Sittelle torchepot

Conseil Biodiversité

La sittelle torchepot est un passereau de la famille des sittidés. Les sittidés sont des oiseaux chanteurs trapus, petits à moyens avec un bec fin, long et très pointu. Ils sont de très bons grimpeurs sur les arbres grâce à leurs doigts forts. Ils sont alors considérés comme très agiles. On les retrouve souvent à descendre les troncs des arbres ou les branches la tête en bas. La sittelle torchepot Sitta europaea ne déroge pas à cette règle et se balade facilement sur des supports penchés dans tous les sens possibles. On la reconnaît également par sa manière de grimper très caractéristique : elle se déplace délicatement en saut par à-coups pour monter sur le tronc.

Sittelle torchepot (Sitta europaea)

Sittelle torchepot (Sitta europaea) © Antoine Dusart

Etymologie

La sittelle décrite ici est appelée "torchepot" par sa capacité à plâtrer l’entrée de son nid. Nichant dans une cavité d’arbre, elle maçonne l’entrée à l’aide de boulettes de boue. Le « pot » fait référence aux nichoirs à oiseaux qui étaient, avant, sous forme d’un pot en terre cuite.

Description

  • Longueur : 12-14,5 cm
  • Poids : 19-26 g
  • Longévité : 9 ans

La sittelle torchepot a une forme bien à elle : avec une tête assez longue et large et un cou presque absent, son corps semble compact, en fer de lance. Même si elle est d’une longueur similaire à la mésange, on la repère vite par son bec très long, cunéiforme avec une pointe acérée.

Du bec au bout de la queue, la partie supérieure de son plumage est de couleur bleu-gris assez clair. Le plumage en dessous de sa tête, sur le bas des joues et à sa gorge, est quant à lui plutôt blanchâtre. Le reste de la partie inférieure du corps (de sa poitrine à sa queue) est de couleur chamois. Les ailes centrales sont également bleu-gris tandis que les parties externes sont d’un brun-gris. Lorsque l’oiseau ne vole pas, une petite bordure grise au niveau externe de ses ailes est visible. En dessous de sa queue, le plumage est bicolore blanc-chamois. Sur sa tête, figure un long trait sourcilier noir qui s’étend au côté de son cou à son bec en passant par son œil. Les pattes sont généralement brunes/jaunâtres. La femelle est quasiment identique au mâle, elle présente seulement des flancs légèrement plus pâles que le mâle. Le juvénile quant à lui est beaucoup plus terne que l’adulte, son plumage supérieur est teinté de brun avec un trait sourcilier plus terne également.  

Il existe une sous-espèce nordique de sittelle torchepot (Sitta e. europaea). Celle-ci est semblable à notre espèce européenne, mais la partie inférieure du corps qui est chamois chez l’Européenne est de couleur blanchâtre chez cette sous-espèce.

Sittelle torchepot de la sous-espèce nordique à ventre blanc (Sitta  e. europaea) / Pixabay

Sittelle torchepot de la sous-espèce nordique à ventre blanc (Sitta e. europaea) / Pixabay

La sittelle torchepot est très vocale. Il n’est pas rare de l’entendre chanter ou émettre un cri. Cela lui permet notamment de défendre son territoire toute l’année. Son chant consiste en une série répétée et régulière de notes très courtes et identiques comme un « tuuiit ». Son cri habituel correspond lui à une suite de « Tuit » telle que : «  Tuit Tuit Tuit Tuit… ».

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Répartition

La sittelle torchepot est présente dans l’ouest paléarctique : de la façade atlantique européenne jusqu’à la façade pacifique. Elle s’étend de la Russie jusqu’au Maroc. Elle est absente de l’Islande, du nord des Îles Britanniques, du nord de la Suède, Norvège et Finlande. Elle est plutôt présente dans nos latitudes moyennes, mais peut parfois se retrouver un peu au-dessus de celles-ci. En France, elle est présente dans tout le pays et toute l’année.

Sittelle torchepot (Sitta europaea caesia) © Dominique Huyghel

Sittelle torchepot européenne à ventre roux (Sitta e. caesia) © Dominique Huyghe

Habitat

La sittelle torchepot réside principalement dans les forêts de feuillus et les forêts mixtes, elle est notamment très attirée par les arbres matures et bien développés ou même des vieux arbres en décomposition qui contiennent des cavités. Elle préfère également les arbres avec de larges troncs possédant de nombreuses branches bien espacées. De tels arbres vont davantage être retrouvés dans les forêts ouvertes, les bosquets et les haies arborées par exemple.

Peu peureuse de l’homme, on la retrouve aussi dans les grands jardins et parcs. Il est possible cependant que l’activité humaine ait perturbé quelque peu son habitat : elle s’est, en effet, retirée de certaines zones en construction.

Migration

Presque uniquement sédentaire, la sittelle torchepot, notamment l’adulte, réalise très peu de trajet de longue distance. Le jeune en revanche, va se disperser la première année surtout entre la fin de l’été et le début de l’automne, afin de trouver son territoire. Souvent, le territoire du jeune se trouvera à seulement quelques kilomètres de celui des parents.

Quelques cas d’invasions ont tout de même été relevés lors de dispersions de certaines populations de sittelle torchepot. Les invasions correspondent à des déplacements importants (sur de grandes distances) de nombreux individus. Ces cas rapportés restent des cas très rares et isolés.

Reproduction et mode de vie

Que ce soit en période de reproduction ou non, la sittelle torchepot vit en couple. Sa période de reproduction s’étend de mars à juin. Les premiers œufs peuvent parfois éclore fin mars, mais la plupart éclosent entre début avril et fin mai. Les femelles couvent 6 à 8 œufs durant 13 à 18 jours. Puis les jeunes prendront leur envol entre 10 à 17 jours après leur éclosion.

Durant la période de reproduction, ce sont les femelles qui s’attellent à la construction du nid durant 2 à 3 semaines. La sittelle torchepot étant une espèce cavicole, le nid prendra place, le plus souvent, au sein d’une cavité d’un arbre. Elle peut aussi utiliser des nichoirs sur-mesure où elle n’hésitera pas à aplanir les irrégularités des côtés carrés par des copeaux de bois.

L’entrée de la cavité de l’arbre, correspondant à l’entrée du nid, va être plâtrée avec de la boue. Pour cela, la sittelle torchepot utilise de la boue humide, ou bien de l’argile qu’elle martèle autour de l’entrée de la cavité en commençant par le sommet et les bords de l’entrée. Une telle activité de maçonnerie sert surtout à se protéger des prédateurs et des compétiteurs. En effet, les cavités sont recherchées par de nombreuses autres espèces qui y établissent aussi leur nid, c’est le cas de l’étourneau. Le trou d’envol étant ajusté à sa taille grâce au plâtrage, la sittelle s’assure qu’aucun autre oiseau ne pourra y rentrer.

Le trou d'envol du nid de la sittelle est maçonné à l'aide de boue © Fabrice Launay

Le trou d'envol du nid de la sittelle est maçonné à l'aide de boue © Fabrice Launay

Nourriture

La sittelle torchepot est insectivore et granivore. Elle recherche sa nourriture principalement au niveau des arbres que ce soit sur les troncs ou sur les branches. Il peut cependant lui arriver, surtout l’été de se nourrir également sur le sol. Au printemps et en été, elle consomme des criquets, des scarabées, des mouches, des papillons ou encore des fourmis et des araignées… En automne et en hiver, elle devient consommatrice de graines de différents végétaux tels que de pin, d’épicéa, d’érable, de charme ou encore de chêne.

Au printemps et en été, pour se nourrir d’insectes, elle n’hésite pas à aller chercher ses proies dans les crevasses, les fissures ou sur l’écorce. Elle peut même ouvrir des bourgeons pour trouver des larves d’insectes.

En hiver, pour pouvoir manger, la sittelle torchepot va devoir ouvrir les graines. Pour ce faire, elle les coince dans une crevasse ou une fissure puis va venir les écraser, en les martelant avec son bec. Elle peut aussi utiliser cette technique pour certains insectes. L’hiver pouvant être rude, elle va aussi stocker des graines sous des crevasses ou fissures d’écorces, mais aussi dans le sol. Elle les cache minutieusement en les martelant pour les enfoncer puis les recouvre de mousses. En hiver, il lui arrive de fréquenter les mangeoires à la recherche de nourriture.

Tendance de la population

Les populations de sittelle torchepot sont en déclin faible, voire non-significatif. L’espèce reste alors plutôt stable même si elle connaît depuis très récemment une faible augmentation de ses populations au niveau européen.

Statut

  • Espèce intégralement protégée par la loi sur la protection de la nature du 10 juillet 1976 et par arrêté ministériel du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection.
  • Espèce inscrite à la Directive oiseaux 79/409/CEE.

Voir la fiche de l'Observatoire des Oiseaux des Jardins ci-dessous.