A Vauciennes, l'habitat de 66 espèces protégées rasé par des bulldozers. La LPO Oise porte plainte.

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Le 23 octobre 2023, un agriculteur et une société spécialisée dans l’exploitation des carrières et l’enfouissement de déchets inertes ont comparu devant le tribunal judiciaire de Senlis pour la destruction et l’altération d’habitats de 66 espèces protégées. Ces habitats très riches en biodiversité (oiseaux, chauves-souris, reptiles, amphibiens…) sont situés sur les anciens bassins de décantation de la sucrerie de Vauciennes, qui a fermé en 1999. 

Chardonneret élégant sur un branche

Les prévenus sont accusés d’avoir volontairement détruits et altérés, sans autorisation préfectorale, plus de 20 ha de végétation : coupes d’arbres et d’arbustes, destruction de roselières, de prairies humides et sèches. L’agriculteur a reconnu avoir engagé un bucheron pour couper les arbres en juillet 2020 ; la société a reconnu avoir fait décaper plus de 20 ha avec des bulldozers en août 2020.  

Parmi les espèces directement impactées, on trouve le Chardonneret élégant, dont la population a diminué de 35% en 18 ans. Plus inquiétant encore, le Petit Gravelot qui utilisait les étangs et mares formés depuis plus de 20 ans au fond de certains bassins pour se nourrir, a vu sa population diminuer en France de 58% ces 10 dernières années. Pour bien mesurer l’ampleur de la catastrophe écologique qui s’est déroulée discrètement en 2020 à Vez et Vauciennes, il faut regarder les statistiques du Pipit farlouse : c’est un petit passereau qui fréquentait ces milieux variés et imbriqués des bassins. Sa population a chuté de 72% ces 18 dernières années. Contrairement à ce que prétendait un des avocats de la défense, la coupe des arbres et arbustes ne constitue pas l’ensemble des dégâts. Raser des prairies et terrasser des mares avec des roselières impactent aussi les chauves-souris qui ont vu les populations d’insectes qu’elles chassent fortement diminuer. 

La LPO a porté plainte et s’est constituée partie civile, afin de faire reconnaître son préjudice moral et les destructions irréversibles pour certaines espèces. Si les faits avaient été commis après le 22 août 2021 et la promulgation de la loi « climat et résilience », les prévenus auraient pu être poursuivis d’écocide tellement les dégâts sont importants.      

Le jugement sera rendu le 20 novembre 2023. 

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