Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) vient d’adopter à la quasi-unanimité (123 voix pour, 2 abstentions), ce 8 juillet 2025, un avis ambitieux intitulé « L’habitat et le logement face aux défis sociaux, territoriaux et écologiques », dont Maud Lelièvre, secrétaire générale adjointe de la LPO et sa représentante au CESE, est co-rapporteure aux côtés de Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre du Logement.
A quelques mois des élections municipales et face à l’urgence sociale et environnementale, cet avis pose les bases d’un habitat qui réconcilie les besoins humains avec les équilibres écologiques, et invite à refonder l’action publique autour de deux axes majeurs : stopper l’artificialisation des sols et réintégrer la nature comme facteur d’habitabilité.
Une artificialisation insoutenable
L’avis rappelle en effet que l’artificialisation des sols a augmenté de 66 % en 40 ans, et qu’elle constitue l’un des principaux moteurs de l’érosion de la biodiversité. Alors que 63 % des surfaces artificialisées en 2022 l’ont été pour de l’habitat, les auteurs dénoncent le modèle d’urbanisation extensif qui fragmente les milieux, imperméabilise les sols et supprime les espaces de nature.
La LPO soutient pleinement les recommandations du CESE visant à :
- Renforcer la sobriété foncière dans tous les projets d’aménagement
- Encourager la densification douce en ville, sans emprise nouvelle sur les sols vivants
- Sanctuariser les continuités écologiques dans les documents d’urbanisme
- Appliquer le principe ZAN (Zéro Artificialisation Nette) avec ambition et équité.
Nature en ville : un droit essentiel
La crise du Covid-19 a mis en évidence le besoin fondamental d’accès à la nature pour tous. Or, seulement la moitié des habitants des grandes villes disposent d’un espace vert public à moins de 300 mètres, selon l’INSEE.
L’avis du CESE recommande une approche inspirée de la règle 3/30/300 :
- Voir au moins 3 arbres depuis son logement
- Vivre dans un quartier comportant au moins 30 % de canopée
- Habiter à moins de 300 mètres d’un espace vert.
Repenser la ville comme un écosystème
L’avis plaide pour une ville accueillante pour la nature, où toitures végétalisées, façades vertes, zones de pleine terre et jardins partagés deviennent la norme, et où le bâti s’inspire du vivant par le biomimétisme et l’architecture bioclimatique. Il propose de développer de nouvelles formes d’habitat à travers des modèles sobres en foncier, créateurs de lien social, et compatibles avec les enjeux écologiques. C’est également l’enjeu du guide « Rénovation du Bâti et Biodiversité » édité par la LPO afin d'améliorer la prise en compte de la biodiversité dans les projets de rénovation énergétique et de renouvellement urbain.
Animatrice des Refuges LPO, premier réseau de jardins écologiques en France auquel participent déjà près d'un millier de collectivités locales, la LPO accompagne les élus pour l'intégration de ces objectifs dans leurs politiques urbaines et les encourage à favoriser une végétalisation par des espèces locales, source d’îlots de fraîcheur, de bien-être social et de réduction des risques (inondation, canicule, pollution, etc.).
Alors qu’une petite musique anti-ZAN se fait entendre chez certains élus, le CESE confirme sans ambiguïté les engagements qu’a pris la France depuis le Grenelle de l’environnement afin de réduire la consommation d’espaces naturels.