Cohabiter avec les pics

Conseil Biodiversité
pic vert dans l'herbe

Pic vert (Picus viridis) © Kevin Broquereau

Les Pics : sentinelles des forêts et maîtres du bois

Les pics sont des oiseaux fascinants, parfaitement adaptés à la vie arboricole. Leur morphologie unique, avec quatre doigts puissants (deux vers l’avant et deux vers l’arrière), leur permet de grimper aisément aux troncs. Leur bec droit, robuste et acéré leur sert à creuser le bois pour y chercher de la nourriture ou y aménager des cavités de nidification. Leur langue, longue, collante et munie de crochets, est un outil redoutable pour capturer les insectes dissimulés sous l’écorce.

Diversité, répartition et mode de vie

Appartenant à l’ordre des Piciformes et à la famille des Picidae, les pics sont représentés par environ 200 espèces dans le monde, dont 9 sont présentes en France. Leur poids varie de 18 g (Pic épeichette) à 350 g (Pic noir), et leur taille de 14 à 46 cm. Ils sont absents d’Australie, d’Antarctique et de certaines îles comme l’Islande ou l’Irlande.

Les pics sont étroitement liés aux milieux boisés. Les espèces les plus communes en France sont les Pics épeiche, épeichette et vert. D’autres, comme le Pic noir ou le Pic mar, sont inféodés aux grands massifs forestiers, tandis que le Pic tridactyle (Alpes) et le Pic à dos blanc (Pyrénées) se cantonnent aux zones montagneuses. Le Torcol fourmilier, quant à lui, niche dans les trois quarts sud du pays et migre vers le pourtour méditerranéen en hiver.

Régime alimentaire et rôle écologique

Les pics sont majoritairement insectivores. Le Pic vert et le Torcol fourmilier se nourrissent principalement de fourmis, tandis que d’autres, comme le Pic mar ou le Pic noir, consomment insectes, araignées, fruits et graines. Leur rôle écologique est fondamental : en consommant des larves xylophages, ils participent à la santé des forêts. De plus, les cavités qu’ils creusent sont ensuite utilisées par d’autres espèces cavicoles comme les mésanges, les chouettes ou les sittelles.

Comportements sonores et creusement

Les pics ne chantent pas à proprement parler. Ils tambourinent pour marquer leur territoire, en frappant rapidement un tronc sec avec leur bec. Chaque espèce possède un rythme et une intensité propres. Cette activité atteint son apogée entre mi-mars et mi-avril. Seul le Torcol fourmilier ne tambourine pas.

Le martèlement, quant à lui, est lié à la construction de cavités. Il peut survenir dès l’automne, notamment chez les Pics vert, noir, épeiche, épeichette et à dos blanc. Plusieurs hypothèses expliquent cette activité hivernale : manque de cavités disponibles, besoin de gîtes pour les jeunes, ou encore nécessité de creuser un abri hivernal plus simple qu’une loge de reproduction.

Menaces et protection légale

Les pics sont menacés par la disparition des arbres morts, la déforestation, l’usage d’insecticides, ainsi que par les prédateurs naturels comme les chats et les rapaces. Tous les pics présents en France sont protégés par la loi (arrêté du 29 octobre 2009). Il est interdit de les capturer, de les blesser ou de perturber leur habitat. Des dérogations peuvent être accordées en cas de nuisances, sous conditions strictes.

Problèmes de cohabitation avec l’humain

Il arrive que les pics causent des nuisances sonores ou endommagent les façades de maisons, notamment celles dotées d’une isolation extérieure. Ces surfaces résonantes attirent les oiseaux qui les perçoivent comme des troncs creux. Ils peuvent y creuser des cavités pour dormir ou nicher, ou simplement tambouriner pour marquer leur territoire.

Solutions pour une cohabitation harmonieuse

Pour prévenir les dégâts, il est conseillé d’anticiper lors des travaux d’isolation : privilégier un crépi lisse, poser des cornières métalliques sur les angles, ou tendre des câbles verticaux pour empêcher les oiseaux de se poser. Il est aussi possible de végétaliser les façades avec des plantes grimpantes non adhérentes comme la clématite ou le chèvrefeuille.

En cas d’attaque, des méthodes d’effarouchement visuel ou sonore peuvent être utilisées (bandes réfléchissantes, guirlandes, cris de geai, etc.), bien qu’elles soient souvent inefficaces à long terme. Installer des nichoirs adaptés ou des caisses de résonance peut détourner les pics vers des structures artificielles.

Enfin, préserver les arbres morts et replanter des essences locales (chênes, hêtres, bouleaux) est essentiel pour maintenir des habitats naturels et éviter que les pics ne se rabattent sur les habitations.

Pour en savoir plus

  • Consultez notre fiche médiation « Pics » disponible en bas de page
  • Regardez l'épisode 10 (saison 2) de notre web-série « Colocataires sauvages » : Atout pics !