La bécassine des marais, petit oiseau des zones humides, est en danger critique d’extinction en France, avec moins de 60 couples nicheurs recensés, contre 350 dans les années 1970. La moitié de cette dernière population niche dans la vallée du Drugeon dans le Doubs, un site unique par sa richesse écologique et reconnu à l'échelle internationale.
Malgré cela, le Préfet du Doubs lance, cette année encore, un projet d’arrêté préfectoral pour fixer l’ouverture et la clôture de la chasse dans le département du Doubs pour la campagne 2025-2026, autorisant la chasse de la bécassine des marais. Une décision incompréhensible alors que des données récentes (balises GPS, programme Habitrack, MNHN - 2024) montrent que des bécassines nicheuses sont encore présentes en octobre, en période de chasse. Cela signifie que ces oiseaux reproducteurs, essentiels à la survie de l’espèce en France, peuvent être tués faute de pouvoir être distingués des migrateurs.
Certes, des mesures de restriction ont été prises (limitation à 30 oiseaux/chasseur, ouverture différée au 28 septembre), mais elles sont largement insuffisantes face à une situation aussi alarmante et critique. Une publication de 2022 par Michelat et Giraudoux a même démontré l’inefficacité des réserves de chasse actuelles dans la vallée1.
👉 La LPO BFC demande l’arrêt immédiat de la chasse à la bécassine des marais et bécassine sourde (difficile à différencier) au sein du site Natura 2000 des vallées du Drugeon et du Haut-Doubs, ainsi que la révision des réserves de chasse en concertation avec les acteurs locaux dès 2025.
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Une autorisation pour tirer sur une population en voie d'extinction, et ce, dans son dernier bastion français ? La bécassine des marais a besoin de votre voix !
- Une responsabilité nationale et un argumentaire défaillant : Sauver ces derniers couples est une responsabilité nationale. La vallée du Drugeon accueille en effet plus de la moitié des effectifs nicheurs français. La note de présentation du projet d’arrêté préfectoral est assez édifiante :
- on y apprend que la chasse n’est sans doute pas le facteur principal de l’évolution des populations nicheuses (on n’en est donc pas sûr) et que l'on essaye d’agir sur les milieux pour préserver l'espèce, tout en continuant de tirer les individus,
- il est précisé que l'on ne connaît pas la stratégie de reproduction et de migration de la bécassine des marais mais que le tir repoussé au 28 septembre permettrait de diluer le risque de prélèvement de nicheurs locaux (risque toujours présent donc).
La note de présentation fait donc clairement apparaître que le risque d’abattre des individus nicheurs demeure. Malgré cela, aucun principe de précaution n’est pris pour préserver ces derniers couples, au nom d’une chasse récréative et traditionnelle... Nous demandons la suspension de la chasse de la bécassine des marais dans le Drugeon tant que les effectifs nicheurs ne seront pas reconstitués !
- Une chasse non distinctive qui ne permet pas de distinguer les oiseaux nicheurs en danger critique d’extinction et les migrateurs/hivernants de passage. Cette chasse menace donc la population locale de bécassine des marais.
- Une pression cynégétique sur une population d’oiseaux au bord de l’extinction dans l’un des derniers sites français où elle parvient encore à se reproduire ! La bécassine des marais est menacée par la perte de ses habitats et par la diminution de leur qualité ; assèchement, fermeture des milieux, pollution, changement climatique... La chasse constitue également un facteur influençant la dynamique de population. Le bassin du Drugeon est l’une des plus grandes zones humides d’altitude françaises avec plus de 2 000 hectares de tourbières, lac, marais, ruisseaux, forêts de qualité écologique exceptionnelle. Il accueille aujourd’hui près de la moitié des effectifs nicheurs français de bécassine de marais, espèce en danger critique d’extinction. Une publication de 20231 a démontré que les réserves de chasse du Drugeon étaient largement inefficaces pour une bonne conservation des bécassines.
Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO France :
"Arrêter de chasser la bécassine dans le Drugeon est une évidence. Il est irresponsable de maintenir une pression cynégétique sur une population aussi fragile, surtout dans l’un des derniers sites français où elle parvient encore à se reproduire. Quand une espèce est au bord de l’effondrement, chaque coup de fusil compte. "