Faciliter le déplacement des amphibiens

Faciliter le déplacement des amphibiens

Les amphibiens sont des animaux particulièrement vulnérables en raison de leur mode de vie. Ces animaux à sang froid dépendent des petits plans d’eau douce que sont les mares. Or ces zones humides disparaissent de nos régions, remblayées, polluées ou asséchées par l’Homme. Selon la liste rouge de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) publiée en 2019, 40 % des 8 100 espèces d’amphibiens répertoriées sur terre sont en voie d’extinction.

En France hexagonale, il existe 45 espèces d’amphibiens réparties en deux ordres, les Anoures (comprenant les crapauds, grenouilles, rainettes) et les Urodèles (tritons et salamandres). Toutes les espèces d’amphibiens sont protégées par la loi en France, y compris le crapaud commun.

Crapaud commun (Bufo bufo) © Pixabay

Pourquoi les amphibiens se déplacent-ils ?

Les amphibiens se caractérisent par une phase de vie aquatique puis une phase de vie terrestre. Ils débutent généralement leur vie sous la forme d’une larve aquatique, qui se métamorphose plus tard en adulte.

Les adultes se déplacent au niveau du sol, soit en rampant, en marchant ou en sautant. Les crapauds, les grenouilles, tritons et salamandres entreprennent des déplacements plus ou moins longs et saisonniers entre l’aire d’hivernage et de reproduction. Il s’agit d’une migration. En février et mars, les différentes espèces quittent leurs quartiers d’hiver forestiers pour gagner les points d’eau (mares) où ils se reproduiront. Les œufs ou, comme chez la salamandre tachetée des larves, sont pondus dans l’eau. La migration des adultes a lieu généralement la nuit, par temps doux et pluvieux.

La salamandre tachetée (Salamandra salamandra) traverse souvent les routes par temps humide © Gilles Bentz

Les dangers de la migration

Au cours de leurs déplacements saisonniers, les amphibiens rencontrent des obstacles. Comme ce ne sont pas des animaux grimpeurs, ils ne peuvent pas franchir les murs. Les jardins très cloisonnés ou enclavés sont difficilement accessibles pour eux. D’autres obstacles constituent par ailleurs des pièges mortels : il s’agit des routes, des autoroutes ou des voies ferrées, infrastructures sur lesquelles les animaux se font écrasés.

Certains points d’eau « artificiels » constituent également des pièges mortels. Ce sont les bassins d’ornement de jardin, les piscines ou les citernes à ciel ouvert. Les parois verticales et glissantes de ces points d’eau empêchent les amphibiens de ressortir une fois qu’ils y ont plongé.

Crapaud commun (Bufo bufo) et chapelet d'oeufs © Pixabay

Des solutions pour faciliter le déplacement des amphibiens

La LPO et de nombreuses associations de protection de la nature agissent chaque année pour sauver des milliers d’amphibiens. A la fin de l’hiver, en février et mars, des centaines de bénévoles recueillent les animaux dans des seaux, au bord des routes, pour les relâcher sans aucun danger de l’autre côté.

Les crapauds, grenouilles, tritons et salamandres longent des bâches ou des filets bordant les tronçons de routes puis tombent (sans se faire mal) dans des seaux. Il suffit de relever les seaux tous les matins afin de relâcher les animaux récupérés du bon côté de la route et en toute sécurité. Les amphibiens continuent ensuite leur migration vers le plan d’eau.

Des petits tunnels sont parfois aménagés aux endroits stratégiques où transitent les animaux, ils sont appelés « crapauducs » ou « batrachoducs ». Il s’agit de petits conduits insérés sous les routes ou bien d’autres obstacles, permettant le passage des amphibiens.

Des panneaux « Attention ! Passage de crapauds » sont parfois affichés sur les zones sensibles de transit. Ils appellent les automobilistes à rouler doucement lorsqu’ils entrent dans des portions signalées comme "zone de traversée".

Panneau signalant le passage de crapauds

 

Problématique des plans d'eau encaissés

Pour les amphibiens qui tomberaient accidentellement dans les bassins, les piscines ou les citernes à ciel ouvert aux parois verticales et glissantes, il est possible d’installer une rampe anti-noyade. Cette rampe sert aux amphibiens, mais aussi au hérisson d’Europe, aux insectes… à sortir du bassin en toute sécurité sans qu’ils n’y restent piégés.

Ces conseils permettent d’agir efficacement pour protéger les amphibiens qui restent malgré tout des espèces très menacées, notamment par la pollution de l’eau et les produits chimiques employés dans le domaine agricole.

dernière mise à jour : 6 février 2024