Grippe aviaire : le point sur la situation en France

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Une épidémie d’influenza aviaire hautement pathogène fait d’importants dégâts chez les oiseaux marins à l’échelle mondiale. La France n’est pas épargnée.

Colonie de fous de Bassan de l'île Rouzic

Colonie de fous de Bassan de l'île Rouzic © Yann Libessart

La grippe aviaire, ou grippe du poulet, est une infection due à un ensemble de virus de la famille des Orthomyxoviridae, propres aux oiseaux, qui comprend plusieurs genres dont Influenzavirus A, lui-même divisé en nombreux sous-types combinant deux protéines propres à l’enveloppe du virus, l’hémagglutinine (16 formes connues, notées H1 à H16) et la neuraminidase (9 formes connues, notées N1 à N9).

Cette infection peut toucher presque toutes les espèces d’oiseaux, sauvages ou domestiques. Elle peut être fortement contagieuse, notamment chez les poulets et les dindes, espèces pour lesquelles la mortalité (morts/population) et la létalité (morts/malades) sont susceptibles d’être très élevées. Les Influenzavirus peuvent éventuellement infecter d’autres espèces animales comme le porc ou divers autres mammifères, dont l’espèce humaine.

Épidémie mondiale

L’épisode actuel d'influenza aviaire est dû à un virus H5N1 hautement pathogène, très contagieux et incurable chez les oiseaux. Il ne présente en revanche aucun risque pour l’homme. L’épidémie s'opère à l'échelle mondiale sur plus d'une dizaine d'espèces d’oiseaux marins depuis l’automne 2021 et particulièrement depuis le printemps 2022. Trente-six pays sont aujourd’hui touchés par l'épizootie sur l’ensemble du continent européen.

En France, des mortalités groupées d’oiseaux ont été constatées à partir de mai 2022 d’abord dans les départements côtiers des Hauts-de-France (Nord, Pas-de-Calais, Somme) essentiellement chez les laridés (goélands, mouettes et sternes). Des cas sont ensuite apparus courant juin sur les côtes normandes (Seine-Maritime, Calvados, Manche) puis en juillet sur les côtes bretonnes (Côtes d’Armor). En août 2022, de nouveaux cas ont également été détectés en Charente-Maritime, en Vendée, en Loire-Atlantique et en Gironde.

Ces mortalités sont suivies dans le cadre du réseau SAGIR (dispositif national de surveillance de la santé de la faune sauvage). Le Laboratoire national de référence (LNR) de l’Anses a confirmé la présence du virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) sur une centaine de cas affectant la faune sauvage du littoral de la Manche et de l'Atlantique tandis que 5 foyers en élevage ont été confirmés depuis la fin juillet : 1 dans la Manche, 1 dans la Somme, 2 dans le Morbihan, et 1 dans l’Ain. Une basse-cour en Ille-et-Vilaine a également été confirmée positive le 25 août. Présents dans des populations élevées en forte densité, comme dans les unités d’élevages industriels, souvent eux-mêmes concentrés géographiquement dans des bassins de production, les virus ont la capacité de se multiplier et donc d’évoluer plus rapidement vers des formes hautement pathogènes.

La situation est exceptionnelle de par son ampleur et la période où les détections ont cours. La contamination de l’environnement reste élevée dans les régions où sont observées les mortalités d’oiseaux sauvages et la diffusion de cette contamination peut survenir à la faveur de mouvements de décantonnement de populations d’oiseaux sauvages, notamment en fin de reproduction et lors des mouvements migratoires post-nuptiaux.

La LPO touchée en plein cœur

Parce qu'elle gère des espaces naturels protégés y compris pour le compte de l'Etat sur la façade littorale, et des centres de soins à la faune sauvage, la LPO est au cœur de la problématique de la grippe aviaire. Du reste, nous sommes les premiers acteurs de la veille sanitaire par notre présence sur le terrain et notre mission de sauvegarde.

Sur la réserve naturelle nationale des Sept-Îles, gérée par notre association depuis 1912, des cas sont apparus début juillet 2022 au sein de la colonie de fous de Bassan de l’île Rouzic, qui regroupe environ 19000 couples reproducteurs sur ce site unique en France. L’épidémie a depuis sévi lourdement et on estime à plusieurs milliers le nombre de fous de Bassan (adultes et jeunes) issus de la colonie morts au cours de l’été. S’il est encore trop tôt pour tirer un bilan, l’inquiétude est grande de voir des décennies d’efforts de conservation réduits à néant.  

Évolution de la colonie de fous de Bassan sur l'île Rouzic suite à l'épidémie de grippe aviaire 2022/Photos LPO

Que dois-je faire si je trouve un oiseau mort ou malade ?

Dans tous les cas, ne touchez pas les oiseaux et contactez un agent de l'Office Français de la Biodiversité de votre département (https://ofb.gouv.fr/) qui vous indiquera la marche à suivre et relayera l'information à un correspondant du réseau SAGIR.

Dans ce contexte et faute d’infrastructures de quarantaine, la LPO n’est malheureusement plus en mesure d’accueillir certaines espèces d’oiseaux particulièrement touchées par le virus (fous de Bassan, goélands et mouettes) sur tous les départements des façades littorales Manche et Atlantique, que ce soit dans nos centres de sauvegarde de la faune sauvage ou en transit dans les différents points relais (sites de collecte en vue du transport vers les centres de soins : vétérinaires partenaires, antennes LPO, etc.).

Pour plus d’informations : Consultez notre FAQ Grippe Aviaire