Portrait d’un discret architecte souterrain
La Taupe d’Europe (Talpa europaea) est un petit mammifère fouisseur, reconnaissable à son pelage gris-noir velouté, ses pattes antérieures puissantes à six doigts et ses yeux minuscules. Bien qu’elle ne soit pas aveugle, sa vision est très limitée. Elle vit exclusivement sous terre, creusant un réseau complexe de galeries dans les sols meubles des jardins, prairies, forêts feuillues et champs. Solitaire, elle signale sa présence par des monticules de terre appelés taupinières, témoins d’un sol vivant et riche en biodiversité.
Un rôle écologique souvent méconnu
La taupe joue un rôle fondamental dans l’équilibre des sols. En creusant, elle aère la terre, améliore son drainage et favorise le brassage des matières organiques et minérales. Elle contribue ainsi à la fertilité du sol et à la régulation des populations d’invertébrés. Son régime alimentaire est principalement composé de vers de terre, mais elle consomme aussi des larves d’insectes, des limaces, des cochenilles et d’autres petits invertébrés, ce qui en fait une alliée précieuse du jardinier. Ses galeries peuvent également servir de refuge à d’autres espèces utiles, comme les crapauds.
Des nuisances perçues mais souvent exagérées
La présence de taupinières peut être perçue comme une gêne, notamment dans les pelouses entretenues ou les parcelles agricoles, où elles peuvent réduire la qualité du fourrage ou accélérer l’usure des outils. Pourtant, ce n’est pas la taupe elle-même qui est problématique, mais les monticules qu’elle laisse en surface. Les méthodes violentes de lutte (piégeage, empoisonnement, inondation) sont non seulement cruelles, mais aussi inefficaces. En effet, la taupe est résistante, sait nager, et ses galeries seront rapidement réinvesties, parfois par des espèces bien plus nuisibles comme le campagnol.
Des solutions douces pour une cohabitation harmonieuse
Plutôt que de chercher à éliminer la taupe, il est préférable d’adopter des méthodes de dissuasion respectueuses. Des poils de chien, des cheveux, du purin ou des branches de sureau peuvent perturber son odorat. Des bouteilles retournées sur des tiges, agitées par le vent, créent des vibrations désagréables pour son ouïe. Pour protéger une pelouse, un filet anti-taupe installé sous le gazon peut l’empêcher de remonter à la surface. Enfin, la terre fine des taupinières peut être récupérée pour le jardinage, transformant ainsi une contrainte en ressource. En somme, la taupe mérite d’être respectée pour les services qu’elle rend à nos écosystèmes.
Pour en savoir plus
- Consultez la fiche médiation « Taupe d’Europe », en bas de page
- Regardez l'épisode 6 (saison 2) de notre web-série « Colocataires sauvages » : Acceptons les petites bêtes du jardin !
- Parcourez la BD "Il paraît que" consacrée aux taupinières
