véritables auxiliaires, et notamment utiles en arboriculture.

Pour les passereaux migrateurs, les haies sont de véritables routes de ravitaillement ! Tout en effectuant leur migration, par exemple, les fauvettes y trouvent multitude de baies dans les arbustes, et les gobemouches se régalent d’insectes volants tels que mouches, moustiques, qu’ils chassent en vol et à l’affût sur des branches d’arbres constituant d’excellents postes de chasse !