L’Ibis sacré : un oiseau majestueux devenu espèce invasive
L’Ibis sacré (Threskiornis aethiopicus), autrefois vénéré dans l’Égypte antique comme incarnation du dieu Thot, est aujourd’hui considéré en France comme une espèce exotique envahissante. Reconnaissable à son plumage blanc contrasté par une tête et un cou noirs et dénudés, ainsi qu’à son long bec recourbé, cet oiseau impressionne par sa stature et son comportement grégaire.
Origine et expansion
Originaire d’Afrique subsaharienne, l’Ibis sacré a été introduit dans de nombreux parcs zoologiques à travers le monde. En France, des individus échappés de captivité se sont établis dans la nature, notamment dans l’ouest du pays (Loire-Atlantique, Vendée, Charente-Maritime) et sur le littoral méditerranéen. Il fréquente les zones humides, les marais, les estuaires, mais aussi les milieux anthropisés comme les décharges ou les marais salants.
Un régime alimentaire opportuniste
L’Ibis sacré se nourrit principalement d’invertébrés (insectes, mollusques, crustacés), mais peut aussi consommer des poissons, amphibiens, petits reptiles et déchets organiques. En France, quelques cas de prédation sur les œufs et poussins d’espèces protégées comme les guifettes ou les sternes ont été signalés, bien que cette prédation reste marginale selon certaines études.
Des impacts controversés
Les effets de l’Ibis sacré sur la biodiversité locale font débat. Certains chercheurs soulignent son impact potentiel sur les espèces nicheuses, son absence de prédateurs naturels et son comportement grégaire. D’autres estiment que son rôle est plus nuancé : il pourrait contribuer à la régulation d’espèces invasives comme l’écrevisse de Louisiane et favoriser la présence d’espèces comme la spatule blanche.
Vers une gestion raisonnée
Des campagnes de régulation ont été menées dès 2006, notamment en Loire-Atlantique, avec des actions de tir et de stérilisation des nids. Si ces mesures ont permis de réduire les effectifs, elles ont aussi généré des perturbations dans les colonies d’oiseaux protégés. La LPO appelle à une évaluation rigoureuse de l’impact réel de l’espèce avant de poursuivre ou d’intensifier les actions de contrôle.