Cimetière de Loyasse

Mobilisation citoyenne

Cimetière de Loyasse – Crédit : Ville de Lyon

Niché sur la colline de Fourvière, l’un des plus vieux cimetières de France vient de rejoindre le réseau des Refuges LPO.

Ouvert en 1807, trois ans après celui du Père Lachaise à Paris, le cimetière de Loyasse à Lyon est le premier cimetière de type traditionnel à obtenir le label Refuge LPO [1].

Une démarche engagée depuis plus de 10 ans

A partir des années 60, l’utilisation de produits chimiques s’est développée de manière exponentielle, avec les résultats que l’on observe maintenant : augmentation du nombre de maladies de type Parkinson, perturbations hormonales, déclin massif de la biodiversité, impact sur l’agriculture… Avec ces constatations, les mentalités changent et prennent conscience pendant que les politiques tentent de faire évoluer les pratiques du quotidien. Mais la ville de Lyon n’a pas attendu le durcissement de la loi pour bannir l’usage des pesticides : depuis 2008, elle en a proscrit l’utilisation dans ses parcs et même élargie aux cimetières, pourtant non concernés par la Loi Labbé !

Le retour de la biodiversité

Avec cette mesure, les inventaires menés par la LPO Rhône ont révélé une riche biodiversité dans le cimetière. Une soixantaine d’espèces de vertébrés ont été observées dont 31 espèces d’oiseaux comme par exemple le Roitelet triple bandeau, la Caille des blés, le Faucon crécerelle ou la Chouette hulotte. On constate également la présence de vers luisants (lampyres), d’une colonie de Martinet noir et même des hérissons, écureuils, lérots et fouines ! Ainsi, ce diagnostic va aboutir à des préconisations de gestion et de nombreux aménagements sont prévus pour augmenter les possibilités d’accueil de la biodiversité comme par exemple l’aménagement d’une mare ou encore la plantation d’arbres (cerisiers, frênes, sorbiers), de haies (en favorisant la diversité d’essences indigènes), la mise en place d’une gestion différenciée des prairies, l’installation de gîtes à insectes et à mammifères ainsi que des nichoirs pour différentes espèces d’oiseaux.

La sensibilisation du public pour un effet « boule de neige »

Compte tenu du fort enjeu culturel et traditionnel lié à cet espace, il est avant tout nécessaire de faire preuve de pédagogie auprès des usagers du site (animations, ateliers, panneaux d’informations sur la gestion en cours…), à qui on a anciennement répété que l’herbe était synonyme d’abandon ou de saleté. Mais ces espaces enherbés hébergent plusieurs maillons essentiels de la chaîne alimentaire : les insectes, qui viendront polliniser les massifs et les jardins alentours, les hérissons qui se régaleront des limaces et les mésanges qui mangeront les chenilles processionnaires ! L’idée est de rappeler et d’insister sur les services que la nature nous rend gratuitement.
Cette première expérience de gestion écologique favorable à la biodiversité est une démarche qui a de très grandes chances d’être déclinée sur de nombreux autres espaces publiques et chez les particuliers (jardins privés), qui pourront bénéficier de la solide expérience de la ville de Lyon, accompagnée et conseillée par la LPO Rhône.

 

[1] En 2012, le cimetière de la Peronnière à La Roche Sur Yon en Vendée est devenu Refuge LPO mais il s’agit d’un cimetière paysager, où l’occupation végétale est plus importante que l’occupation minérale (type jardin à l’anglaise)

Année de réalisation : 2012