Le Comité national de la biodiversité (CNB) a adopté le mardi 24 juin 2025 un avis critique sur le rapport « état d’avancement 2024 de la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) » qui lui a été présenté en avril par le Gouvernement.
Cet avis souligne que, si 80% des actions de la SNB ont été engagées, l’atteinte des objectifs annoncés semble compromise, à cause d’un portage politique insuffisant, de financements moins importants et d’un manque de déploiement de l’action à large échelle. Pour nos ONG, cette perspective appelle à un réveil politique et un sursaut collectif.
La Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB) fixe pour la France et son Gouvernement « le cap jusqu’en 2030 [et] concrétise l’engagement de la France pour stopper puis inverser la trajectoire d’effondrement de la biodiversité, en accord avec le cadre mondial de la biodiversité, adopté en décembre 2022 à Montréal lors de la 15e Conférence des Parties (COP15) à la convention sur la diversité biologique. »
Lors de sa présentation officielle en novembre 2023, nos ONG avaient salué les ambitions de cette stratégie et identifié plusieurs points conditionnant son succès ou son enlisement. Au vu du rapport d’avancement sur l’année 2024, nos ONG doutent désormais très sérieusement de la capacité de la France à respecter ses engagements nationaux, européens et internationaux à 2030.
Quatre facteurs essentiels de réussite ne sont pas assumés par le gouvernement :
- Assurer un portage politique fort, continu et interministériel de la SNB. Le manque flagrant de portage politique de haut niveau a laissé au législateur le loisir de saper les quelques progrès accomplis depuis fin 2023, par des décisions à contre-sens de la SNB (par exemple, sur la réduction des pesticides ou de l’artificialisation).
- Intégrer les objectifs de la SNB dans les priorités de toutes les politiques sectorielles afin de réduire significativement les pressions sur la biodiversité et de favoriser la restauration des milieux dégradés. Cela passe par le comité interministériel sur la SNB qui se réunira en septembre, et dont nous attendons des décisions claires et engageantes, ainsi que par les prescriptions attendues du Secrétariat Général à la Planification écologique (SGPE) sur les feuilles de routes des différents ministères, mais qui se sont bien peu concrétisées jusqu’à présent. Le Gouvernement doit, par exemple, mettre fin à de grands projets destructeurs comme l’A69 ou s’assurer de la compatibilité des enjeux comme pour la construction d’une ligne THT en Camargue et en Crau.
- Consolider les financements et réduire les subventions néfastes. La SNB prévoyait une augmentation progressive des crédits de l’État pour atteindre +465 millions d’euros en 2027. Or, après les annulations budgétaires de 2024 et de 2025, la ministre de la Transition écologique annonce, au mieux, une stabilité budgétaire pour 2026, actant ainsi un décrochage des financements qui implique une révision à la baisse significative des ambitions de la SNB. Dans le même temps le gouvernement n’engage toujours pas des mesures de suppression ou de réorientation des financements néfastes à la biodiversité (plus de 10 milliards d’euros), alors qu’un rapport des inspections générales a été remis il y a un mois - rapport dont nous demandons la publication immédiate.
- Assumer un haut niveau d’exigence du futur Plan national de restauration de la nature (PNRN). Il doit être mis en œuvre conjointement avec une diminution voire une suppression des pressions s’exerçant sur les milieux naturels, dans une logique de sobriété. En effet, la totalité des écosystèmes dégradés devant faire l’objet de mesures de restauration en 2050, toute nouvelle détérioration accroît à terme la charge financière de la restauration.
La SNB doit être un axe majeur de toutes les politiques publiques, tant le maintien de la biodiversité est la condition sine-qua-non de la durabilité des sociétés humaines, des activités socio-économiques et de l’habitabilité du territoire national, dans l’Hexagone et en Outre-mer, sans oublier le rôle que joue la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes peu anthropisés dans l’atténuation du changement climatique.
Nos ONG demandent au Gouvernement de maintenir les ambitions de la SNB et d’en assurer le financement, d’assumer un haut niveau d’exigence du futur PNRN, de permettre au SGPE d’assurer pleinement son rôle de coordination et de réaffirmer les objectifs intermédiaires et finaux de la politique « Zéro artificialisation nette » (ZAN).