Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD) : qui sont-elles ?

Actualité

En 2023, la LPO s'attaque aux préjugés qui touchent les espèces mal aimées. Il s'agit plus précisément de mammifères et d'oiseaux classés nuisibles et pouvant donc légalement faire l'objet de destruction. En 2023, la LPO milite pour les sortir de la liste des ESOD : les Espèces susceptibles d'occasionner des dégâts.

Belette d'Europe (Mustela nivalis) / Pixabay

Belette d'Europe (Mustela nivalis) / Pixabay

La plupart des espèces présentées ci-dessous peuvent être des hôtes de votre Refuge LPO. Elles y vivent discrètement, parfois tout prêt de nos habitations. Ces animaux sont considérés « nuisibles » par arrêté ministériel et peuvent légalement faire l’objet de destruction tout au long de l'année. Ils font pourtant partie de notre faune de proximité, ne sont pas dangereux et leur présence est indispensable à l’équilibre de nos écosystèmes. Pour cette raison, il est plus que jamais nécessaire de les accepter chez vous, que vous soyez en ville ou à la campagne. La LPO s’est donnée pour objectif de les faire sortir de la liste officielle des "espèces susceptibles d’occasionner des dégâts" qui doit être renouvelée par le gouvernement en juin 2023.

Nous vous invitons au cours des prochains mois à suivre les actions de la LPO pour réhabiliter ces animaux « présumés coupables » et à contribuer à leur défense dès aujourd’hui.

En savoir plus sur les ESOD grâce à notre fiche médiation

 

Le renard roux (Vulpes vulpes)

Le renard roux (Vulpes vulpes), mammifère diurne à l’origine est devenu nocturne en raison des perturbations humaines © Pixabay

 

Le Renard roux Vulpes vulpes

Statut : classé ESOD : espèce susceptible d’occasionner des dégâts.

Longueur tête+corps : 58-90 cm

Longueur queue : 32-49 cm

Poids : 5-7 kg

Le renard se reconnaît à sa magnifique fourrure rousse et à la gorge et poitrine blanches. Il est actif de nuit et au crépuscule. Il est présent presque partout : campagne, zones péri-urbaines et villes. C’est un mammifère opportuniste et charognard qui se nourrit de baies, de fruits, d'insectes, de vers, de petits oiseaux, de petits mammifères et de restes de nourriture humaine. Dans la nature, il s’attaque aux animaux les plus faibles ou malades et ne met pas en danger leurs populations. Il peut consommer plus de 6 000 petits rongeurs (campagnols, mulots) par an. Il est à ce titre un auxiliaire des cultures indispensables en évitant l’emploi de produits toxiques dans l’environnement. Le renard est également accusé de véhiculer l’échinococcose alvéolaire, alors que des études montrent que leur élimination est inutile pour stopper cette maladie transmissible à l’homme. Les populations de renards sont désignées comme un « danger démographique » alors que dans la nature, les populations s’autorégulent en fonction des proies disponibles, sans intervention humaine. Le renard roux n’est pas un animal dangereux ni « nuisible ».

En savoir plus sur le Renard roux

Martre des pins (Martes martes) / Pixabay

Martre des pins (Martes martes) / Pixabay

La Martre des pins Martes martes

Statut : classée ESOD : espèce susceptible d’occasionner des dégâts.

Longueur tête+corps : mâle 43 à 48 cm / femelle 40 à 44 cm.

Longueur queue : 17-28 cm

Poids : 1,4-1,8 (mâle), 1,2 kg (femelle)

La martre est un mustélidé qui se rencontre dans les forêts et les bois et ne vient quasiment jamais près des habitations (contrairement à sa cousine la fouine). Sa bavette est jaune-orangée ce qui la distingue de la fouine. Elle se nourrit essentiellement de petits mammifères (écureuils, campagnols) grâce à sa très grande agilité, d’oiseaux et de petits fruits. Comme les autres mustélidés, la martre est classée ESOD en raison de sa prédation possible sur les élevages de volailles notamment de poules. Il s’agit pourtant d’une espèce forestière qui ne fréquente pas ou peu les espaces ouverts contrairement à la fouine. En ne prélevant que des proies affaiblies ou malades, elle maintient la « bonne santé » des écosystèmes et ne met pas en danger les populations sauvages d’animaux.

En savoir plus sur la Martre des pins

Fouine (Martes foina) © Centre de soins LPO Alsace

Fouine (Martes foina) © Centre de soins LPO Alsace

La Fouine Martes foina

Statut : classée ESOD : espèce susceptible d’occasionner des dégâts.

Longueur tête+corps : 40-54 cm

Longueur queue : 20-30 cm

Poids : 1,1 à 2,3 kg

La fouine ressemble à la martre des pins. Elle se différencie par sa bavette de couleur blanche, descendant sur les pattes, un pelage brun grisâtre et des oreilles courtes qui paraissent plaquées sur la tête. Elle vit dans les villes et les villages où elle aime disposer de plusieurs gîtes : arbre creux, tas de bois, de pierres grange, grenier… Opportuniste, elle se nourrit aussi bien de petits rongeurs (mulots, souris), de petits oiseaux, que de fruits, de végétaux en décomposition ou d’insectes. La fouine entreprend une seule portée par an en mars-avril, de 3 à 4 petits. Elle est essentiellement accusée d’attaquer les poules dans les poulaillers qui ne sont pas suffisamment bien fermés. Des solutions existent pourtant comme d’enterrer le grillage du poulailler (maille de 25 mm) sur 30 à 40 cm. Le grillage enterré dans le sol empêche la fouine de s’introduire dans le poulailler, mais aussi le renard roux ou d’autres carnivores. Le poulailler doit être également couvert d’un grillage faisant office de toiture pour une protection optimale.

En savoir plus sur la Fouine

Belette d'Europe (Mustela nivalis) / Pixabay

Belette d'Europe (Mustela nivalis) / Pixabay

La Belette d'Europe Mustela nivalis

Statut : classée ESOD : espèce susceptible d’occasionner des dégâts

Longueur : 18 – 24 cm (Mâle), 16 – 19 cm (Femelle)

Poids : 75-140 g (mâle), 45-70 g (femelle)

La belette est le plus petit mustélidé d’Europe. Sa petite taille la distingue de l'hermine. La belette se nourrit principalement de petits rongeurs (campagnols, mulots) : sa petite taille lui permet de se faufiler dans les terriers des petits mammifères. Elle est présente dans les milieux partiellement boisés et cultivés. La belette est menacée par les activités humaines, la disparition de son habitat, le manque de nourriture, l'empoisonnement (notamment par les pesticides qui ciblent les proies qu'elle ingère), et par la présence des chats, qui en sont des prédateurs potentiels. La belette n’occasionne pas de « dégâts » dans la nature.

En savoir plus sur la belette d'Europe

Corbeau freux (Corvus frugilegus) / i Stock photos

Corbeau freux (Corvus frugilegus) / i Stock photos

Le Corbeau freux Corvus frugilegus

Statut : classé ESOD : espèce susceptible d’occasionner des dégâts.

Longueur : 41-49 cm.

Poids : 460 – 520 g

C'est un Corvidé noir, qui se distingue de la corneille noire par son bec gris et sa face dénudée. Posé, le corbeau freux semble avoir des « culottes » sur les pattes. Le corbeau freux est une espèce qui nidifie en colonie dans les arbres. Il est omnivore, prélevant aussi bien des invertébrés (vers, insectes) que des graines et jeunes pousses. Il se nourrit des semis dans les champs, bénéficiant des pratiques agricoles intensives. L’espèce fait l’objet de tirs en période de chasse et de piégeage (cage-piège à corvidés). Le corbeau freux fait donc l’objet de destruction alors même que des solutions alternatives ne sont que peu ou pas mises en place. La destruction à l’aveugle du corbeau freux est inefficace en termes de protection des cultures. L’adaptation des  pratiques d’effarouchement, la pose locale de filets ou le choix d’une agriculture alternative est bien plus efficace.

En savoir plus sur le Corbeau freux

Geai des chênes (Garrulus glandarius)

Geai des chênes (Garrulus glandarius) © Pixabay

Le Geai des chênes Garrulus glandarius

Statut : classé ESOD : espèce indigène susceptible d’occasionner des dégâts.

Longueur : 32-35 cm.

Poids : 140 à 190 g.

Corvidé beige avec plumes bleues colorées sur les ailes. Le geai des chênes est avant tout un oiseau forestier qui vit dans les boisements, les parcs et les grands jardins. Il est omnivore et se nourrit aussi bien de graines (faînes, graines de conifères) que de petits invertébrés (larves, vers), de petits lézards voire d’oisillons ou d’œufs des nichées comme beaucoup d’autres corvidés. Dans la nature, le geai des chênes ne met pas en danger les autres espèces. Il participe également à la dispersion des graines et au reboisement en disséminant les glands du chêne dans des cachettes : les glands représentent 50% de son alimentation. Il est accusé de détruire les cultures et de porter atteinte aux passereaux. Cette espèce doit être protégée puisqu’elle est plus que jamais indispensable dans l’écosystème forestier.

En savoir plus sur le Geai des chênes

 

Corneille noire (Corvus corone) © Fabrice Cahez

Corneille noire (Corvus corone) © Fabrice Cahez

La Corneille noire Corvus corone

Statut : classée ESOD : espèce indigène susceptible d'occasionner des dégâts.

Longueur : 44-51 cm

Poids : 400 à 600 g.

Corvidé entièrement noir, y compris le bec et les pattes. La Corneille noire ne passe pas inaperçue car elle est très vocale. Son cri est un "aaaarrh" ou encore "raaaah" puissant. Elle construit un nid assez haut dans un arbre. La corneille noire est omnivore et son régime alimentaire comprend aussi des charognes. Elle est un auxiliaire important de l'agriculture, en se nourrissant de limaces, d'insectes, de petits mammifères ou d'animaux morts. Elle est, comme la pie bavarde, un excellent équarisseur des cadavres d'animaux issus des collisions routières (Hérisson d'Europe, Blaireau européen, Ragondin...).

En savoir plus sur la Corneille noire

 

Pie bavarde (Pica pica) © Pierre Tondeur

Pie bavarde (Pica pica) © Pierre Tondeur

La Pie bavarde Pica pica

Statut : classée ESOD : espèce indigène susceptible d'occasionner des dégâts.

Longueur : 40-51 cm

Poids : 180-275 g.

Corvidé noir et blanc avec une très longue queue. La Pie bavarde habite la campagne cultivée, les champs, les prairies, les parcs et les zones peri-urbaines. Son nid volumineux est placé haut dans un arbre et est surmonté d'un toit de branches. Le cri de la pie est un jacassement, "Tchak tchak". Elle est omnivore comme la plupart des corvidés. Elle est accusée de produire des dégâts sur les cultures, les vergers et les vignes en consommant les fruits. Elle se nourrit aussi très souvent des cadavres d'animaux sur le bord des routes, jouant ainsi le rôle d'équarisseur naturel.

En savoir plus sur la Pie bavarde

 

Etourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris) et neige © Joël Huet

Etourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris) et neige © Joël Huet

Etourneau sansonnet Sturnus vulgaris

Statut : classé ESOD : espèce indigène susceptible d'occasionner des dégâts.

Longueur : 21 cm

Poids : 75-90 g.

Oiseau de la famille des Sturnidés, l'étourneau sansonnet vit essentiellement en troupes. Il forme parfois des dortoirs en ville où les températures sont plus "douces" en hiver. Son plumage est noir avec des reflets verts au printemps et son bec jaune. Il porte des taches blanches plus nombreuses et un bec noir en hiver. L'Etourneau sansonnet est surtout insectivore et frugivore et joue un rôle important dans la dissémination des graines. Il est malheureusement accusé de nuisances sonores en ville, de dégradations dues aux fientes et de dommages sur les cultures et vergers.

En savoir plus sur l'Etourneau sansonnet

En à peine un demi-siècle, près de 70% de la faune sauvage a été exterminée sur la planète (WWF, 2022), essentiellement en raison de la disparition et la dégradation des habitats naturels causées par les activités humaines. Dans un tel contexte d'effondrement de la biodiversité, est-il encore aujourd'hui acceptable d'éliminer des animaux sous l'unique prétexte, parfois fallacieux, qu'ils nuisent aux rendements agricoles, à notre seul confort, voire à nos loisirs ?

 

Retrouvez toutes les informations et actions de la campagne de plaidoyer de la LPO sur la page dédiée : Présumés coupables