Un oiseau singulier
Le Vanneau huppé ne peut être confondu avec aucun autre oiseau.
De la taille d'un pigeon et d'allure robuste, ce petit limicole possède un plumage vert et pourpre aux reflets métalliques et une huppe typique : longue, fine et recourbée.
De dessous, le vanneau est noir et blanc. Les mâles en période de reproduction sont différenciables des femelles grâce à leur longue huppe et à leur gorge et leur face de couleur noire pure.
Les femelles, quant à elles, ont une huppe plus courte et le noir du front est moins étendu que chez les mâles et moucheté de blanc.
En période internuptiale, les vanneaux sont plus clairs, une partie de leur gorge et de leur cou est blanche.
Le dessus du corps possède moins de vert et un motif finement barré couleur chamois apparaît.
Un régime alimentaire varié
Le Vanneau huppé se nourrit de presque toutes les proies qu'il peut voir et capturer.
Doté d'une vision excellente à courte distance, il décèle toutes les proies à proximité.
Les insectes sont sa ressource principale, surtout à l'état larvaire : coléoptères, forficules, orthoptères, diptères, chenilles de papillons, fourmis et bien d'autres.
Les vers constituent également une part importante dans le régime alimentaire du vanneau, surtout sur les terres humides et en période hivernale.
Il peut également de manière occasionnelle picorer des fragments de plantes, de mousses, d'algues et de graines.
Un oiseau très exigeant
Le Vanneau huppé aime les espaces ouverts où la vue est dégagée comme au niveau des plaines, des plateaux et des milieux aux sols nus ou ayant une végétation herbacée rase et clairsemée.
Il apprécie particulièrement les sols humides ou proches de l'eau, mais non salée de préférence. Au mois de septembre, vous pourrez rencontrer des troupes de Vanneaux huppés en rase campagne dans les labours, les prés ras ou fauchés ou encore dans les pâtures où le broutage et le piétinement du bétail entretiennent des conditions favorables pour le vanneau.
Toutefois, la présence du vanneau dépend fortement des aléas climatiques.
Il fuit la sécheresse, le gel et encore plus la neige.
Des contraintes encore plus drastiques pour la reproduction
Les sites de nidification doivent répondre à des critères particuliers du fait des exigences du Vanneau huppé dans son choix d'habitat.
Du fait de l'utilisation de sols nus, la reproduction est très précoce chez le vanneau.
Elle a lieu entre mars et avril. Les vanneaux ne tolèrent pas une végétation dense dépassant 4 à 8 centimètres où ils ont du mal à se déplacer.
Après l'éclosion, la végétation est souvent beaucoup plus haute, les parents vont donc s'empresser de mener leurs poussins vers des lieux plus dégagés.
Les Vanneaux huppés n'hésitent pas à nicher sur des terrains agricoles labourés ou dans des champs fauchés malgré les dangers que cela représente.
Le critère le plus important n'est pas de pouvoir se dissimuler mais de se mouvoir librement et rapidement et donc d'avoir un grand champ de vision d'au moins cinq hectares.
Ainsi, le vanneau peut nicher dans des marais à laîches et à molinie fauchés, dans des tourbières, des landes humides, plus souvent dans des prairies pâturées mais principalement dans les champs cultivés correspondant à leurs exigences.
Une fois que la reproduction est un succès, le couple s'attache fortement à sa région d'accueil.
Le Vanneau huppé se regroupe régulièrement pour former des groupes de 2 à 10 couples.
Une parade acrobatique
Le mâle se prête à des parades nuptiales joyeuses et extravagantes lors de la saison des amours.
Il rase le sol et s'envole presque à la verticale sur dix ou quinze mètres, puis il redescend en piqué en se renversant sur le dos et fond sur le sol en spirale.
Au dernier moment, il se rééquilibre et se lance au ras du sol en faisant des acrobaties et en pivotant sur le côté exhibant, ainsi, simultanément son ventre et son dos.
De telles parades permettent d'attirer une femelle et de marquer le territoire.
Il n'est d'ailleurs pas rare d'observer des combats entre deux mâles à cette période.
Des parades terrestres ont également lieu mais sont plus paisibles et ne concernent que les deux partenaires : le mâle court vers la femelle, en posture horizontale et les ailes écartées il tourne autour d'elle.
Souvent, il se balance en tournant le dos à sa compagne lui montrant ainsi ses sous-caudales rousses.
Puis, il gratte le sol avec ses pattes et sa queue qui s'ouvre en éventail et attrape des brindilles qu'il rejette en arrière.
Cet acte symbolique de construction de nid attire la femelle qui va s'accroupir sur l'emplacement désigné.
La femelle va alors commencer à ramasser des matériaux et gratter le sol comme le mâle.
De la construction de nid à l'émancipation des jeunes
Le nid consiste en une cuvette d'environ 14 centimètres de diamètre et 5 centimètres de profondeur.
Les matériaux ajoutés sont inégaux selon le site de nidification.
En effet, sur des sols nus très peu de matériaux, voire aucun, sont ajoutés.
Sur des terrains humides où la végétation abonde, le nid peut être surélevé en cas de montée des eaux. Quatre œufs y sont pondus et la couvaison dure quatre semaines.
Etant fortement exposés, les nids sont minutieusement protégés des prédateurs par les parents parfois très agressifs.
Une fois éclos, les poussins sont aptes à quitter le nid mais restent à proximité si le milieu est favorable.
Si le milieu n'est plus propice aux exigences du vanneau, les parents peuvent entraîner les poussins sur des terrains plus dégagés.
La distance à parcourir peut être grande, les barrières à franchir parfois dangereuses et mortelles.
I l a été observé des déplacements de plus d'un kilomètre seulement trois jours après éclosion.
Certains mâles s'occupent de l'élevage jusqu'à l'émancipation des jeunes alors que d'autres jouent un simple rôle de sentinelle ou encore abandonnent la femelle seule à la tâche d'éducation de la progéniture.
Des rassemblements très précoces à la migration vers les sites d'hivernage
Les vanneaux commencent à se rassembler alors que la saison de nidification n'est pas encore finie.
Les célibataires et les mâles déserteurs se retrouvent dès la fin avril ou en mai.
Ils se déplacent vers des régions plus humides, propices à la mue ou simplement pour éviter la sécheresse estivale sur les sites de reproduction.
Entre juin et août, les sites de nidification sont presque tous désertés.
La migration automnale succède aux déplacements estivaux, elle débute en septembre et culmine jusqu'en décembre.
Les Vanneaux huppés peuvent être sédentaires, notamment ceux originaires de l'ouest de la France, d'autres se déplacent sur de courtes distances comme les vanneaux des îles Britanniques. D'autres encore migrent sur de très grandes distances pour arriver en Afrique.
Les migrateurs volent principalement le matin et le soir, probablement aussi de nuit.
Puis, dès février, les vanneaux commencent à remonter vers le nord et la migration est à son apogée en mars en même temps que les nicheurs se cantonnent sur leur site de nidification où ils reviennent chaque année pour la majorité.
Une espèce vulnérable pleine de ressource
Par le passé, l'espèce a souffert de la récolte de ses œufs qui étaient considérés comme des mets de choix du XVIIIème siècle jusqu'au XXème siècle.
Aujourd'hui, l'espèce est considérée comme vulnérable en Europe.
Initialement inféodée aux marais et aux prés humides, l'espèce a su s'adapter et tirer profit de l'agriculture en trouvant de nouveaux sites de nidification.
Cependant, l'arrivée de la mécanisation a été préjudiciable à l'espèce avec la destruction des nichées par les engins agricoles.
Les nombreux échecs de nidification ainsi que la forte mortalité des poussins (40 % de mortalité une fois la période critique qui suit l'éclosion et l'envol passée) sont compensés par la longévité du Vanneau huppé qui peut atteindre une vingtaine d'années ainsi que par sa capacité à effectuer plusieurs pontes de remplacement.
La situation en France
En France, les effectifs ont diminué de 21 % sur les dix dernières années.
En effet, le vanneau reste très sensible à l'exploitation non extensive des prairies humides, notamment au surpâturage et au drainage des terres agricoles.
De plus, le Vanneau huppé est encore chassé en France.
Néanmoins, certaines populations nicheuses restent stables du fait de leur reproduction dans des espaces protégés ou ayant une gestion favorable à l'espèce.
Bibliographie
- BURFIELD I. & CALLAGHAN D. (2004). Birds in Europe, Population estimates, trends and conservation status- BirdLife International. 374 p.
- GEROUDET, P. (1982). Limicoles Gangas et Pigeons d'Europe.- Delachaux & Niestlé. 240 p.
- JIGUET F. (2011). 100 oiseaux communs nicheurs de France. Delachaux et niestlé. 224 p.
- JIGUET F. (2015). Les résultats nationaux du programme STOC de 1989 à 2009 : [en ligne]. site consulté le 17/07/2015. http://vigienature.mnhn.fr/
- Svensson L., Mullarney K. et Zetterstrom D. (2012). Le guide ornitho. Le guide le plus complet des oiseaux d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient : 900 espèces. Delachaux et Niestlé. 446 p.