Lancé en 2020 à la demande des ministères de la Transition écologique et de l’Energie, MIGRALION visait à mieux comprendre l’utilisation de l’espace marin par l’avifaune et les chiroptères dans un contexte d’essor des activités humaines en mer. Financé à hauteur de 4,4 millions d’euros par l’État et les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie, le programme a mobilisé des moyens technologiques conséquents : radars ornithologiques, suivis visuels en mer, enregistrements acoustiques et balises GPS posées sur plus de 500 individus de 18 espèces. Ces données, par leur précision, constituent une base scientifique inestimable pour évaluer les impacts des projets et définir des mesures d’évitement et de réduction.
Trafic aérien
Publié par l’OFB le 10 octobre 2025, le rapport de synthèse final de MIGRALION révèle des flux migratoires intenses dans une bande côtière de 0 à 50 km, notamment à l’ouest du golfe du Lion, où est prévue l’implantation de plusieurs parcs éoliens commerciaux. Autre constat : la majorité des grands oiseaux volent à hauteur des pales des futures éoliennes, ce qui accroît le risque de collision.
Les corridors identifiés traversent en outre des zones déjà soumises à de fortes pressions humaines (trafic maritime, pêche, pollution sonore et lumineuse). Pour les oiseaux migrateurs et marins, tout comme les chauves-souris ou les papillons, espèces déjà en déclin, toute augmentation de la mortalité liée aux collisions peut avoir des conséquences significatives sur leur survie.
Un déploiement hâtif
Les conclusions de MIGRALION confirment la précipitation avec laquelle certains projets éoliens commerciaux sont engagés par l’État, au mépris du principe de précaution. Alors qu’une étude similaire, MIGRATLANE, est toujours en cours pour les façades Atlantique, Manche et Mer du Nord de l’Hexagone, Emmanuel Macron a ainsi répété ce 4 novembre aux assises de l’économie de la mer à la Rochelle sa volonté d’y simplifier le déploiement de l’éolien en mer. Cette portion de notre littoral se trouve pourtant sur la voie Atlantique Est, l’un des couloirs de migration les plus importants au monde pour l'avifaune, et protégé par l'Accord international sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA).
Autres signes d'excès de vitesse : les travaux du Groupe de travail sur les effets cumulés des projets d’énergies marines renouvelables sur l’environnement marin (ECUME) n’ont pas encore été publiés, ni les retours d’expérience des parcs flottants pilotes (Gruissan, Leucate, Faramans).
En mer comme à terre, le nécessaire développement des énergies renouvelables ne peut pas s’effectuer au détriment de la biodiversité. L'implantation d'éoliennes géantes au large des côtes françaises doit impérativement tenir compte des chemins séculaires empruntés par des milliards d’oiseaux.