Plusieurs empoisonnements de grands rapaces : le(s) coupable(s) courre(nt) toujours

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L’usage illégal de produits phytosanitaires, pourtant interdits depuis dix ans, continue de semer la mort sur la faune sauvage. Plusieurs cas d’empoisonnements de grands rapaces dans le département de l’Aveyron depuis quelques mois ne sont toujours pas résolus à ce jour, et ce malgré les moyens déployés.

La LPO dénonce la récurrence de ces épisodes d’empoisonnement et demande à ce que tous les moyens soient mis en œuvre pour retrouver le ou les coupables qui semblent agir à dessein.

cadavre de Vautour moine

© LPO

2018, année noire pour les grands rapaces : le nombre d’oiseaux empoisonnés, notamment dans les Grands Causses, ne cesse d’augmenter. Depuis janvier on constate la mort d'un Vautour Moine, un Vautour Fauve et un Gypaète barbu baptisé Durzon. Réintroduit en 2017 en Aveyron, ce gypaète a été retrouvé sans vie sur la commune de Millau, intoxiqué avec un insecticide de la famille des carbamates (interdit et autrefois utilisé en agriculture) lors d’un repas qu’il venait tout juste de consommer. Ce triste constat s’ajoute à d’autres individus recensés durant ces dernières années : un Vautour Percnoptère en 2007, un Milan Royal en 2011, un Aigle Royal en 2012, un Vautour Fauve et un Vautour Moine en 2013.

Arme silencieuse, le poison laisse des traces au-delà de sa cible principale : d’autres rapaces dont certaines autres espèces de vautours, d’autres oiseaux mais aussi des mammifères sauvages ou domestiques peuvent être touchés, sans oublier la contamination du sol ou de la ressource en eau. Longtemps utilisé en agriculture ou pour lutter radicalement contre les espèces dites « indésirables » (renards, chats ou chiens du voisin), cet insecticide/nématicide a volontairement été déposé dans la nature pour tuer, sous forme d’appâts imprégnés de produit ou de proies empoisonnées. Il figure parmi les pesticides les plus toxiques pour l’Homme (classé « très dangereux » par l’Organisation Mondiale de la Santé). Son usage est interdit en France depuis 2008 (World Health Organization, 2010). Sa vente continue néanmoins de prospérer sur les sites internet, en toute impunité aux côtés d’autres produits pourtant interdits.

Le Gypaète barbu, espèce nécrophage emblématique menacée d’extinction faisant actuellement l’objet d’un programme de réintroduction, est particulièrement touché par les toxiques puisque situé en bout de chaîne alimentaire. La mort de Durzon fait écho à d’autres cas d’utilisation illégale du poison, trop nombreux pour être seulement dus à l’écoulement de stocks anciens d’insecticides.

Le Gypaète barbu, comme toutes les espèces de rapaces, est une espèce protégée. Sa destruction, volontaire ou involontaire est punie jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et jusqu’à 150 000€ d’amende. Tous les efforts, humains et financiers, mis en œuvre pour la protection de cette espèce et la préservation de la biodiversité dans son ensemble, sont mis à mal par l’utilisation inacceptable du poison.

La LPO et ses partenaires s’indignent contre ces comportements qui relèvent du délit. Elle demande à l’État de mettre tous les moyens en œuvre pour rechercher et poursuivre les délinquants, et pour que enfin les produits dangereux et interdits soient retirés des sites de vente en ligne.