A la découverte du Refuge LPO de Gwenaël Le Corre

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Le jardin que nous vous faisons découvrir se situe entre Vannes et Lorient. Son propriétaire, Gwenaël, est passionné par la nature et les oiseaux depuis l'adolescence. Ce terrain est désormais inscrit comme Refuge LPO.

LPO | Bonjour Gwenaël, vous venez de créer votre Refuge LPO dans le Morbihan : comment est venue cette idée ?

Gwenaël LE CORRE : Je ne me souviens plus comment j’ai entendu parler des Refuges LPO la première fois mais mon neveu, grand passionné d’ornithologie, et mon grand frère m’ont vivement incité à faire du jardin de la maison de famille un espace de nature sauvage. Je suis intéressé par l’ornithologie depuis de nombreuses années. Adolescent, je me souviens d’avoir passé une journée entière à observer une sittelle torchepot apporter du torchis pour façonner un trou d’arbre à sa taille. Elle construisait son nid méthodiquement, j’étais fasciné. Ce fut une révélation qui m’a conduit par la suite à passer un BAFA « Protection de la Nature ».  

 

LPO | Comment avez-vous connu la LPO et plus largement comment est venue votre passion pour la nature ?

Gwenaël LE CORRE | Je connais la LPO depuis très longtemps à tel point que j’ai le sentiment de connaître la LPO depuis toujours ! Mon lien avec la nature vient en partie de mes parents. Nous étions souvent dehors lors des vacances. Mais c’est surtout mes cinq années aux Éclaireuses-Éclaireurs de France, un mouvement de scoutisme mixte, laïque et sans uniforme qui ont ancré un lien fort avec la nature. Le plaisir d’être dehors, vivre dans la forêt, voir les plaines, être près de l’eau ou parcourir les montagnes ont développé en moi une immense reconnaissance envers la Nature. J’ai senti le bien-être qu’elle apporte. J’ai fait beaucoup de camping sauvage dans ma vie pour être au plus proche de la faune et de la flore en m’immergeant dans la nature. La moto et le vélo sont depuis toujours mes moyens de locomotions privilégiés car on évolue dans le paysage, dans les éléments naturels.

Cabanon avec le panneau Refuge LPO © Gwenaël Le Corre

Cabanon avec le panneau Refuge LPO © Gwenaël Le Corre

LPO | Quel était le projet au début de ce Refuge LPO situé en Bretagne ?

Gwenaël LE CORRE | J’ai créé mon Refuge LPO tout récemment en 2021 ! J’agis beaucoup pour la protection des oiseaux depuis mon tout jeune âge et c’était donc une évidence pour moi. La variété des espaces, la situation du jardin ont fini de me motiver à formaliser le Refuge LPO. Je suis également en contact avec la LPO Bretagne antenne du Morbihan depuis.

 

LPO | Pouvez-vous nous décrire en quelques mots ce terrain naturel et/ou dans quel contexte s’inscrit la préservation de cet espace ?

Gwenaël LE CORRE | Mon Refuge LPO se situe dans notre maison de famille à Locoal-Mendon entre Vannes et Lorient. Les premiers voisins sont à 400 mètres. Il s’agit d’une maison que mes parents ont fait construire en 1985 sur une bande de 500 m2. Ils ont dès le début montré une grande passion pour conserver un jardin varié et sauvage. Arbres, buissons, fleurs sauvages tout au long de l’année ; la faune se l’est également bien approprié et en profite largement. Il y a une dizaine d’années, on a eu l’opportunité d’acquérir le pré voisin. Il s’agit de 500 m2 dont l’agriculteur d’à côté tire trois ballots de foin chaque année. Le terrain présente une grande variété de biotopes. Au nord, une haie arborée borde le jardin boisé du voisin. À l’Ouest, se trouve une petite chênaie aérée. Au sud, un petit bois dense. Enfin, Est-Sud-Est, le marais maritime avec une mer intérieure. Deux fois par jours agissent les balancements des marées. C’est un immense espace de sable et de vasières entouré d’une végétation basse halophile qui se découvre et fait le bonheur des limicoles et des palmipèdes comme les tadornes de Belon, les spatules blanches et diverses espèces de bécasseaux.

Le bois de petits chênes © Gwenaël Le Corre

Le bois de petits chênes © Gwenaël Le Corre

LPO | Concernant ce terrain, quelle est la principale action de protection ? Et comment avez-vous réussi à préserver les petits biotopes ?

Gwenaël LE CORRE | La gestion du jardin ne laisse pas de place aux intrants chimiques. Nous respectons la charte des Refuges à la lettre !  La variété est une lutte naturelle aux maladies. Bien sûr, ce jardin foisonnant offre beaucoup d’espaces sauvages. Quelques espaces de pelouses sont laissés non tondus en forme d’îlots. Les fruits ne sont pas tous ramassés. Le stockage extérieur se fait toujours sur palettes pour créer des espaces de protections et des niches pour les rongeurs, les hérissons, les mustélidés (fouines, belettes), salamandres, etc. Le terrain n’est pas clôturé, facilitant la circulation des cervidés et du renard roux.

 

LPO | Quels sont les principaux aménagements bénéfiques à la faune et la flore sauvages dans ce jardin ?

Gwenaël LE CORRE | Mon aménagement préféré est la baignoire pour les oiseaux. Quel plaisir de les voir s’ébrouer. Du minuscule troglodyte mignon au gros pigeon ramier, des oiseaux de toutes tailles sont représentés ! Les distributeurs faits maison de mon ancienne basse-cour ont été dépoussiérés pour compléter le distributeur de graines, une mangeoire trémie conforme au modèle décrit dans le célèbre journal de la Hulotte. J’ai posé le nichoir du kit Refuge reçu lors de l’inscription. Mon neveu a même recyclé une boîte en nichoir semi-ouvert. Les chauves-souris bénéficient de nombreux emplacements avec deux gîtes récents. Une colonie d’une centaine de pipistrelles occupe désormais le bardage de l’étage de la maison. C’est impressionnant !

Gîte à pipistrelles, des petites chauves-souris © Gwenaël Le Corre

Gîte à pipistrelles, des petites chauves-souris © Gwenaël Le Corre

LPO | Avez-vous remarqué si les arbres fruitiers, à baies, attiraient davantage les oiseaux et la faune sauvage globalement ?

Gwenaël LE CORRE | Les oiseaux comme les merles noirs sont en tête sur les fruitiers, mais aussi les frelons européens qui profitent pleinement des pommes et des prunes non ramassées. Les différents noisetiers sont peu récoltés. De l’avoine, issue d’une association locale de préservation de semences, a été plantée à différents endroits du jardin.

 

LPO | Avez-vous d’autres aménagements bénéfiques pour la faune et la flore ?

Gwenaël LE CORRE | La baignoire aux oiseaux possède des cailloux et un bout de tasseau pour que des insectes viennent boire en toute sécurité et pour les sauver de la noyade. Des petites coupelles remplies d’eau et de petits cailloux ou des petits bouts de verres polis (donc pas dangereux pour la faune) glanés sur la plage sont disposés autour des plantes en pot pour abreuver les insectes. La piscine et la mangeoire sont directement visibles du salon : c’est un choix judicieux pour l’observation des oiseaux. Un des distributeurs est placé à un mètre d’une fenêtre. Cachés derrière le reflet des vitres, nous sommes aux premières loges pour observer ! C’est idéal pour éveiller les amis de passage à l’observation des oiseaux et à la diversité des espèces. Beaucoup de gens ne connaissent pas assez les beautés de la nature.

Feuillage d'automne dans le Refuge © Gwenaël Le Corre

Feuillage d'automne dans le Refuge © Gwenaël Le Corre

LPO | Pourriez-vous partager une anecdote liée à ce terrain ?

Gwenaël LE CORRE | J’ai un conseil né d’une anecdote. Mettre les distributeurs de graines à plus de quatre mètres du garage ! J’avais installé un des distributeurs à un mètre de l’entrée du garage attenant à la maison. Les mésanges charbonnières ayant coutume d’éparpiller quatre graines de tournesol pour une emportée, le sol était recouvert de graines. J’ai déplacé ce distributeur après avoir constaté en me chaussant que les rongeurs récoltaient les graines au sol non glanées par les pinsons, et venaient les cacher dans mes chaussures montantes. La nature est pleine de surprise

 

LPO | Que diriez-vous pour conclure ?

 Gwenaël LE CORRE | Toujours considérer que le moindre petit espace de nature mérite notre protection. Chaque mètre carré de nature est un espace de vie essentiel pour la faune et la flore sauvages. Il faut s’en émerveiller et  protéger autant que possible la nature. Chez nous, le lieu est préservé, calme et naturel depuis longtemps. Notre Refuge LPO a réellement pour but de pérenniser tout ce que nous avons toujours voulu protéger. C’est tout le sens de notre engagement auprès de la LPO. Nous incitons d’ailleurs aujourd’hui nos amis à créer, à leur tour, un Refuge LPO. C’est un bien fait à la nature.

Interview : Nicolas Macaire LPO - publiée dans l'OISEAU magazine n°146 (janvier-février-mars 2022)