Mi-avril, un particulier a signalé un Aigle de Bonelli visiblement blessé sur la commune de La Valette-du-Var. Lors de l’intervention de capture, l’oiseau a réussi néanmoins à redécoller.
Il a finalement été localisé à nouveau sur la commune de Carqueiranne, où il sera capturé pour être conduit à des fins de soins au Centre Régional de Sauvegarde de la Faune Sauvage de Buoux (84), géré par la LPO PACA.
L’oiseau est une femelle Aigle de Bonelli, née en 2015, fixée depuis 2017 sur une zone de reproduction dans le Var.
Cependant, cet individu venait juste d’être évincé de son territoire à la suite d’un conflit avec une autre femelle qui a réussi à récupérer son site de nidification. Les sites de nidification favorables étant rares, des conflits intraspécifique peuvent se produire.
L’espèce étant suivie par le Conservatoire d’Espaces Naturels PACA, nous avons ainsi pu reconstituer l’historique des faits.
Lors de la prise en charge de l’oiseau, des blessures ont en effet été relevées sur l’aile droite mais la radiographie a également rélévé la présence d’un plomb au niveau de l’aile gauche de l’oiseau sur le coracoïde.
La blessure causée par ce tir semble assez ancienne ; cependant, celle-ci, ainsi que l’exposition au plomb, ont pu constituer des facteurs déterminants ou aggravants ayant conduit à un état de faiblesse de cet oiseau reproducteur, qui a alors été expulsé de son territoire par un autre adulte plus vigoureux.
La présence de ce plomb est surtout un nouvel exemple de tir sur espèce protégée, essentiellement rapaces et échassiers qui sont malheureusement monnaie courante.
Durant chaque saison de chasse, plusieurs dizaines d’oiseaux sont pris en charge pour cette raison sur l’ensemble de la région et lors de radiographies pour d’autres blessures il arrive fréquemment que des plombs soient retrouvés.
Nous collaborons avec les services de l’Office Français de la Biodiversité sur ces faits et nos représentants au sein des commissions chasse de chaque département n’ont de cesse de rappeler les enjeux, les bilans relevés pour chaque département mais aussi les procédures que nous engageons pour retrouver les auteurs de ces faits.
Dans le cas présent, l’Aigle de Bonelli est une espèce protégée, rare et bénéficiant d’un plan national d’actions visant à sa préservation. Ce Plan National d’Actions (PNA) est animé par le CEN PACA et la collaboration entre nos deux associations permet d’œuvrer pour la préservation de cette espèce. Il s’agit d’une espèce classée « EN DANGER CRITIQUE » (CR) sur la liste rouge UICN des oiseaux nicheurs de PACA, qui fait autorité. Il s’agit du plus haut niveau de classement, le suivant étant le statut de disparu au niveau régional (RE). Ce classement est justifié au regard du nombre de couples nicheurs très faible dans notre région, donc seulement 2 dans le Var.
Les menaces pesant sur cette espèce sont principalement la destruction des habitats naturels qu’elle exploite par les aménagements, les dérangements sur les sites de nidification, les électrocutions et les tirs.
Au regard des enjeux de conservation que représente cette espèce et de l’importance de chaque individu pour son maintien, la LPO PACA a décidé de déposer plainte pour destruction d’espèce protégée sur la base de ces éléments.
Nous remercions la chaîne de solidarité qui a permis de localiser cet oiseau ainsi que l’ensemble des équipes de notre Centre de Sauvegarde qui sont mobilisées sur tous les fronts en cette période de reproduction.
Nous remercions également les équipes du CEN PACA qui ont permis une prise en charge rapide de l’oiseau, et suivent au quotidien les nombreux sites de reproduction de la région et animent le PNA de cette espèce.