L’entrée en vigueur du traité mondial sur la haute mer (BBNJ) en 2026, avec la perspective d’atteindre prochainement le seuil des 60 ratifications d'États, est présentée comme la principale avancée de l’UNOC3. La mise en œuvre d’un cadre juridique dans les eaux internationales doit en effet permettre d'y créer des zones protégées et de réglementer l’exploitation des ressources. La haute mer représente 64 % de la surface et 95 % du volume de nos océans, dont seulement 1,5 % sont actuellement protégés.
Autres résultats notables : 8,7 milliards d’euros d’investissements pour accélérer la conservation des océans au cours des cinq prochaines années, une augmentation de la couverture mondiale des aires marines protégées (AMP) de 8 à plus de 10 %, des appels en faveur d’un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds et pour un traité contraignant contre la pollution plastique, centré sur la réduction à la source.
Des mesures ont également été annoncées pour une meilleure protection des espèces marines (poissons, invertébrés et végétaux marins). Concernant l’anguille européenne, espèce en danger critique d’extinction, dont les scientifiques recommandent un arrêt total de la pêche depuis plusieurs années, un plan de sortie volontaire a été annoncé. Cette première décision va dans le bon sens mais doit impérativement être accompagnée d’autres mesures fortes pour mettre fin à la pêche de cette espèce à tous ses stades de développement, dont un arrêt immédiat de la pêche dans les aires marines protégées. La LPO s’engagera pour garantir une meilleure protection de cette espèce emblématique à l’échelle nationale, ainsi que via le réseau BirdLife à l’échelle internationale à travers les conventions CITES et CMS.
Côté français, l’engagement de porter à 4 % la part du territoire marin en protection forte d’ici 2026 (contre 0.1 % actuellement), avec notamment le passage en protection stricte de 900 000 km2 en Polynésie française, représente une première étape dont l’ambition doit encore être clarifiée et réhaussée, car la simple labellisation de zones déjà inexploitées ne saurait constituer un progrès.
Outre la LPO, le partenariat BirdlLife international était représenté en force à Nice avec la RSPB (Royaume-Uni), Biosfera (Cap-Vert) et BirdLife Afrique du Sud. Dans le cadre du Plan d'action de Nice pour les océans adopté à l’issue de la conférence, nous avons pris un engagement important : identifier les sites les plus importants pour les oiseaux et l'ensemble de la vie marine sur 100 % des voies de migration marines d'ici 2030. Notre programme marin a ainsi récemment identifié et cartographié six voies de migration majeures pour les oiseaux marins. L'identification de ces sites critiques qui bénéficieraient d'une protection est une étape essentielle pour atteindre l'objectif mondial de protection de 30 % des océans d'ici 2030.
Grâce à la plateforme collaborative de la base de données de suivi des oiseaux marins, BirdLife international a développé des analyses de conservation à grande échelle, identifiant des sites tels que la zone NACES (North Atlantic Current and Evlanov Seamount) qui est depuis 2021 la plus vaste aire marine protégée de haute mer (hors Antarctique), d’une taille équivalente à celle de la France.
L’engagement de la France a été déterminant pour faire de l’UNOC un succès ; au niveau national, la LPO suivra de près la mise en œuvre des annonces, afin de garantir que les promesses se transforment en actions concrètes.