COP 15 : un accord a minima

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Les parties signataires de la Convention sur la diversité biologique de l’ONU, adoptée en 1992, soit 195 pays et l’Union européenne, sont parvenues ce lundi 19 décembre à un accord à l’issue de la COP15 sur la biodiversité organisée à Montréal sous la présidence de la Chine.

L’accord, négocié sans la présence de chefs d’Etat, ambitionne d’enrayer l’effondrement du vivant sur Terre. Selon la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), environ 1 million d’espèces animales et végétales sont en effet menacées d’extinction au cours des prochaines décennies en raison des activités humaines.

Ce cadre mondial pour la biodiversité inclut une feuille de route de 23 objectifs pour tenter d'enrayer la destruction de la nature d'ici à 2030.

L’objectif de protéger d’ici à 2030 «au moins 30 % des surfaces terrestres et d’eaux intérieures ainsi que des surfaces côtières et marines», contre respectivement 17 % et 10 % aujourd’hui, fait partie de l’accord.

Le texte prévoit également « que, d'ici à 2030, au moins 30 % des écosystèmes terrestres, de mers intérieures et d'écosystèmes côtiers et marins dégradés fassent l'objet d'une restauration effective ».

Les signataires s’engagent à « réduire de moitié au moins le risque global lié aux pesticides et aux produits chimiques hautement dangereux » et « prévenir, réduire et travailler à l'élimination de la pollution plastique ».

En termes de financements, le but est d’atteindre au moins 20 milliards de dollars d’aide internationale annuelle pour la biodiversité d’ici à 2025 et au moins 30 milliards d’ici à 2030, ce qui demeure nettement insuffisant malgré un triplement par rapport à la situation actuelle.

En dépit de l'ambition certaine de ces objectifs, la prudence reste de mise. Rappelons qu’aucun des objectifs fixés lors de l'accord précédent, conclu en 2010 au Japon, n'a été atteint avant son échéance, en 2020.

Un accord vient d'être adopté à Montréal. C'est un soulagement après tant de négociations aussi chaotiques que pathétiques. Cet accord préserve l’essentiel, mais il ne règle rien. Les montants d’aides affichés pour la biodiversité sont en croissance mais restent insuffisants. Tout se jouera dans la mise en œuvre, sur laquelle l’accord ne donne quasiment aucun engagement chiffré. L'absence coupable des grands dirigeants de la planète à cette COP 15 témoigne du travail qu'il reste à faire pour que se dessine une véritable ambition en faveur de la biodiversité

Allain Bougrain Dubourg

Président de la LPO