Chasse à proximité de mon habitation

Conseil Biodiversité

Votre terrain Refuge LPO est officiellement interdit à la chasse, mais vous observez des comportements de chasseurs inappropriés ?

Nous répondons aux 10 questions les plus courantes.

Renard roux (Vulpes vulpes) / Pixabay

Renard roux (Vulpes vulpes) / Pixabay

1-Les chasseurs doivent-ils respecter une distance de tir près des habitations ?

Les chasseurs ont l’obligation de ne pas tirer en direction des habitations, routes, stades, voies SNCF, chemins, à portée de fusil, pour des raisons de sécurité publique. C’est donc la direction dans laquelle tire le chasseur qui importe, et non la distance depuis laquelle il tire. Par exemple, si le chasseur est dos à une habitation, une route, une voie SNCF, etc., il peut chasser sur le terrain proche de ces équipements. Un chasseur a donc le droit de tirer en direction de votre Refuge LPO s’il ne comporte pas de bâtiment.

Lorsque qu’une ACCA (Association Communale de Chasse Agréée) ou une AICA (Association Intercommunale de Chasse Agréée) est présente dans votre commune, les actes de chasse sont interdits dans un rayon de 150 mètres autour des habitations.

2-Des chasseurs passent sur mon terrain alors que celui-ci est interdit à la chasse ? Est-ce légal ?

Bien que votre terrain soit un Refuge LPO et soit légalement interdit de chasse, il peut néanmoins être soumis au passage des chasseurs dans les cas particuliers suivants :

  1. dans le cas d’une battue administrative ;
  2.  dans le cas de poursuite d’un gibier blessé ;
  3. pour le passage des chiens courants sauf si le chasseur a poussé les chiens à le faire.

3-J’ai interdit la chasse sur mon Refuge LPO, mais je viens d’être informé qu’une battue administrative va s’effectuer sur mon terrain. Est-ce obligatoire ?

Des battues administratives (municipales ou préfectorales) peuvent être organisées sur un terrain en Refuge LPO même si la chasse y est interdite. Ces battues interviennent ponctuellement dans un but « d’intérêt général » : il s’agit de limiter les populations de certains gibiers comme le sanglier, le chevreuil ou le lapin de garenne qui présentent des caractères invasifs et peuvent localement modifier le milieu (retournement de la terre, piétinement exagéré, dégradation des végétaux...). Vous êtes alors contraint d’accepter ces battues, au même titre que les propriétaires de terrains où la chasse est autorisée.

Les battues administratives sont déclarées en mairie par affichage. Assurez-vous qu’il s’agit bien d’une autorisation du maire ou du préfet.

4-Un chasseur souhaite récupérer un animal blessé qui est venu se mettre à l’abri sur mon Refuge. Que puis-je faire ?

Lorsqu’un chasseur blesse mortellement un animal, il peut le récupérer sur tout territoire (un Refuge LPO par exemple), car il en est devenu le propriétaire par l’acte de chasse. Il s’agit du « droit de suite » pour un chasseur, qui n’est pas considéré comme un acte de chasse. Toutefois, pour récupérer l’animal, il doit solliciter l’autorisation du propriétaire du Refuge LPO. Dans ce cas, c’est avec votre autorisation seulement que le chasseur pourra venir sur votre terrain.

Geai des chênes (Garrulus glandarius)

Geai des chênes (Garrulus glandarius) © Pixabay

5-Est-il possible de chasser lorsqu’il neige ?

La chasse en temps de neige est par principe interdite (article R 424-2 du code de l’environnement : « la chasse en temps de neige est interdite »), sauf dérogation prévue expressément par le préfet permettant :

  • la chasse au gibier d’eau,
  • l’application du plan de chasse légal,
  • la chasse à courre et la vénerie sous terre,
  •  la chasse du sanglier, du lapin de Garenne, du renard roux et du pigeon ramier,
  • la chasse d’animaux dont la liste est établie pour chaque département par le ministre chargé de la chasse. Rappelons bien qu’en l’absence de telles dérogations, toute chasse est prohibée. La dérogation ne peut valoir que pour le gibier, pour les oiseaux de passage et le gibier d’eau et le pigeon ramier, mais en aucun cas sédentaire.

6-Des braconniers ont pénétré sur mon Refuge (interdit à la chasse) et tué une espèce protégée : que dois-je faire ?

Il convient de signaler les faits à l’OFB (de préférence à la gendarmerie) qui constituent des infractions de destruction d’espèce protégée (délit) et chasse sur le terrain d’autrui (C5). Précisez que vous allez transmettre ces informations à la LPO pour qu’elle porte plainte et portez plainte pour l’infraction de chasse sur votre terrain idéalement auprès de l’OFB sinon en gendarmerie.

Communiquez leur toute information utile (lieu, récurrence des faits, d’autres plaintes déposées, informations sur l’identité de l’infracteur, plaque d’immatriculation ...) et mentionnez dans votre plainte que vous allez adresser une copie à votre maire, au président de la fédération départementale des chasseurs, au préfet et aux associations de protection de la nature dont vous êtes membre.

Attention ! Le Refuge LPO n’a pas de valeur juridique, ce n’est donc pas sur ce fondement que vous pourrez porter plainte ! C’est le droit du particulier qui s’applique. Vous êtes en droit d’obtenir, outre le récépissé de votre plainte, la copie de celle-ci au titre de l’article 15-3 du code de procédure pénale. Enfin, il est utile de conserver une copie de la totalité des pièces et d’envoyer à la LPO un exemplaire de votre plainte ainsi que quelques photos des faits afin que la LPO puisse envisager de porter plainte à vos côtés notamment s’il y a destruction d’espèce protégée.

Articles du Code de l’environnement (CE) qui prévoient et répriment les infractions :

  • Chasse sur terrain d’autrui : délit prévu l’article L 422-1 du CE et réprimé par les articles L 428-1 et R 428-1 du CE (contravention de 5ème classe passible de 1 500 € d’amende mais délit si le terrain est clos : 3 mois d’emprisonnement et 3 750 € d’amende)
  • Chasse en temps prohibé : infraction prévue par l’article R 424-4 CE et réprimée par l’article R 428-7 du CE (contravention de 5ème classe passible de 1 500 € d’amende)
  • Destruction d’un oiseau d’espèce protégée :délit prévu par les articles L 411-1, L 411-2 du CE et l’article 3 de l’arrêté ministériel du 29/10/2009 et réprimé par L 415-3 CE (passible de 150 000 € d’amende et de 3 ans d’emprisonnement).

Il est interdit par la loi de tirer sur les chats domestiques © Pixabay

7-Les chasseurs peuvent-ils tirer sur les chats domestiques ?

Les chasseurs n’ont pas le droit de tirer sur les chats domestiques en divagation ni de les tuer (contravention de 5e classe punie de 1 500 € d’amende), mais doivent, soit les capturer pour les conduire à la fourrière, soit les signaler aux gardes champêtres pour leur capture. Le chat domestique ne relève pas de la législation chasse, mais des règles relatives à la divagation des animaux domestiques, à la charge des maires dans leur commune. Enfin le chat sauvage Felis silvestris est protégé et le fait de tuer cette espèce sauvage de mammifère constitue un délit passible d’une amende de 150 000 € d’amende et 3 ans de prison (L 415-3 du Code de l’environnement).

8-Que faire contre des menaces verbales et/ou des intimidations de la part de chasseurs ou de personnes du quartier ?

Il peut arriver que l’affichage du panneau Refuge LPO et l’action de protéger la nature chez soi suscitent des remarques désobligeantes de la part de certaines personnes. Si vous jugez que ces remarques verbales ou menaces portent directement atteinte à votre personne, vous pouvez faire une déclaration de main courante ou déposer une plainte auprès de la gendarmerie. Récupérez auprès des autorités une copie de votre plainte ainsi que le récépissé.

9-Quels sont mes recours en cas de non-respect de l’interdiction de chasser sur mon terrain ?

S’il n’y a pas de risque, essayez dans un premier temps de régler le conflit à l’amiable. Il peut s’agir d’une discussion constructive avec le chasseur en infraction : était-il par exemple bien informé que votre terrain n’était pas chassable ?

Si le dialogue n’est pas possible, vous pouvez faire appel à un médiateur, c’est-à-dire une personne neutre, qui peut résoudre le litige sans avoir recours à la justice. Vous pouvez également signaler le problème au Président de la société de chasse ou de l’ACCA (ou AICA), qui a pour rôle de veiller au respect de la police de la chasse par les membres de son association. Si vous souhaitez exercer une action en justice, commencez par réunir les preuves de l’infraction : votre témoignage, celui de voisins, photos, vidéos, voire cadavres d’animaux tirés sur votre terrain (à conserver au congélateur). Essayez, dans la mesure du possible, d’identifier les auteurs de l’infraction et prévenez un Inspecteur de l’environnement de l’OFB, qui est habilité à constater l’infraction.

Vous pouvez conclure votre démarche en portant plainte pour « chasse sur terrain d’autrui » auprès de la gendarmerie ; apportez si possible les preuves que vous avez réunies. N’oubliez pas de demander une copie de votre plainte, ainsi que son récépissé (Article 15-3 du Code de procédure pénale).

10-En cas de non-respect de la loi, que risque le contrevenant ?

(Articles R.428-1 1° et 2° et L.428-1 du Code de l’environnement)

L’infraction de « chasse sur propriété d’autrui » est une contravention de 5ème classe, passible d’une amende de 1 500 €, voire 3 000 € en cas de récidive, et de 5 ans de retrait du permis de chasser (R 428-1 1°).
L’infraction est également une contravention de 5ème classe si votre terrain a été intégré à une réserve de chasse et de faune sauvage (R 428-1 3°).

Ce peut être un délit, en cas de circonstances aggravantes : L 428-1 prévoit : « Est puni de trois mois d’emprisonnement et d’une amende de 3 750 euros le fait de chasser sur le terrain d’autrui sans son consentement, si ce terrain est attenant à une maison habitée ou servant à l’habitation, et s’il est entouré d’une clôture continue faisant obstacle à toute communication avec les héritages voisins. Si le délit est commis pendant la nuit, la peine d’emprisonnement encourue est de deux ans. »