Le Président Macron déclare la guerre aux loups en s’exonérant du droit et de la science

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En déplacement à Roquefort (Aveyron), le Président de la République a plaidé ce jeudi pour empêcher l'implantation du loup là "où il y a du pastoralisme", quitte à en "prélever davantage". "On ne doit pas laisser le loup se développer ; qu'il aille dans des massifs où il n’est pas en compétition avec les activités qui sont les nôtres", a-t-il ajouté, évoquant l'élaboration d’une loi pour y parvenir.

COMMUNIQUE DE PRESSE COMMUN LPO, FNE, FERUS, ASPAS, SFEPM, H&B

Nos associations condamnent fermement cette volonté présidentielle d’autoriser un prélèvement accru du loup pour limiter sa présence dans les zones pastorales. Cette approche fondée sur une opposition frontale entre activité humaine et biodiversité, ignore la possibilité d’adopter des mesures efficaces de cohabitation durable, comme c’est notamment le cas en Italie, en Espagne et aussi dans les Alpes françaises. En outre, les loups évoluent sur de vastes territoires et les exclure des zones d’élevage n’est pas réaliste ni scientifiquement fondé.

Le loup joue un rôle essentiel dans l’équilibre des milieux naturels, par exemple pour la régulation des chevreuils, sangliers ou cerfs qui en forte densité peuvent causer d’importants dommages agricoles et forestiers, ainsi que des collisions routières. La Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a en effet calculé que les loups permettaient d’économiser près de 5 millions d’euros par an grâce aux accidents évités.

L'engagement délibéré d'une régression de cette espèce protégée contreviendrait aux engagements internationaux de la France en matière de conservation. Plutôt qu’une loi visant à restreindre la présence de loups par des abattages systématiques, nos associations appellent à renforcer les dispositifs de protection des troupeaux, à mieux anticiper la présence du loup en accompagnant fortement les éleveurs et à promouvoir des politiques intégrant la biodiversité dans le pastoralisme. C'est tout le sens des moyens actuellement mis en œuvre pour concilier la présence du loup et le développement des activités d’élevage, en concertation avec tous les acteurs concernés.

Il est clair que le Président ne connaît rien de la réalité du terrain, puisqu’il le dit lui-même : « Tous les gens qui inventent des règles et qui ne vivent pas avec des bêtes dans des endroits où il y a l’ours ou le loup qui redéboulent, qu’ils aillent y passer deux nuits ». C’est précisément ce que font les associations de protection de la nature, sur le terrain depuis plus de 20 ans. Les bénévoles sont formés par des éleveurs à la surveillance des troupeaux ovins et bovins pour proposer une aide concrète dans plusieurs zones à loups (les Alpes, le Jura, la Bretagne, le Lot, ...). Loin des postures et des discours déconnectés, nous agissons.

La coexistence avec le loup est un défi que notre société doit relever pour préserver son patrimoine naturel. Y renoncer revient à nier notre responsabilité collective face à l’effondrement de la biodiversité et des équilibres fragiles qui fondent nos territoires

Allain Bougrain Dubourg

Président de la LPO