C’est ce que révèle Vol de Nuit, un programme inédit de sciences participatives lancé en 2024 par la LPO France, en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle, BioPhonia et Trektellen. Son objectif : percer les mystères de la migration nocturne, un phénomène fascinant et encore largement méconnu. On estime en effet que plus de la moitié des déplacements migratoires des oiseaux se font de nuit, loin des regards.
Grâce à Vol de Nuit, les bénévoles enregistrent le paysage acoustique nocturne, puis explorent ces enregistrements pour détecter les cris des voyageurs ailés. Voici les grands enseignements de cette première année.
Une mobilisation importante
Dès sa première saison, le programme a suscité un engouement remarquable : 106 bénévoles, répartis sur 112 sites, ont cumulé plus de 95 000 heures analysées dans 51 départements. Résultat : 1,2 million de cris décomptés, correspondant à plus de 550 000 oiseaux appartenant à 151 espèces.
Les grives — musicienne, mauvis — et le merle noir figurent parmi les espèces les plus fréquentes, aux côtés d’espèces comme la Gallinule poule d’eau et le Héron cendré. Mais l’oreille attentive des participants a aussi révélé quelques raretés : Pipit de Richard, Oies de la toundra, Sternes caspiennes ou encore deux Labbes à longue queue. Une véritable plongée dans le cortège migratoire, des passereaux aux limicoles en passant par les ardéidés ou les rallidés.
Des nuits mémorables
Certaines nuits resteront gravées dans les mémoires des participants :
- À Pélous (64), dans la nuit du 22 au 23 octobre, l’ambiance nocturne était intense ! Près de 63 000 cris, en grande majorité de Grues cendrées, ont été enregistrés en une seule nuit.
- À Sangatte (62), la nuit du 2 au 3 novembre a révélé plus de 10 000 cris, principalement de Grive mauvis, pour un total impressionnant de 36 espèces différentes.
Une communauté en plein essor
Au-delà des chiffres, Vol de Nuit est aussi une aventure humaine. Sur un serveur Discord déjà riche de 250 membres, les participants échangent quotidiennement conseils techniques, astuces de terrain et surtout identifications de cris parfois énigmatiques.
La formation joue aussi un rôle central : 166 personnes ont suivi les sessions en direct et plusieurs milliers ont visionné les rediffusions. Enfin, des outils d’analyse automatique sont en cours de développement, pour rendre la participation toujours plus simple et accessible.
Et demain ?
Cette première année a démontré la faisabilité scientifique et technique du projet, tout en confirmant l’enthousiasme des ornithologues comme des simples curieux. Les prochaines étapes viseront à élargir la communauté, affiner encore nos connaissances sur la migration nocturne et explorer des questions majeures, comme l’impact de la pollution lumineuse sur ces flux invisibles et le comportement des oiseaux.
Vol de Nuit ne fait que commencer. Et si, vous aussi, vous écoutiez le ciel à votre tour ?