Le braconnier n’aura pas eu raison d’elle : un Vautour moine criblé de plomb sauvé de justesse

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Au début du mois de janvier, le Centre de sauvegarde de la faune sauvage de Buoux a recueilli un Vautour moine très affaibli. Il s'avère que l'oiseau a subit les tirs d'un braconnier : son corps était criblé de plombs.

ILD en volière © Laure Néron-Devoureix

Au début du mois de janvier, nous avons accueilli un Vautour moine en détresse, une espèce très menacée en France. Trouvé gisant au bord d’une rivière dans les Alpes de Haute Provence, le grand rapace est arrivé extrêmement affaibli au Centre de sauvegarde. Victime d’une importante hémorragie interne, il ne pouvait pas prendre appui sur sa patte gauche et avait un œil injecté de sang. Une radiographie a révélé la cause de ces maux, mais aussi la gravité de son état : son corps était criblé de plombs. Aucune partie n’avait été épargnée : tête, ailes, corps, pattes. Au total plus d’une soixantaine de plombs, ce qui laisse supposer un tir à proximité.

Radiographie du Vautour moine © LPO PACA

Radiographie du Vautour moine © LPO PACA

Le Vautour moine, une des quatre espèces de vautours présentes en France (avec le Vautour fauve, le Vautour percnoptère et le Gypaète barbu) et un des plus grands rapaces d’Europe (son envergure peut frôler les trois mètres). Disparu du territoire français au début du 19ème siècle, il a été réintroduit à partir des années 1980 mais la situation de l’espèce demeure encore très précaire. Elle fait donc l’objet d’un Plan National d’Action (PNA) visant à renforcer son aire de répartition, préserver les sites de reproduction et prévenir les facteurs de mortalité.  

Certains poussins Vautours moines sont bagués dans le cadre du PNA afin de pouvoir les suivre. Ce fut le cas de notre patient, identifié ILD sur sa bague, grâce à laquelle nous avons appris qu’il s’agissait d’une femelle née dans les Baronnies en 2021. Ayant atteint, à 4 ans, l’âge de sa première reproduction, elle était en train de s’apparier avec un Vautour moine espagnol lorsqu’elle a été victime de tirs. 

ILD est restée en soins intensifs pendant plusieurs semaines. Elle a subi une opération pour lui retirer le plus gros plomb dans l’aile, réalisée par le Dr Frank Dupraz, notre vétérinaire référent, qui nous a aussi fourni des conseils tout au long de sa convalescence et que nous remercions chaleureusement.  

ILD lors de sa radiographie © Loriane Aubinais

Après avoir repris des forces et retrouvé davantage de mobilité dans sa patte, ILD a été transférée dans une grande volière pour sa rééducation. Celle-ci était déjà occupée par deux autres congénères. Il importe de souligner qu’avoir autant de Vautours moines en soins en même temps est tout à fait exceptionnel : depuis l’ouverture du Centre de sauvegarde en 1996, nous n’avons accueilli que sept Vautours Moines, dont quatre dans la dernière année ! 

JCE, congénère d'ILD en volière avec elle © Emeline Pujolas

Les vautours ont parfois mauvaise réputation ; elle est totalement injustifiée. Les vautours ne sont pas agressifs. Ils se nourrissent exclusivement d’animaux morts (sauvages ou d’élevage). Leur morphologie et leur appareil digestif « anti-infectieux » permet de faire disparaître les cadavres rapidement, prévenant la propagation de microbes ou de parasites dans l’environnement. En cela, ils sont des équarrisseurs naturels, auxiliaires du pastoralisme et indispensables à la santé des écosystèmes. 

Pour nous aider à poursuivre nos actions, vous pouvez faire un don au Centre de sauvegarde ou utiliser le moteur de recherche solidaire Lilo